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stebbins
507 abonnés
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4,0
Publiée le 28 mars 2008
Une main s'infiltrant délicatement dans un sac à main. Un jeune homme au regard suffisant et au coeur fragile. Une poésie de la cleptomanie réalisé par le grand Robert Bresson. La puissance de Pickpocket provient principalement de la bande sonore d'Archimbaud dont on peut vanter les mérites ( le spectateur que je suis s'est trouvé littéralement happé par le brouhaha d'une foule, par l'agitation des rues de Paris ou encore par le ronronnement du métro...). Autre qualité indéniable : le traitement du personnage de Michel, être vulnérable et paradoxalement assez antipathique, aspirant à la liberté d'agir selon ses propres règles. Cette prétention se transforme vite en quelque chose de magique : l'élégance de son jeu, son art de chaparder les portefeuilles et les montres de ses victimes avec un doigté totalement sensuel frise le sublime. Un très grand film, solennel sans être emphatique. Beau, charnel et d'une finesse rarement égalée dans le cinéma français des années 50, Pickpocket touche par son mélange de médiocrité, d'austérité et d'humanité. Bresson : un artiste regretté. Un grand cinéaste.
Singulier et étrange, rapidement ce "Pickpocket" sait éveiller notre curiosité et notre intérêt, d'autant plus que la maitrise technique du film s'avère assez impressionnante. Photo sublime, lumière savante, scènes de vols filmées avec une intelligence et une subtilité qui laisse pantois... C'est donc peu dire que l'ensemble sait nous séduire. Il manque néanmoins à l'oeuvre ce petit supplément supplément, cette inspiration qui aurait permis de rendre le film subjuguant et inoubliable, car il faut tout de même reconnaitre que l'on s'ennuie parfois un peu. De plus, il y a cette gestion incompréhensible des acteurs (particulièrement Martin Lasalle), qui se contentent de réciter par coeur leur texte sans enthousiasme ni envie. Néanmoins, cela apparait presque comme secondaire, car Bresson a su dessiner de fort belle manière des personnages fantomatiques assez captivants et tout en nuances, justement parce que l'on ne sait rien d'eux et que leur motivation et leur psychologie reste secrète. Nous voila donc en face d'un film déroutant parfois mais tellement étonnant et saisissant qu'il n'en demeure pas moins des plus recommandables.
Avec "Pickpocket", Robert Bresson signe un film magistral, tant dans sa mise en scène épurée et précise que dans la psychologie complexe d'un personnage principal absolument fascinante. Avec ce montage redoutable, qui favorise l'économie et la pertinence des plans, le film gagne déjà en densité. Celle-ci est renforcée par l'intérêt porté à Michel (formidable Martin LaSalle), qui s’accroît progressivement et met en lumière sa marginalité sociétale, illustrée par un paradoxe puisque en exerçant son activité de pickpocket, il est au plus près des gens (mais pour leur dérober leur argent). Intensément Dostoïevskien, ce drame puissant et atypique ne comporte que de rares défauts (voix-off parfois trop explicative) et éblouit par sa faculté à associer ambition et sobriété.
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4,0
Publiée le 24 juillet 2019
Ce cèlèbre film de Robert Bresson est devenu soixante ans après sa sortie un classique intemporel du cinèma français! C'est une ètude assez remarquable sur un jeune homme dont l'occupation essentielle est de voler les gens dans la rue, dans le mètro parisien ou à l'hippodrome de Vincennes! Le personnage de Michel, incarnè par Martin LaSalle, est en mouvement perpètuel jusqu'à qu'il soit arrêtè! il atteint par la jouissance orgasmique du vol à la tire ce petit quelque chose qui le rapproche de la grâce! Le langage selon Bresson est un pur matèriau dègagè de toute psychologie! Ce qui risque de rebuter certaines personnes passionnèes de diction même si cela n’entame en rien l’intèrêt du film! Rèalisè en 1959, "Pickpocket" fut malheureusement un èchec commercial, malgrè ses qualitès indèniables, où la musique de Lully venait en contrepoint, apportant presque comme une distanciation par rapport au sujet du mètrage! On notera enfin que l'ètrange ressemblance de Marika Green avec Natalie Portman est particulièrement bluffante dans les scènes finales...
