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    Journal d'un curé de campagne
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    Guildhan
    Guildhan

    2 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 avril 2023
    Ce film peut être considéré comme le prototype le plus parfait de la cinématographie de Robert Bresson et du même coup l'une de ses meilleures réalisations. La mise en scène est d'une austérité à toute épreuve quoique parfaitement maitrisée, les acteurs amateurs et l'importance est mise une fois de plus sur le dialogue. Les quelques défauts des films de Bresson, en grande partie lés à l'amateurisme de ses acteurs mis en difficulté par des dialogues auxquels ils semblent souvent trop peu habitués, sont absents de ce film : au contraire le monologue intérieur du prêtre faisant office de journal nous transmet avec vigueur la souffrance du jeune curé. Celui ci faisant rapidement face à l'hostilité déclarée de ses paroissiens ira jusqu'à clamer "Dieu m'a lâché". La scène avec la comtesse extatique qui aurait du lui servir de révélation sera finalement un tournant décisif pour lui, achevant sa réputation aux yeux de ses paroissiens qu'il quittera quelques jours plus tard. Libéré ainsi de toute contrainte terrestre, loin des hommes qui lui auront tant fait de mal et déjà si proche de Dieu, il nous donnera ce dernier message d'espoir à nous les hésitants que "tout est grâce".
    Charlotte28
    Charlotte28

    109 abonnés 1 932 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 24 décembre 2022
    Aussi austère dans sa réalisation que la vie de ce prêtre confronté aux affres de la vie communautaire et des errements de ses ouailles, ce drame entre récit initiatique et réflexion religieuse voire philosophique se lit comme une mise en images d'un texte dense semblant se suffire à lui-même. Malgré une interprétation pertinente du héros, toute émotion s'absente de ce froid didactisme. Quelque peu fastidieux!
    VOSTTL
    VOSTTL

    85 abonnés 1 871 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 octobre 2022
    Ma troisième expérience avec Robert Bresson.
    Après « Pickpocket », « Les Dames du Bois de Boulogne », « Journal d’un curé de campagne »
    Ça tombe bien, cette fois c’est chronologique.

    Si « Pickpocket » est un désastre selon moi, « Journal d’un curé de campagne » est nettement plus digeste au niveau des voix dites blanches. Tout dépend avec qui il tourne monsieur Bresson.
    Claude Laydu, le curé passe mieux que Martin LaSalle, le pickpocket.

    Quelques séquences de grâce fugaces ; si fugaces soient-elles, elles mettent du temps à s’enfoncer dans les profondeurs d’une eau troublée par un curé rongé par une santé fragile.
    Bresson prend son temps.
    A sa santé fragile, s’ajoute une impuissance à convaincre ses ouailles, à porter la parole de Dieu, à honorer la confiance de l’Eglise placée en lui. On perçoit le poids qui l’écrase et comme il se nourrit mal, ça ne lui facilite son sacerdoce.
    « Journal d’un curé de campagne » narre le quotidien d’un curé dépressif !

    Ici, la voix off est employée à bon escient, elle permet d’illustrer ses pensées faites de doutes, d’interrogations, lesquelles sont retranscrites dans un journal.
    Claude Laydu dont la filmographie est aussi rachitique que les repas pris par son personnage parvient à me capter ; il a su traduire la souffrance de son personnage, souffrance morale et physique.
    Un Bresson âpre, une bonne expérience.
    J’en reste aux « Dames du Bois de Boulogne ».
    Mon automne s’avère pour l’instant agréable (voir le pourquoi critique « Pickpocket »).
    maxime ...
    maxime ...

    225 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 mai 2022
    Le Journal d'un Curé de Campagne est un film difficile, de par ce qu'il raconte et de la manière dont il se caractérise pour s'y prendre et y parvenir. Je viens à peine de sortir de cette première projection qui je le sais, me faudra revoir. C'est avec une certitude franche que j'insiste sur ses paroles. Néanmoins, du recul s'impose également pour bien ressasser les sensations de ce périlleux long métrage qui s'inflige une pénibilité de chaque instants, ou presque ...

