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JamesDomb
102 abonnés
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5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Profils paysans, chapitre 1 : l'approche est un film qui rend hommage aux petites gens, aux gens que nous connaissons ou que nous croyons connaitre. Le grand cinéaste-photographe Raymond Depardon fait oublier sa caméra et signe un portrait plein de tendresse, de respect envers les paysans. Premier volet d'un triptyque, "l'approche" permet de se familiariser avec les personnages sympathiques, loin de toute caricature et surtout permet de se rendre compte à quel point cette catégorie sociale est trop souvent oubliée. Depardon s'aventure là où les médias s'arrètent. Il pousse la porte, parle aux gens, les regarde vivre, capte les instants de vie. De grands moments d'émotion laissent place à un humour ravageur devant la tenacité de véritables hommes d'affaire comme dans cette séquence du ping-pong verbal lors d'une vente d'un veau "Tu vas le regretter !" "Non non" "Si je te le dis que tu vas le regretter !" "Non non !". On a envie d'en savoir un peu plus sur les protagonistes mais Depardon parvient à juste titre, à leur laisser suffisamment d'intimité tout en nous en apprenant. Les paysans de Lozère, d'Ardèche, de Haute-Loire et de Haute-Saône s'affairent comme de véritables vieilles cartes postales dont on pensait que le temps était révolu...Souvent composée de plans fixes, la réalisation de Depardon se rythme au tic tac des horloges des vieilles cuisines et au bruit du gaz réchauffant le café au petit matin. Ce premier volet se clot sur une note très émouvante. Des tranches de vie indispensables, un film qui fait du bien par son coté informatif, son intelligence de l'exploration intimiste du monde rural. Pour ne pas oublier.
C'est lourd, je n'ai pas pu réussir à contenir mes larmes à la fin… Si le reste du film est d'un calme envoûtant et assez incompréhensible (entre l'occitan et ceux qui parlent dans leur barbe) Depardon arrive à faire d'un plan très long sur un mec qui prend son petit déjeunez une chose magnifique à regarder. Ces corps vieux et malades, seuls, souffrants, ça m'émeut, je me sens triste pour ces gens (sans doute mon côté jeune), ces gens qui vivent reclus sans vrais amis, sans femme… C'est d'une beauté et d'une vérité…
À quelques jours de la sortie de son nouveau film, "12 jours", les Trois Luxembourg programme une rétrospective Depardon. C'est l'occasion de voir ou de revoir les réalisations les plus célèbres de ce grand documentariste, qui filma le monde derrière son objectif avant de se recentrer depuis une quinzaine d'années sur la France.
"Profils paysans" était un projet qui tenait à cœur à ce fils d'agriculteur monté à la ville pour faire de la photographie. Il s'agissait, quarante ans plus tard, de revenir sur les terres de son enfance pour y filmer les derniers témoins d'une paysannerie en voie d'extinction. Dans l'Aubrac, des veuves, des célibataires octogénaires cultivent encore quelques arpents, élèvent encore quelques bêtes dans des fermes décaties.
Raymond Depardon a pris son temps pour filmer ces paysans d'un autre temps. Il y a consacré près de dix ans. Il y a mis surtout une infinie tendresse. Très intrusive, sa caméra, qui filme sans fard des intérieurs modestes et des situations intimes - ainsi des soins qu'une infirmière prodigue à l’œil énucléé de Louis Brès - est toujours respectueuse. On sent que chaque interview a été préparée par de patientes discussions autour de la table de la salle commune et d'un verre de fine, histoire d'apprendre à se connaître et à s'apprivoiser.
Comme "Farrebique", "Profils paysans" constitue un fantastique témoignage anthropologique. Nous ne sommes plus en 1945, au temps où la vie paysanne était encore la norme d'une société qui tardait à s'urbaniser. En 2000, la paysannerie et son mode de vie sont à bout de souffle. Les fermes sont vides, silencieuses. Leurs derniers habitants sont des vieillards, témoins désuets d'une époque où l'on ne parlait pas encore le français. On les voit qui négocient leurs bêtes avec un maquignon ou qui tentent de céder leur exploitation à des jeunes agriculteurs fraîchement diplômés du lycée agricole dont on se demande avec consternation quelle charme ils imaginent à cette vie recluse. C'est le même constat que dressait "Sans adieu", le documentaire de Christophe Agou sorti le mois dernier.
Pourquoi alors ne mettre que deux étoiles ? Parce qu'en dépit de la révérence due à la démarche documentaire de Depardon, le rythme très lent de ses interviews, leur caractère répétitif, l'austérité voulue de ses décors, la tristesse de ses vies exténuées distillent un parfum d'ennui dont il est difficile de se défaire.