Tout est dans le dernier plan. Vous avez observé, pendant 1h30, les faits et gestes, les déplacements, d'un homme qui a décidé de gagner sa vie en exerçant l'activité de pickpocket. Je dis bien "gagner sa vie" car il a une conception assez particulière des relations sociales, qui se rapproche lointainement de celle des deux étudiants de La Corde d'Hitchcock. On ne peut pas dire que Bresson cherche à rapprocher son histoire du documentaire, même s'il cherche à l'évidence à effacer toute notion de "jeu" de la part des acteurs, tous non professionnels. Mon impression est qu'il essaie davantage de rapprocher ses personnages de ceux de la littérature. D'abord, parce que l'écrit (lettres, livre, messages sous la porte) a une importance particulière dans cette aventure. Ce qui prévaut, ce n'est pas le déroulement des faits, mais la manière dont ceux ci sont évoqués et racontés. Regardez le visage de Martin Lassalle quand il s'ennerve lors de sa confrontation avec le policier : le ton monte, les mots changent, mais le visage reste pratiquement identique. Comme dans un livre, où on ne peut voir mais seulement faire exister les êtres. Etrangement, et de façon subtile, cette façon de filmer les acteurs a pour conséquence de rendre les rares séquences émotives particulièrement efficaces. En deux plans, quand la jeune fille se rapproche du pickpocket, le touche, toute la distance qui semblait exister entre lui, ses conceptions de la vie, et le reste du monde, s'efface et il devient humain.
Pourquoi est-ce que dans une critique les gens essayent forcément de balancer des infos wikipédia du style "une adaptation voilé de Dostoievski" ou "propos du film proche de the rope d'Hitchcock"?Ce film dont le jeu est celui de la distanciation brecthienne...non je vais pas m'y mettre.Ce film (bon Bresson et la nouvelle vague...ce n'est pas parce qu'il est sorti en 1959 début du mouvement et que Bresson est français qu'il faut forcément l'associé ce n'est pas une bonne représentation, c'est comme si on citait Chucky la poupée comme représentant du film d'horreur, y'a mieux quand même).Après personnellement j'ai trouvé ca chiant, ni plus ni moins.Jeu d'acteur difficilement supportable malgré quelques beaux moments.
Enième tentative d'apprécier l'œuvre de Bresson, et énième échec. Comment parvient-il à réaliser des films aussi soporifiques ? Le scénario se résume à deux lignes, les dialogues sont rarissimes et fades, la musique se concentre à la fin (bien sûr les bressoniens y verront un "message" de la part du réalisateur), enfin le héros principal semble être la version humaine de Droopy tellement il est apathique. Bref, c'est pas demain la veille que je vais me mettre à apprécier Bresson.
Doté d'un bon scénario et bénéficiant de la réalisation sobre mais solide de Robert Bresson, "Pickpocket" raconte la chute progressive d'un "monsieur tout le monde" dans le vole à la tire pour en devenir finalement une véritable addiction. Intelligent et fin, "Pickpocket" aurait pû être trés bon si le rôle principal n'était pas aussi mal interprété par Martin La Salle. Il faut dire que le cinéaste français a l'habitude d'engager des acteurs non profressionnels. Parfois ça passe, parfois ça casse...