    Robert Bresson dans un maniement de techniques et d'économie par ramification viens raconter l'histoire de ce jeune prêtre qui ne prie pas. Sa vocation de rebelle car ayant trop de question ne se prête pas au bonheur de ceux qui parlent pour ne rien dire. On lui reproche d'être ce qu'il est, d'avoir en lui ce " Feu qui Brule ". Le méthodisme de son réalisateur fait encore des merveilles dans son illustration de ces parcours vouées à prendre en pleine tronche toutes les virulences de ce Monde qu'il dépeint sans corrompre, ni jugé, qu'il s'efforce à vouloir exposé sans aucun vernis de surface. Une effarante émanation se dresse de cette Lutte de l'être.

    L'opposition sur les vues et les souffrances entre ce curé et cette vieille femme inconsolable sur le spiritisme, avec ou sans foi, entre haine et amour, de ses manquements est à mes yeux une des séquences fatidiques de ce long métrage et atteste des vues de Bresson sur l'ordre et le désordre de précédentes entrevues avec le médecin et l'autre curé, touts deux plus âgés, faut-il le mentionnés ? La passion s'empare de ses personnes habités par des maux différents mais qui se rencontrent sous différentes appellations. J'écris çà là, il faut vraiment que je mette à lire Bernanos.

    Les passages magnifiques sur le courage à avoir pour vivre et mourir interviennent bien avant ce tournant majeur dans la suite du film. La rencontre avec le médecin, plus ou moins déjà évoqué, de ses mains sales qui ausculte et découvre les démons intérieurs du jeune homme, a dans ses intentions déjà office d'un rappel à la connaissance du corps et de l'esprit. Faire Face, la devise de cette homme prend encore plus de poids lorsque spoiler: sa mort intervient.
    Cette idée de " Race qui tiens le coup " - me - questionne ... Je m'y heurte, un autre point qui m'attache à revoir le film.

    J'en reviens à la fin de l'échange du Curée et de cette femme. Ou plutôt à ce qui s'ensuit. Le pas de course de cette homme fragile et le fait de revivre ce déballage au travers du geste de cette dernière prend une tournure de doutes et d'incertitudes à l'instant d'écrire dans son journal. Lorsqu'il rature, déchire ses pages, c'est là que sa bataille révèle le creux de son estomac. Son agonie la plus palpable, celle que l'on devine, à l'instar du médecin, que les racines pauvres continuent de pourrir. De ce déchirement revêt une autre source, celle d'un sillon situé plus haut dans le corps de ce type qui dissimule le tréfond qui se grandis, s'agrandit, d'une plaie qui refuse de cicatrisé dirons nous, que l'on ne soigne pas du tout dans la confidence ...

    Le conseil de l'ainé ni change rien. D'ailleurs, je le paraphrase de mémoire ici, il le mérite. " Maintenant travail, fait de petites choses. Tu verras, les petites choses n'ont l'air de rien mais elles apportent la paix. "

    La vérité cogne une fois le mot lâché. Elle ne surprend pas, on vénère d'autant plus les matins ! Même lorsque l'on décide de se taire.

    La tristesse à différents visages cherche à nous dire ce film, les multiples chemins qui se croisent dans cette entrelacs de vies communes, rattaché à une géographie, à sa pauvreté, à son marasme nous balance et nous renvoie à un abandon. Enfin, encore une fois, j'en reviens à mon intro, le film est difficile à comprendre frontalement. Alors, comment en être trop certain ? Le revoir semble être une réponse, mais là encore, il faudra du temps.

    Je termine ce cycle sur 5 films que j'affectionne en ce moment. Ce dernier consacré à Bresson à été je le reconnais riche de sensations et de connaissances. Il est de ces cinéaste louer pour sa technique, je trouve que l'on ne parle pas assez de son opinion que l'on qualifie de romantique pessimiste avec facilité à mon gout. Je me répète beaucoup, pas d'excuses à avoir avec les manies devant un réalisateur qui l'érige en modèle, donc à titre personnel merci pour ces 5 semaines dont je ne suis pas près d'oublier son apport quantifiables aux creux qui me giflent si fortement parfois ! Le Cinéma est un Art libre, ne l'oublions pas, ce mot n'est pas une jurisprudence, il est dangereux pour ses détracteurs qui le martèlent à d'autres fins, Bresson à cela laisse une trace, une bride de turpitudes qui n'a pas peur de vaciller.
    Chaîne 42
    Chaîne 42

