Selon Benoit Père, le cinéaste Benoit Jacquot pensait que « Two Weeks in Another Town » (quinze jours ailleurs) était le plus beau film jamais réalisé sur le monde du cinéma. Ce quasi documentaire pessimiste quant au devenir du cinéma américain avec Hollywood en partie éxilé à Cinecita, pose avec une acquité inusitée de nombreuses questions. Qu’est ce qu’un artiste ? Un cinéaste ? un acteur ? Avec la projection privé de « The Bad and The Beautiful » le personnage de fiction, Jack Andrus, endosse le costume du vrai Kirk Douglas. Cette plongée devenue soudainement vertiginieuse est également un des paradoxes du film. Des femmes, toutes destructrices, attirent le tandem infernal Kruger le producteur (Edward G. Robinson) et son seul ami ( ?) Jack Andrus, star déchue, tombée dans la folie. Autre paradoxe, c’est en se libérant de l’une d’elle que viendra la rédemption, mais aussi pour son béguin du moment (Dahlia Lavi) comme pour son amoureux malheureux (George Hamilton). Mais Kruger ne domine plus son art, à cause d’une foi perdue, d’une absence d’étincelle et d’une perte de lucidité coupable. Minnelli résume en deux séquences de la scène du bateau. La première où Kruger se concentre davantage sur les effets techniques que sur le jeu des deux acteurs. Elle (Rossana Schiaffino) nulle et capricieuse n’est tolérée que parce que le maître la pelote assidument. Lui, star en doute, rebel et perdu, est coupablement ignoré et méprisé par le metteur en scène. Sans direction d’acteur et sans véritable mise en scène, le rendu est du niveau d’un médiocre téléfilm. Le retake réalisé par Angus, au contraire, fait la part belle à la direction d’acteur, au mouvent de la caméra qui accompagne celui de l’action. Cette petite leçon de mise en scène est la cerise sur le gâteau du côté documentaire sur la réalisation, avec l’importante de l’éclairage, des décors, de la direction d’acteur (Rossana Schiaffino/ Barzelli – Kirk Douglas/Jack Andrus, servent de support à un Minnelli très inspiré). Mais le génial cinéaste, comme à son habitude joue admirablement avec la couleur, où bien sur, le rouge domine, de la robe flamboyante de la Barzelli au rouge intense de la chambre où l’empereur Kruger vient d’avoir un malaise. A cette virtuosité picturale et décorative, s’ajoute, comme toujours une direction des second rôles très travaillée, avec une mention pour la délicieuse Dahlia Lavi (une des actrice les plus sous estimée du cinéma) et Claire Trevor qui justifierait à elle seule l’utilité d’un Sani broyeur. La création et le talent s’imposeront face à la réalité briseuse de rêve et Minnelli dont le nom sonne comme un vermouth et brille comme une rivière de diamant, l’illustre, comme nul autre, avec un brio qui force l’admiration. De retour d’exil après “Two weeks in Another Town”, Jack Andrus rechargé, repart vers Hollywood, prendre une revanche que le cinéma américain de fera pas, abandonné aux producteurs marchands de soupe de toute nationalité, tel Tucino (Mino Doro). Du, Dubon, … Minnelli.