Avant qu’elle ne s’enferme dans une austérité visuelle, interprétative et narrative, l’approche cinématographique de Robert Bresson nous a permis de faire découvrir ce film innovant où son auteur s’exerce à palier le jeu minimaliste et la diction de ses acteurs non-professionnels par un usage habile de l’espace, du son et surtout du montage. Voir ce personnage marginal s’extirper de la solitude et de la routine dans lequel il apparait, à travers ces effets de mise en scène assez ingénieux donc, comme enfermé en commettant des vols à l’arraché puis sa relation avec sa voisine. Le personnage de Michel apparait donc comme un être fragile auquel on en vient à s’attacher malgré à la fois ses délits et l’interprétation morne de Martin LaSalle. Pickpocket est donc bel et bien un film étonnant qui a de quoi fasciner les spectateurs amateurs de l’art de la mise en scène et qui a su inspiré bon nombre de réalisateurs de la Nouvelle Vague.
Pickpocket est un film étrange. Assez hors du temps, assez atypique, mais pas inintéressant. Avec des acteurs non professionnels surprenants, Bresson filme l'itinéraire chaotique d'un étudiant pauvre, un Raskolnikov obsédé par le vol, persuadé, dans sa folie, du droit moral qu'aurait certains êtres à voler. Ainsi, il se rapproche d'un groupe de pickpockets avec lequel il devient peu à peu virtuose du vol à la tire : les plans de mains sont superbes, on pense à des magiciens s'exerçant avec leurs cartes. En parallèle de ces vols, le héros nourrir un amour secret (très secret) pour Jeanne, la voisine de sa vieille mère mourante. spoiler: La conclusion du film est l'aboutissement de cet amour hors des sentiers battus
L'aspect glacial et monolithique des personnages m'a premièrement rebuté, mais en y réfléchissant bien, ils montrent bien le côté touchant de ces personnages livrés à eux-même, à bout de tout, qui ne sourient plus. Pickpocket est un donc un film surprenant qui nécessite obligatoirement une réflexion après visionnage. Pour ma part, il m'a finalement plutôt séduit !
Autant j'ai adhéré totalement au jeu d'acteurs monocorde dans "Un Condamné à mort s'est échappé", car cela convient à la gravité du sujet, et aussi dans "Le Journal d'un curé de campagne" car cela va bien avec la solennité, autant-là ça m'a franchement gêné. Le sujet et surtout son traitement sont audacieux et les scènes de vol forcent l'admiration par leur côté virtuose, ce sont les qualités qu'on ne peut surtout pas enlever à cette oeuvre de Robert Bresson. Mais voilà donc le ton monocorde des comédiens ainsi que la lenteur du film font que j'ai souvent décroché. Une oeuvre qui ne ressemble à aucune autre par son refus de la dramaturgie notamment mais qui est loin d'être passionnante.
Je ne comprend pas pourquoi on crie au génie quand on parle de Bresson car pour moi, ce film n'a rien d'exceptionnel. Si l'intrigue va à l'essentiel sans artifices, les acteurs sont monolithiques et l'ensemble est très long, trop long pour un film d'une heure vingt...
Si l'idée de départ est excellente, on peut ainsi dire que l'oeuvre de Bresson l'a admirablement adaptée au cinéma. "Pickpocket" est un film regorgeant de qualités, dont la noirceur et l'intelligence de l'oeuvre lui donne un aspect si mystérieux. Un chef d'oeuvre original et inimitable avec des comédiens excellents et un final mémorable.
Une heure quinze de pur plaisir... et de pur cinéma. Une fois encore, Robert Bresson donne une leçon de simplicité et d'efficacité avec ce "Pickpocket", digne de ses plus grands chefs-d’œuvre, "Le procès de Jeanne d'Arc" bien sûr et "Au hasard Balthazar". Ici, Bresson s'empare du milieu du petit larcin et en tisse une œuvre forte, émouvante, souvent poignante avec les apparitions de la sublime Marika Green, toujours juste, à la limite du documentaire. C'est pourtant bien une fiction que nous livre Robert Bresson, une toile faite de tout petits riens, de pièces de puzzle qui s'assemblent, scène après scène, pour peindre un grand tableau de la condition humaine : la place de l'homme face au néant de l'existence, sa lutte incessante entre le bien et le mal, la vacuité des sentiments. Une heure quinze de pur bonheur avec, à la clé, l'interprétation bouleversante de Martin Lassalle.