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chrischambers86
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5,0
Publiée le 21 juillet 2019
Emiettant le rècit en un grand nombre de très courtes sèquences qui empêchent constamment la naissance d'une quelconque progression dramatique, Robert Bresson fait du "Journal d'un curè de campagne" un bloc monolithique de souffrance intèrieure et de grisaille extèrieure, auquel il n'est pas possible d'èchapper! La fidèlitè à Bernanos n'est pas dans le texte (commentaires très court, dialogues rarèfiès), mais dans cette atmosphère pesante et dans le jeu des interprètes non professionnels! Leur masque souvent figè ne traduit pas en effet les rèactions du personnage aux èvènements sans grande importance de la vie quotidienne, mais reflète sa vie intèrieure dont l'èvolution lente ne saurait provoquer des modifications superficielles de physionomie! En jeune prêtre envoyè en pleine campagne dont l'idèal spirituel se heurte aux contingences des paysans, Claude Laydu se montre particulièrement saisissant! Son visage tourmentè et sa dètresse physique restent à tout jamais dans nos mèmoires! Le fleuron par excellence du cinèma religieux et de loin mon film prèfèrè de Bresson...
Journal d'un curé de campagne est l'un des derniers Bresson que je n'avais pas vu et je dois avouer que je suis un peu déçu, alors peut-être car j'étais fatigué lors du visionnage ce qui m'a empêché d'être totalement emporté par le film... D'autant plus qu'au début je trouvais certaines scènes réellement magnifiques, le regard d'une petite fille qui sourit après le que le prêtre demande à quelqu'un d'autre de réciter son catéchisme... ou bien tout simplement le regard du curé dans le vide... on voit toute la misère du monde, on voit que c'est un pauvre type...
On le voit manger son repas, enfin si on peut appeler ça un repas, du pain et du sucre trempés dans du mauvais vin... Il fait vraiment pitié, et pourtant j'éprouve de l'empathie pour lui, ce type qui débarque dans un village, ce type qu'on n'aime pas, qui se retrouve au centre de rumeurs, où on médit de lui, sans pour autant qu'on l'empêche de faire son service, mais assez pour lui pourrir la vie malgré tout.
J'aime beaucoup la voix off, les textes sont assez beaux et ça me donne presque envie de lire le livre au cas où Bresson cite directement le texte.
On a une scène qui m'a fait penser à Camille Claudel 1915, la scène où Camille et Paul Claudel échangent parlant de Dieu, où l'intensité va croissante... c'est un peu pareil ici (toutes proportions gardées) lorsque le jeune prêtre s'entretient avec Mme Louise et qu'il lui dit de se mettre à genou et d'aller en paix. J'aime ce genre de scène où la foi est au centre, où on en discute et où le personnel se met à se plier au commandement de l'homme de foi.
Enfin homme de foi... ici j'ai beaucoup aimé le traitement du curé, qui doute, mais d'une manière assez particulière, il ne peut pas prier, il n'arrive pas... C'est comme pour manger, il ne peut pas manger...
On sent toute la faiblesse morale et physique du personnage.
J'ai également apprécié l'atmosphère du film, c'est exactement comme ça que j'imaginais un village dans les années 30, entre les deux guerres, entre les bicyclettes, la boue, le Comte qui continue à se faire appeler par son titre bien que les privilèges aient été abolis... Tout ceci a un certain charme malgré tout... et ça en a d'autant plus un que c'est authentique, lorsque je vois les décors, les accessoires, j'ai vraiment l'impression de me retrouver dans la maison de mes grands-parents.
Après j'aurai aimé avoir plus de plans en extérieur pour sentir encore plus cette ambiance de village.
Mais par contre comme je le disais en introduction, si j'aime malgré tout le film, il ne m'a pas non plus passionné... je m'attendais à mieux, quelque chose de plus fort et de plus austère.
