Si le titre français évoque la nature et l’amour, le thème principal se trouve dans le titre original, « The indian fighter ». Nous sommes en 1955, et les westerns commencent à tenter de rompre avec l’image habituellement manichéenne des cowboys et des indiens. André De Toth nous propose même ici un quasi plaidoyer pro-indien ! L’écriture des personnages est travaillée pour sortir de ces schémas, avec un héros éclaireur (excellent Kirk Douglas) qui a un pied dans chaque communauté, qui symbolise la volonté de pacifisme entre les deux, tout en restant maladroit à travers son rapport amoureux avec une indienne, ou encore en étant parfois attiré par l’appât de l’or. Les indiens ont une écriture approfondie, les cowboys aussi, sauf peut être les « méchants ». Il y a des personnages secondaires intéressants aussi, comme le petit garçon fasciné par cet univers western, ou le photographe qui veut faire partager la beauté des paysages de l’Ouest tout en craignant les conséquences violentes de cet acte. Car la nature a aussi un rôle important. Les paysages de l’Oregon sont remarquablement photographiés. Ils servent surtout de cadre à la relation entre le héros et l’indienne, ce qui offre quelques belles scènes : le début avec l’homme voyeur et la femme qui se baigne, le premier baiser, l’image finale. Je regrette que cette relation ne soit pas plus longtemps exploitée, un peu noyée sous les autres enjeux dramatiques. Le film apparait comme un peu trop court à ce niveau, j’aurais aimé rester un peu plus en compagnie de ces personnages attachants. André De Toth filme très bien les scènes intimes ; celles avec l’indienne déjà mentionnées, mais aussi avec une jeune veuve de son camp. Les scènes d’action sont également réussies, quoique le final se termine de façon peut être un peu trop brusque. En général, l’équilibre entre action et intime est fort bien géré. En résumé, « The indian fighter » échoue de peu à être une grande histoire d’amour symboliquement très forte, mais réussit à être un western pro-indien très efficace.