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Jipis
42 abonnés
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3,0
Publiée le 6 juin 2012
Charité, stress, caprices, colères, névroses, banqueroutes, somnifères, drogues, alcool, orgueil, manipulations sont au menu contemplatif d’un acteur en décomposition tentant de se ressourcer dans une ville festive remplie d’enfants.
« Quinze jours ailleurs » établi un constat réaliste autant qu’alarmant sur un milieu dont la finalité se nomme déstabilisation, oubli et dépression. Des métiers d’ensorcelés ou le copinage n’est bien souvent qu’une bouée jetée sur une épave ayant visitée toutes les pièces d’un environnement manquant totalement de structures morales sécurisantes.
Du vieux metteur en scène au jeune comédien parano tout un système de façade est scanné de manière déprimante sur fond de ville éternelle imprégnée de nuits reposantes et joyeuses.
Toutes les facettes thématiques de ce milieu bien particulier perdent pied ou surnagent dans un contexte ou quelques révélations porteuses d’espoirs montrent un léger puzzle d’humanité.
Il y a par moments un peu de Doc Holliday dans l’interprétation de Kirk Douglas pour qui ce rôle semble être une aire de repos ou le comédien ne fait que restaurer un jeu d'acteur collant le mieux possible aux contraintes du scénario.
Le cheminement un peu trop classique de la globalité de ce film moyen attise l’appétit d’une vision des ensorcelés dont quelques images judicieusement choisies apparaissent dans cet opus manquant un peu d’électricité. Par contre la toile de fond Romaine vivifiante et indisciplinée est la bienvenue.
Quinze Jours ailleurs (titre assez laid) s'inscrit dans la lignée des Ensorcelés que Vincente Minnelli a tourné dix ans auparavant et dont on voit ici quelques extraits, en souvenir d'une gloire passée. Même thématique (tableau critique et satirique du monde du cinéma), même acteur principal (Kirk Douglas), mais déplacement de l'action à Rome, à une époque où Cinecittà prenait le pas sur Hollywood. Cette seconde mise en abyme ne souffre cependant pas la comparaison avec la première. Moins inspirée, moins subtile, malgré quelques répliques piquantes. Tout y est un peu trop appuyé. Les portraits du grand acteur déchu et névrosé, du jeune talent incontrôlable, du réalisateur tyrannique, du producteur avare et cupide manquent de nuances. Le jeu des acteurs également. Entre les luttes d'égo, les coups bas, Minnelli esquisse la renaissance d'un homme, mais peine à faire jaillir une émotion vraie. Il ajoute par ailleurs de la confusion et un déséquilibre en brodant un mélodrame échevelé, peu convaincant. Certains effets visuels (la course finale en voiture) ou sonores (musique envahissante) sont pompiers. Heureusement, le reste du film témoigne d'une stylisation élégante, notamment d'un soin particulier apporté aux couleurs.
« Quinze jours ailleurs » n’a malheureusement pas la belle vigueur cynique des « Ensorcelés ». Sa critique d’Hollywood est ici plus poussive, malgré des personnages attachants – en particulier l’ambigu Kruger, merveilleusement interprété par Edward G Robinson. Dans le rôle de l’acteur déchu, Kirk Douglas insuffle une dose de tragique à ce ballet du ressentiment où domine un sentiment d’amertume un peu trop démonstratif.
Film sur l'envers des films, mise en abyme tentante qui a été maintes fois utilisée. On retrouve le soin extrême apporté par Minnelli à ses décors et à leur symbolique et des acteurs exceptionnels, tout est donc en place pour produire un excellent film et le résultat ne déçoit pas.