    125 abonnés 3 039 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 juillet 2021
    Adaptation d'un fameux roman de 1936 de Georges Bernanos, le film suit 15 ans plus tard mais on est tout de même plongé dans un autre âge. Celui où le curé était encore un personnage public bien que l'on voit aussi que cela s'essouffle. Ces villageois ne sont pas de bons paroissiens plutôt des rustres, en fait l'ensemble du film baigne dans une absence de sens de la vie où les plus éveillés intellectuellement sont torturés ou assujétis à des scrupules et des penchants aux mensonges et manipulations. En cela le jeune prêtre souffre non seulement de l'estomac mais aussi de solitude face à de l'hostilité et il se confie à son journal. La réalisation est excellente assez fidèle au roman, les personnages bien développés. Dans cette sorte d'agonie il y a une interrogation réelle sur la grâce et son apparente absence, sur la fragilité humaine du corps et de l'esprit qui laissant passer des filets de lumières ténus mais réels, entrouvre un monde de l'invisible.
    Pascal
    Pascal

    147 abonnés 1 563 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 mai 2021
    J'ai vu tous les films de Robert Bresson et "le journal d'un curé de campagne" est celui que je préfère. Je me souviens la première fois que j'aie vu ce film, j'ai éprouvé un choc. Je l"ai revu plusieurs fois depuis et je n'ai jamais varié de jugement à son égard. Il reste de mon point de vue, une des plus grandes réalisations cinématographiques françaises. Pialat a sans doute beaucoup vu ce film avant de tourner "sous le soleil de satan" et sa série tv " la maison dans les bois". Bien entendu on est chez Bresson. On ne conseillera donc pas ce film aux amateurs exclusifs de jeux vidéos et de blockbusters.
    Hotinhere
    Hotinhere

    511 abonnés 4 891 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 août 2020
    Plongée dans les pensées torturées d'un jeune curé officiant dans sa première paroisse et faisant face à l'hostilité des habitants. Adapté du roman de Bernanos, un film assez déprimant, en forme de long chemin de croix, également pour le spectateur.
    ronny1
    ronny1

    32 abonnés 913 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juin 2020
    L’esprit du roman de Bernanos est respecté dans cette adaptation réalisée par Robert Bresson. Si le film garde la construction en trois partie, la forme choisie par le cinéaste est faite de scènes très courtes pendant près de la moitié du film, accompagnées par une voix off récitant un texte qui s’écrit sous nos yeux (de la main de Bresson lui même), avant de s’en affranchir pour nous accompagner dans les scènes plus longues. Ce style original où une scène chasse l’autre, génère une description sans concession d’une impossible recherche vers la spiritualité et la rédemption. S’attardant peu dans les dialogues sans cesse entrecoupés par la mesquinerie, la continuité dans l’action est réduite au minimum, menant au contraire un enfermement dans la grisaille de la vie terrestre que l’agitation et la souffrance intérieure du prêtre ne parvient jamais à brise, exception faite d’une sublime scène avec la Comtesse, mais qui se terminera tragiquement, enfonçant encore une peu plus paysans et aristocrates dans leur médiocrité, ici accusatrice. Claude Leydu parvient à exprimer avec talent le combat intérieur de cet homme rongé par la maladie et la détresse psychologique, ses forces et ses faiblesses paradoxales face à une adversité constante. Seule faiblesse, mais de taille, la musique envahissante de Grünenwald qui apporte une lourdeur contrastant avec la finesse des images de Léonce-Henri Burel. Taxé de prosélytisme (!?!), Bresson trace au contraire un portrait bien sombre de la condition de curé et de sa mission vis à vis de la foi, que Bernanos n’aurait certainement pas renié.
    Jrk N
    Jrk N

    37 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 décembre 2018
    Dans Journal d’un curé de campagne (1951), Robert Bresson cherche à s’éloigner de la théâtralité au cinéma mais comme il emploie des acteurs professionnels il ne parvient à en trouver les moyens. Par ailleurs il subit la musique ttrop lourde de Grunenwald. Ce n’est qu’avec Pickpocket (1959) que son style trouvera l’essentiel de ces traits : interprètes non professionnels, élocution sans affects, peu de mouvements de caméra, plans fixes composés, mise en avant des sons pour faire parler l’image mais plus de musique.
    Pickpocket est un coup de maître. Le Journal reste en deçà, même si la fidélité au texte profond de Bernanos, l’interprétation unaniment remarquable et la mise en image très sobre donnent au film une très grande puissance, la puissance d'un roc, qu’avaient remarquée Truffaut et Godard. Après Les Anges du Péché (43), Les Dames du bois de Boulogne (45), ce film est l’étape ultime avant la réalisation d’un idéal : le style sobre, épuré, direct, abstrait du plus grand cinéaste français.
    Nicolas L.
    Nicolas L.