Adaptation du roman éponyme de Bernanos, «Le journal d'un curé de campagne» (1950) illustre, presque didactiquement, la conception bressonienne du cinématographe comme «écriture». Mais l'écriture est encore ici partiellement celle de la littérature et le film est à cet égard le plus «littéraire» de Bresson. Racontant en images cette histoire d'un jeune curé de paroisse des années 20, il accentue déjà l'arrière-fond janséniste d'un certain catholicisme français, qui deviendra comme l'un des traits récurrents de la pensée du réalisateur. Le mal est radical; il s'insinue partout comme une lèpre et il ne concède que peu de place à la joie. La foi se vit dans la douleur et s'arrache héroïquement à la désespérance. Le style n'a pas encore ici la radicalité qui sera sienne dès «Pickpocket», mais nombre de ses traits caractéristiques sont déjà en place: concision extrême du montage, austérité des images, débit vocal volontairement atone (mais, sur ce point, on est encore loin des films des années 60), acteurs amateurs ... La photographie de Burel est splendide et nous vaut quantité d'images inoubliables. On regrettera seulement une musique, due à Jean-Jacques Grünenwald, dont la qualité n'est pas extraordinaire et qui est beaucoup trop envahissante. C'est d'ailleurs une dimension de son cinéma que Bresson corrigera très heureusement par la suite. Il reste que, par sa divine simplicité, par la densité très remarquable et la sincérité indéniable de son propos, par la virtuosité réelle de sa mise en scène, par la beauté de sa forme, «Le journal d'un curé de campagne» est déjà un chef-d'oeuvre, sans doute pas encore au niveau de «Au hasard Balthazar», mais déjà à mille lieux au-dessus de la production cinématographique commune. On ne se dispensera donc pas de le connaître!
Ce chef d'oeuvre de Bresson, tiré du célèbre ouvrage du génial Bernanos, est probablement mon film préféré. Pourtant je n'ose le revoir très souvent tant il m'arrache les larmes. Un saint prêtre lutte, malgré une grave maladie, contre sa souffrance intérieure et contre l'hostilité extérieure pour ramener ses paroissiens sur le chemin de la vérité dans un pays déjà profondément déchristianisé. Tel un ange envoyé en pays hostile, un agneau envoyé parmi les loups. La personnalité si pure, si humble et si profondément dévouée de ce prêtre ne laisse personne insensible et fait contraste avec le monde. Les uns sont brûlés du regard et se referment ou réagissent en provocation, les autres interloqués, dérangés ou même choqués, mais les derniers se convertissent. Le dialogue du prêtre avec la comtesse meurtrie par la vie mais qui retrouve l'espérance et la paix intérieure est d'une grande beauté et d'un profond enseignement sur la miséricorde divine. Tout le film est comme une profonde méditation sur les questions les plus importantes de l'existence. Ce qui m'impressionne le plus dans le personnage de ce prêtre, c'est la pureté de son regard plein d'amour, ses paroles douces, humbles et toujours positives, sa foi solide, inébranlable malgré une réalité bien noire. La passion du Christ n'a jamais été aussi bien exprimée qu'à travers le visage de ce prêtre. Si ce film rebute bien des gens car ils le trouvent noir, triste et désespérant, je dirais que bien au contraire, il apporte un soutien et une raison de s'accrocher pour tous ceux qui souffrent dans ce monde (ils sont nombreux) ainsi qu'un grande espérance pour qui est en recherche de la foi. Ce monde peut être dur, amer ou décevant mais il passe. Alors "qu'est-ce que cela fait, tout est grâce!"
Sujet déprimant et mise en scène volontairement terne qui accompagne du coup d'avantage ce sentiment de tristesse et de détresse. Il y a de bonnes idées (la grille de l'église comme barreaux d'une prison, le vin -sang de dieu- comme poison...). Reste un rythme "bressonien" qui m'ennuie assez vite.
Enchaînant les séquences courtes et les ellipses inlassablement commentées par une voix off, 'Journal' frise l'abstraction. Bresson reste ainsi ambigu sur ses intentions tout au long du film. Pourtant, à mesure que le personnage principal affronte des situations et des maux toujours plus éprouvants, l'émotion surgit. Le final est un modèle d'économie et de beauté.
Autant les autres films de Bresson, tels Au hasard baltazar et le Pickpocket m'avait vraiment beaucoup plus autant celui-ci est décevant! Le jeu des acteurs est particulièrement mauvais, des expressions surjouées, des mauvais dialogues .. Certes, une atmosphère typiquement "Bressonienne" se dégage du film mais cette fois-ci, n'a pas réussis à m'envouter comme l'avez fait les précédentes. Bresson en voulant rapporter au plus près le réel a réussi, malencontreusement, à saisir l’irréel. Chaque scène est trop surjouée et ne semble en aucun cas naturel. De long silence entre chaque réplique accentue encore plus ce phénomène. spoiler: Trop de naturel tue le naturel. Bref un Bresson à évité.