En voix off, Raymond Depardon explique en préambule le sujet de son film, les paysans de moyenne montagne et ses premiers contacts afin de gagner leur confiance (les premiers dialogues sont en occitan). Le tournage, débuté en automne et poursuivi en hiver, s’est déroulé en Lozère dans la région de Florac, en Haute-Loire, en Ardèche et en Haute-Saône. Il s’est intéressé à des fermes bovines ou ovines où vivent surtout des célibataires âgés (Louis Brès, 85 ans, opéré d’un œil, Raymond Privat, 71 ans, des neveux et oncles vivant ensemble) ou des veuves (Marcelle Brès, 85 ans, dont le fils de 60 ans est décédé de la maladie de Charcot et qui a une étable vide de 18 places). Beaucoup de scènes d’intérieur sont filmées avec une caméra fixe, parfois silencieuses (spoiler: telle celle où 4 personnes de la ferme arrivent successivement dans la cuisine pour réchauffer leur café du petit-déjeuner ). Il y a quelques scènes « optimistes » spoiler: avec la reprise de la ferme de Marcelle Brès par un jeune couple (22 et 23 ans) dont la femme attend un bébé ainsi que des scènes drôles spoiler: comme la discussion entre un éleveur têtu et un maquignon tenace pour la vente d’un veau ou entre un éleveur d’agneaux, Marcel Privat et un boucher, discutant du cours des carcasses ou entre Louis Brès et son vétérinaire, venu déparasiter les bovins, tout en discutant des avantages et inconvénients de la monte naturelle comparée à l’insémination artificielle ou l’interpellation du cameraman (Depardon) par un couple de Haute-Saône . Ça reste lent, long et parfois soporifique car la plupart des discussions restent très terre-à-terre (telle celle entre Louis Brès et sa voisine Monique Rouvière, sur le fonctionnement du four, du réfrigérateur et du congélateur). En fait, il y a un vrai sujet, les vieux paysans et leurs petites exploitations qui vont disparaître, thème qui aurait mérité une approche plus socio-économique tandis que l’approche plus sociale privilégiée par le réalisateur aurait dû se concentrer sur moins de personnages et d’aller et retour entre les départements : la solitude de Louis Brès, métaphore de la condition humaine, est touchante spoiler: (sa voisine Monique vient faire le ménage chez lui ainsi que la conversation), d’autant qu’il est handicapé d’un œil (longue scène où l’infirmière vient désinfecter son orbite vide) et que sa santé décline : transfert à l’hôpital de Mende puis en maison de convalescence le 9 février 2000 où… il décède le 7 mars suivant, le jour même où il avait convoqué son notaire pour son testament, n’ayant que 2 cousins germains, âgés de 85 ans. Raymond Depardon a pu filmer son inhumation dans un cimetière protestant près de chez lui, parmi une foule nombreuse. On y apprend que Louis avait perdu sa mère et sa sœur très tôt, de tuberculose. Une scène très émouvante, accompagnée musicalement par « L’élégie en do mineur, opus 24 » (1880) de Gabriel Fauré (1845-1924).
L'Approche (2001) est le premier volet de la trilogie “Profils paysans” où le célèbre photographe et réalisateur Raymond Depardon a entrepris un long voyage aux quatre coins de la France où pendant dix ans, il a suivi l’évolution de la vie agricole en moyenne montagne.
Un travail de longue haleine où le cinéaste nous immisce dans le monde rural où il a dû faire preuve de patience pour se faire accepter dans l’intimité de la vie agricole. Pas à pas, sans jamais forcer le destin, il a su gagner leur confiance et ainsi, se faire accepter au sein de leur exploitation agricole et nous permettre de découvrir des portraits aussi divers et variés. Retraités, célibataires ou jeunes couples, les profils sont très variés, la plupart sont à la retraite mais continuent d’y travailler, bien souvent jusqu’à la fin de leur vie, tandis que d’autres incarnent la nouvelle génération, fraîchement diplômés, à la recherche d’une ferme à exploiter.
Raymond Depardon n’est pas étranger à ce milieu, ce fils d’agriculteur sait de quoi il parle et c’est sans nul doute ce qui a pu lui permettre de se faire accepter et de pouvoir filmer avec autant de liberté. Ce film nous rappelle à quel point le monde paysan est fragile, ce sont eux qui nous nourrissent et ils devraient être bien mieux considérés et pourtant, ils restent déconsidérés et sous représentés dans la société.
Un reportage sur le monde paysan comme on en voit que trop peu, sincère, juste, très émouvant aussi, sans aucun artifice ; en témoigne la simplicité de la réalisation ; et qui enfin invite vraiment à visionner la suite.
On dit souvent que le cinéma est une fenêtre sur la fiction. Le cinéma fait réver, fait souvent passer du bon temps. Le cinéma raconte des histoires pour tout le monde. Ici le cinéma n'est rien d'autre que de merveilleuses tranches de vie. Humour, passion, temps qui passe, intimité, vieillesse, patience... Là le cinéma ne nous raconte pas d'histoires, elle nous montre la vie. Profils paysans vu bien de face.
Depardon réussi encore une fois sa plongé dans l'intime pour nous faire vivre une palette d'émotion qui rende au documentaire ses lettres de noblesse. Bref, un petit bijou à déguster sans modération en attendant la suite de notre histoire.....
Très bon moment. La caméra de Depardon filme une certaine paysannerie, celle des petites exploitations. On s'attache aux personnages et aux paysages qui nous sont présentés. Pas de commentaires superflus, pas de rajouts, que du vrai, que du bon ...