    80 abonnés 1 714 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 26 septembre 2018
    Sujet déprimant et mise en scène volontairement terne qui accompagne du coup d'avantage ce sentiment de tristesse et de détresse. Il y a de bonnes idées (la grille de l'église comme barreaux d'une prison, le vin -sang de dieu- comme poison...). Reste un rythme "bressonien" qui m'ennuie assez vite.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 068 abonnés 5 010 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 août 2018
    De par sa jeunesse, le prêtre souffre de la souffrance de ses paroissiens. Il prend également à cœur leur manque d’amour. Bresson filme cette histoire comme un opéra: la tragédie intérieure comme une épreuve pour rester en vie.
    Sobre et fort.
    Nicolas S
    Nicolas S

    42 abonnés 529 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 mars 2018
    Enchaînant les séquences courtes et les ellipses inlassablement commentées par une voix off, 'Journal' frise l'abstraction. Bresson reste ainsi ambigu sur ses intentions tout au long du film. Pourtant, à mesure que le personnage principal affronte des situations et des maux toujours plus éprouvants, l'émotion surgit. Le final est un modèle d'économie et de beauté.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 992 abonnés 3 965 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 mars 2016
    Journal d'un curé de campagne est l'un des derniers Bresson que je n'avais pas vu et je dois avouer que je suis un peu déçu, alors peut-être car j'étais fatigué lors du visionnage ce qui m'a empêché d'être totalement emporté par le film... D'autant plus qu'au début je trouvais certaines scènes réellement magnifiques, le regard d'une petite fille qui sourit après le que le prêtre demande à quelqu'un d'autre de réciter son catéchisme... ou bien tout simplement le regard du curé dans le vide... on voit toute la misère du monde, on voit que c'est un pauvre type...

    On le voit manger son repas, enfin si on peut appeler ça un repas, du pain et du sucre trempés dans du mauvais vin... Il fait vraiment pitié, et pourtant j'éprouve de l'empathie pour lui, ce type qui débarque dans un village, ce type qu'on n'aime pas, qui se retrouve au centre de rumeurs, où on médit de lui, sans pour autant qu'on l'empêche de faire son service, mais assez pour lui pourrir la vie malgré tout.

    J'aime beaucoup la voix off, les textes sont assez beaux et ça me donne presque envie de lire le livre au cas où Bresson cite directement le texte.

    On a une scène qui m'a fait penser à Camille Claudel 1915, la scène où Camille et Paul Claudel échangent parlant de Dieu, où l'intensité va croissante... c'est un peu pareil ici (toutes proportions gardées) lorsque le jeune prêtre s'entretient avec Mme Louise et qu'il lui dit de se mettre à genou et d'aller en paix. J'aime ce genre de scène où la foi est au centre, où on en discute et où le personnel se met à se plier au commandement de l'homme de foi.

    Enfin homme de foi... ici j'ai beaucoup aimé le traitement du curé, qui doute, mais d'une manière assez particulière, il ne peut pas prier, il n'arrive pas... C'est comme pour manger, il ne peut pas manger...

    On sent toute la faiblesse morale et physique du personnage.

    J'ai également apprécié l'atmosphère du film, c'est exactement comme ça que j'imaginais un village dans les années 30, entre les deux guerres, entre les bicyclettes, la boue, le Comte qui continue à se faire appeler par son titre bien que les privilèges aient été abolis... Tout ceci a un certain charme malgré tout... et ça en a d'autant plus un que c'est authentique, lorsque je vois les décors, les accessoires, j'ai vraiment l'impression de me retrouver dans la maison de mes grands-parents.

    Après j'aurai aimé avoir plus de plans en extérieur pour sentir encore plus cette ambiance de village.