Plongée dans les pensées torturées d'un jeune curé officiant dans sa première paroisse et faisant face à l'hostilité des habitants. Adapté du roman de Bernanos, un film assez déprimant, en forme de long chemin de croix, également pour le spectateur.
Un chef-d’œuvre ! Mais, on peut s’en douter, ni léger, ni désopilant. Et contraindre à l’admiration un athée patenté comme moi-même pour ce fleuron du cinéma religieux, bravo ! Je ne sais si la transposition de l’œuvre de Bernanos est fidèle, si les analogies à la Passion du Christ sont judicieuses, mais quelle science cinématographique et quelle créativité ! La narration au travers du cahier d’écolier, avec son écriture d’enfant, le récitatif de la parole qui accompagne les images, sont vraiment deux procédés originaux mais géniaux. Et quelle maîtrise de la mise en scène, dépouillée, mystique, quelle maîtrise du noir et blanc et de la symbolique des objets, quelle subtilité et quelle intensité dans le jeu des acteurs, et bien évidemment de Claude Laydu en particulier, qui semble possédé par son rôle. Un grand, grand film, mais à ne pas regarder après une journée de galères !
En 1951 Robert Bresson cinéaste de l’épure par excellence adapte le roman éponyme de Georges Bernanos prix de l’Académie Française en 1936. On ne pouvait trouver meilleur transcripteur de l’œuvre de Bernanos sur grand écran, Bresson étant un cinéaste fortement préoccupé par les rapports de l’homme avec la foi. Le film composé principalement dans la première partie de scènes très courtes relatant les extraits du journal intime que rédige le jeune nouveau curé d’Ambricourt, expose les difficultés d’exercice d’un premier ministère et les doutes qu’elles génèrent chez un jeune homme à la sensibilité extrême, diminué par la maladie. L’utilisation de la voix off omniprésente permet à Bresson de livrer au spectateur les impressions du jeune homme au fur et à mesure que les évènements se présentent à lui. A travers le personnage du curé de Torcy, Bernanos met en lumière le peu de soutien que le curé novice reçoit d'un titulaire de la même charge plus ancien que lui . Près de 61 ans après la sortie du film, on comprend mieux la lente mais constante désaffection qui a touché les vocations au sein d’une église incapable de se réformer pour endiguer la solitude des curés. Le curé d’Ambricourt malgré la maladie qui le ronge n’est pas dénué de courage et d’enthousiasme mais il va se heurter à la résistance de la population et principalement à celle du hobereau local qui sous couvert d’une bienveillance de façade entend bien conserver la mainmise sur les gens du pays dont beaucoup travaillent pour lui. spoiler: Seul le docteur Delbende semble avoir un peu de compassion pour le jeune homme chez qui il détecte lors d’une auscultation, l’atavisme familial responsable de son affection physique. Cette proximité immédiate provient probablement du fait que comme le jeune curé, le docteur libre penseur se sent exclu de la petite société locale. Sa mort par suicide va encore accroître la détresse du curé de plus en plus diminué par le cancer qui le dévore. La mort de la femme du comte la nuit même du jour où il lui a permis de retrouver une foi perdue sonnera le glas des espoirs du jeune curé qui se voit accusé d'être responsable de ce décès consécutif à sa visite. C’en est trop pour la résistance déjà bien entamée du jeune homme qui après avoir été faire diagnostiquer sa maladie à Lille choisit d’aller agoniser chez son ancien camarade de séminaire devenu prêtre défroqué après avoir rencontré l’amour. Un amour que ne connaîtra jamais le curé d’Ambricourt en proie tel le commun des mortels à l’angoisse de sa propre mort. Bresson s’il est convaincu de la présence divine n’en reste pas moins un réaliste qui refuse le piège facile de la mort traditionnellement accueillie dans l’allégresse par les hommes de foi toujours heureux de rejoindre le créateur. Image d'Epinal souvent utilisée par l’église pour son prosélytisme et prestement reprise par le cinéma classique français (les films religieux avec Pierre Fresnay en sont le plus bel exemple). Il faut selon Bresson bien distinguer la foi de l’homme et ne pas croire que celle-ci n’est juste qu’un remède pour accepter son statut de mortel. Elle n’exonère pas des épreuves qui nous sont infligées au cours de la vie et à ce titre le parcours du jeune curé d’Ambricourt à qui rien ne sera épargné, fauché en pleine jeunesse, est exemplaire. L’esthétique du cinéma de Robert Bresson parfois à la limite du documentaire, vient en renfort de sa volonté de montrer les choses dans leur plus simple expression afin de placer le spectateur dans la position de se faire seul son opinion sur les problématiques qui lui sont soumises. Le tout jeune acteur Claude Laydu, futur producteur de « Bonne nuit les petits », s’inscrit parfaitement dans ce dépouillement esthétique, favorisé qu’est son jeu par la narration à voix haute qui lui permet d’apporter toute la sobriété exigée par son metteur en scène. Fort justement le film a été récompensé Grand Prix à Venise. Comme celui de Dreyer ou de Bergman, le cinéma de Bresson frappé du sceau de l’épure ne risque pas d’être affecté par les codes esthétiques de son époque ce qui lui permet de garder toute son acuité malgré le passage des ans.
