Minority Report
Un film de Steven Spielberg
L’intérêt de Steven Spielberg pour le domaine de la Science-Fiction ne date pas d’hier. Il ne paraît pas inutile de rappeler que c’était en effet il y a vingt-cinq ans qu’il offrait aux spectateurs son génial Rencontres du Troisième type.
Peu de temps après, il confirmait son intérêt pour le genre, avec E.T l’Extra-Terrestre. Réalisé en 1982, le film démontrait le talent de conteur d’histoires du metteur en scène, tout en lui permettant d’exprimer une facette jusqu’alors inconnue de ses savoir-faire, sa capacité à susciter l’émotion. Près de vingt années plus tard, Steven Spielberg allait de nouveau s’intéresser au genre en mettant en scène A.I, Intelligence Artificielle.
Avec Minority Report, le cinéaste rappelle ce que l’on savait déjà, à savoir qu’il est avant tout un rêveur, doublé d’un technicien hors pair, un technicien avec lequel seuls George Lucas ou encore James Cameron peuvent peut-être rivaliser. Empruntée à une nouvelle d’un des très grands noms de la Science-Fiction, Philipp. K. Dick –déjà à l’origine de Blade Runner, Total Recall et Screamers-, l’histoire se déroule dans un futur proche, au milieu du vingt-et–unième siècle. Dans un district de l’Amérique d’alors, des créatures étranges, mais humanoïdes, ont des capacités pour voir l’avenir, et sont utilisées pour prévenir les crimes et donc combattre la criminalité.
Une entreprise privée a fondé tout un système répressif, ou plutôt « préventif », sur trois de ces humanoïdes (les pré-cogs), en créant une cellule d’intervention capable d’agir dans les plus brefs délais lorsque les prévisions des pré-cogs lui indiquent l’imminence d’un crime. Problème : quelle voie choisir lorsqu’un meurtre annoncé accuse le membre clé de la cellule d’intervention, John Anderton (qu’interprète un Tom Cruise à l’énergie communicative) ?
Minority Report n’est pas un film d’un optimisme fou, à l’image d’ailleurs de la plupart des livres écrits par Philipp. K. Dick. Outre la réflexion sur les dangers de la tentation, bien humaine, d’infléchir le cours du temps, Steven Spielberg s’est attaché à dépeindre une société policée à l’extrême, presque « aseptisée ». Son propos n’est pas dénué d’une certaine profondeur, et sa mise en scène véhicule une tristesse diffuse.
Les effets visuels auxquels a recours le réalisateur nous rappellent -s’ il était besoin- son sens fabuleux de l’image. Certaines sont très fortes, et il est d’ailleurs intéressant de remarquer qu’il ne s’agit pas des plus techniques, mais au contraire des plus dépouillées, épurées.
Avec Minority Report, Steven Spielberg est parvenu à restituer l’univers parfois étouffant, souvent paranoïaque, de Philipp. K. Dick. Les fans de S.F. apprécieront, les autres profiteront d’une poursuite haletante.