On plonge dans ce film en pensant qu’on regardera une histoire sur l’amour, une histoire d’amour, une histoire sur l’Histoire, tout au plus.
Et nous nous retrouvons voyeurs cruels, monstres légitimes, justifié par l’art, autorisé à regarder et à juger au nom de l’art. Et s’il reste en nous un temps soit peu d’humanité, à cet instant, nous le maudissons l’art, nous maudissons l’homme, nous nous maudissons.
Nous nous aimons encore un peu, encore assez pour partir à Nevers-en-France, pour partir à Hiroshima, pour comprendre.
On l’entend, on le sait, on le croit : nous oublierons. Nous n’aurons pas d’autres choix, parce que nous sommes les enfants ridicules d’un monde trop vieux. Trop sali, déjà mort.
Et nous confondons nos petits malheurs avec le Grand Malheur, nos petites horreurs avec la grande Horreur.
Bientôt, bientôt, on ne sait pas tout à fait quand mais bientôt, c’est sûr, nous oublierons. Il ne restera rien : pas une image, pas un souvenir. Alors, pour rendre supportable l’offense que nous fera le temps, nous rêverons que nous nous souvenons encore. Mais ces images que nous croirons voir, que nous verrons vraiment d’ailleurs, ne seront pas les témoins du passé.
Elles seront le présent (le futur ?), le regret se mêlant au commun.
Et nous nous en contenterons. Car mourir est insoutenable s’il n’y a rien à regretter.
Il ne restera qu’un prénom. Le mot transcende le souvenir, l’être, la vie.
« Je n’ai plus qu’une mémoire, celle de ton nom ».
Hi-ro-shi-ma
A voir.