Un très grand film signé Bresson. Même si cette oeuvre n'atteint pas la perfection de "Jeanne-d'Arc", elle place toutefois Robert Bresson au panthéon des plus grand réalisateurs français. La simplicité de l'histoire conjuguée à la simplicité de la mise en scène donne au film toute sa force et sa puissance psychologique. Seul petit bémol à l'adaptation du livre de Bernanos, l'interprétation de Claude Laydu. Certes, celui-ci est dirigé d'une main de maître par Bresson, se coule dans son moule, mais le personnage n'atteint pas la force spirituelle d'un Belmondo par exemple dans "Léon Morin, prêtre". La foi n'est pas une faiblesse, au contraire de l'interprétation, ici, de Bresson. Se donner à Dieu, obéïr à son amour, est une force. C'est en ceci que Bresson se trompe. Heureusement, avec Jeanne-d'Arc, le tir sera rectifié.
De par sa jeunesse, le prêtre souffre de la souffrance de ses paroissiens. Il prend également à cœur leur manque d’amour. Bresson filme cette histoire comme un opéra: la tragédie intérieure comme une épreuve pour rester en vie. Sobre et fort.
Bon film signé Robert Bresson, le "Journal d'un curé de campagne" nous plonge dans les pensée torturées d'un jeune prêtre officiant dans sa première paroisse et devant faire face à ses ouailles pas toujours trés amicaux. Cette introspectation se déroule à travers des monologues parfaitement écrits, véhiculant subtilement les angoisses du religieux. Si la mise en scène simple et sobre de Bresson fait des merveilles dans ce genre de film, on peut néanmoins regretter le jeu peu naturel des acteurs (amateurs de fait) qui frise souvent la simple récitation de texte et enlève ainsi une part de l'intensité promise par le scénario.
Dans Journal d’un curé de campagne (1951), Robert Bresson cherche à s’éloigner de la théâtralité au cinéma mais comme il emploie des acteurs professionnels il ne parvient à en trouver les moyens. Par ailleurs il subit la musique ttrop lourde de Grunenwald. Ce n’est qu’avec Pickpocket (1959) que son style trouvera l’essentiel de ces traits : interprètes non professionnels, élocution sans affects, peu de mouvements de caméra, plans fixes composés, mise en avant des sons pour faire parler l’image mais plus de musique. Pickpocket est un coup de maître. Le Journal reste en deçà, même si la fidélité au texte profond de Bernanos, l’interprétation unaniment remarquable et la mise en image très sobre donnent au film une très grande puissance, la puissance d'un roc, qu’avaient remarquée Truffaut et Godard. Après Les Anges du Péché (43), Les Dames du bois de Boulogne (45), ce film est l’étape ultime avant la réalisation d’un idéal : le style sobre, épuré, direct, abstrait du plus grand cinéaste français.
Aussi austère dans sa réalisation que la vie de ce prêtre confronté aux affres de la vie communautaire et des errements de ses ouailles, ce drame entre récit initiatique et réflexion religieuse voire philosophique se lit comme une mise en images d'un texte dense semblant se suffire à lui-même. Malgré une interprétation pertinente du héros, toute émotion s'absente de ce froid didactisme. Quelque peu fastidieux!