"The Hitcher" est un incontestable classique dans la catégorie du thriller, jouant dans le même registre qu'un certain "Duel" de Steven Spielberg. Si l'on ne peut malheureusement comparer ce dernier avec Robert Harmon, celui-ci s'avére redoutable d'efficacité dans cet exercice de style qui restera sa seule empreinte cinématographique à ce jour dans l'esprit des plus érudits cinéphiles. Préférant une mise en scéne simple mais Ô combien oppressante, le réalisateur sacrifie toute idée d'horreur ou d'épouvante au profit d'engrenages scénaristiques subtils et brillantissimes. Constamment sous l'effet suffoquant de cet auto-stoppeur omniprésent inquiétant, on observe chaque recoin de notre écran, tentant de déceler ses apparitions. Rutger Hauer, le blond hollandais volant au regard aussi doux que manipulateur, provoque sans cesse ses victimes en leur infligeant une torture psychologique qui les pousse, un à un, à se livrer dans leurs propres retranchements, cherchant une solution, ou simplement une raison à ces actes, qui infailliblement n'arrive jamais. Prouesse d'interpretation, ce Jack Ryder submergera le pauvre jeune homme qu'il a pris en sympathie, l'assaillant de sueurs froides à chacune de leurs entrevues et le mettant au défi de le déstabiliser. C.Thomas Howell incarne avec lucidité et inteligence ce jeune garçon sans histoire et inoffensif, qui sous l'influence corrosive d'un psychopathe acharné, va se révéler progressivement. Jamais violent à l'extreme, toujours à tirer sur la corde sensible du spectateur et l'impliquer dans cette folle confrontation, on assiste captivés à cet hystérique affrontement cultissime. Entre les stratagémes malicieux de notre fou et le désespoir cuisant de sa proie, on est projeté dans les courses poursuites avec policiers, les arrestations éphéméres et les retournements de situation reflechis. En paralléle, sans en apprendre énormément sur chaque protagoniste, on en sait suffisament pour les tenir en affection jusqu'au bout, même concernant notre auto-stoppeur que l'on s'efforce d'analyser sous toutes les coutures sans parvenir à tirer ne serait-ce qu'une once de conclusion, ou plus généralement de diagnostic mental. Ce road movie vous embarquera dans une histoire décapante, inégalée jusque là, qui ne souffre d'aucune lacune si ce n'est peut être parfois ses "éxagérations" qui paraissent rendre l'évasion d'une facilité infantile. Quoiqu'il en soit, on ne peut qu'adhérer, d'une part pour les frissons qui parcourent chaque échine de votre corps, dans un explicisme déroutant, d'autre part pour sa psychologie éclatante qui vous fera douter du moindre pouce tendu aux détours des routes désertiques.