    Mais par contre comme je le disais en introduction, si j'aime malgré tout le film, il ne m'a pas non plus passionné... je m'attendais à mieux, quelque chose de plus fort et de plus austère.
    Acidus
    Acidus

    688 abonnés 3 691 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 août 2014
    Bon film signé Robert Bresson, le "Journal d'un curé de campagne" nous plonge dans les pensée torturées d'un jeune prêtre officiant dans sa première paroisse et devant faire face à ses ouailles pas toujours trés amicaux. Cette introspectation se déroule à travers des monologues parfaitement écrits, véhiculant subtilement les angoisses du religieux. Si la mise en scène simple et sobre de Bresson fait des merveilles dans ce genre de film, on peut néanmoins regretter le jeu peu naturel des acteurs (amateurs de fait) qui frise souvent la simple récitation de texte et enlève ainsi une part de l'intensité promise par le scénario.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 127 abonnés 4 143 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 mai 2023
    En 1951 Robert Bresson cinéaste de l’épure par excellence adapte le roman éponyme de Georges Bernanos prix de l’Académie Française en 1936. On ne pouvait trouver meilleur transcripteur de l’œuvre de Bernanos sur grand écran, Bresson étant un cinéaste fortement préoccupé par les rapports de l’homme avec la foi. Le film composé principalement dans la première partie de scènes très courtes relatant les extraits du journal intime que rédige le jeune nouveau curé d’Ambricourt, expose les difficultés d’exercice d’un premier ministère et les doutes qu’elles génèrent chez un jeune homme à la sensibilité extrême, diminué par la maladie. L’utilisation de la voix off omniprésente permet à Bresson de livrer au spectateur les impressions du jeune homme au fur et à mesure que les évènements se présentent à lui. A travers le personnage du curé de Torcy, Bernanos met en lumière le peu de soutien que le curé novice reçoit d'un titulaire de la même charge plus ancien que lui . Près de 61 ans après la sortie du film, on comprend mieux la lente mais constante désaffection qui a touché les vocations au sein d’une église incapable de se réformer pour endiguer la solitude des curés. Le curé d’Ambricourt malgré la maladie qui le ronge n’est pas dénué de courage et d’enthousiasme mais il va se heurter à la résistance de la population et principalement à celle du hobereau local qui sous couvert d’une bienveillance de façade entend bien conserver la mainmise sur les gens du pays dont beaucoup travaillent pour lui. spoiler: Seul le docteur Delbende semble avoir un peu de compassion pour le jeune homme chez qui il détecte lors d’une auscultation, l’atavisme familial responsable de son affection physique. Cette proximité immédiate provient probablement du fait que comme le jeune curé, le docteur libre penseur se sent exclu de la petite société locale. Sa mort par suicide va encore accroître la détresse du curé de plus en plus diminué par le cancer qui le dévore. La mort de la femme du comte la nuit même du jour où il lui a permis de retrouver une foi perdue sonnera le glas des espoirs du jeune curé qui se voit accusé d'être responsable de ce décès consécutif à sa visite. C’en est trop pour la résistance déjà bien entamée du jeune homme qui après avoir été faire diagnostiquer sa maladie à Lille choisit d’aller agoniser chez son ancien camarade de séminaire devenu prêtre défroqué après avoir rencontré l’amour.
    Un amour que ne connaîtra jamais le curé d’Ambricourt en proie tel le commun des mortels à l’angoisse de sa propre mort. Bresson s’il est convaincu de la présence divine n’en reste pas moins un réaliste qui refuse le piège facile de la mort traditionnellement accueillie dans l’allégresse par les hommes de foi toujours heureux de rejoindre le créateur. Image d'Epinal souvent utilisée par l’église pour son prosélytisme et prestement reprise par le cinéma classique français (les films religieux avec Pierre Fresnay en sont le plus bel exemple). Il faut selon Bresson bien distinguer la foi de l’homme et ne pas croire que celle-ci n’est juste qu’un remède pour accepter son statut de mortel. Elle n’exonère pas des épreuves qui nous sont infligées au cours de la vie et à ce titre le parcours du jeune curé d’Ambricourt à qui rien ne sera épargné, fauché en pleine jeunesse, est exemplaire. L’esthétique du cinéma de Robert Bresson parfois à la limite du documentaire, vient en renfort de sa volonté de montrer les choses dans leur plus simple expression afin de placer le spectateur dans la position de se faire seul son opinion sur les problématiques qui lui sont soumises. Le tout jeune acteur Claude Laydu, futur producteur de « Bonne nuit les petits », s’inscrit parfaitement dans ce dépouillement esthétique, favorisé qu’est son jeu par la narration à voix haute qui lui permet d’apporter toute la sobriété exigée par son metteur en scène. Fort justement le film a été récompensé Grand Prix à Venise. Comme celui de Dreyer ou de Bergman, le cinéma de Bresson frappé du sceau de l’épure ne risque pas d’être affecté par les codes esthétiques de son époque ce qui lui permet de garder toute son acuité malgré le passage des ans.
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