Film biographique, écrit et réalisé par Cédric Kahn, d'après le livre de Pascale Froment, Roberto Succo est un bon long-métrage. L'histoire est librement inspirée de la vie du tueur en série italien donnant son titre au film, et nous plonge donc dans le parcours criminel de ce jeune homme possiblement jugé fou. Ce scénario adopte le parti pris de nous montrer l'humanité et l'intimité de cet être rendu coupable des pires atrocités pendant toute sa durée d'à peu près deux heures. Cet angle d'approche nous montrant sa double existence est à la fois intéressant et frustrant. Il est intéressant car il permet de montrer une autre facette du tueur mais se veut frustrant car il a tendance à édulcorer ses crimes et à le dédiaboliser. Il faut donc être au courant en amont de ses exactions sinon quoi il est difficile de vraiment bien comprendre ce qu'il lui est reproché. De toute façon, globalement, le métrage se veut assez romancer même s'il reprend bien presque tous les véritables éléments du dossier. Hélas, le tout manque d'ambiance, de tension et de rythme, ce qui est franchement dommageable vu le curriculum vitae du coupable qui aurait du donner lieu à tout ces sentiments. En l'état, les scènes de meurtres et de courses poursuites sont peu haletantes. L'ensemble est assez bien porté par Stefano Cassetti qui, pour ses premiers pas au cinéma, joue l'homme aux multiples identités et nationalités. On ressent partiellement son côté instable, nerveux et sa folie, mais celle-ci aurait mérité à être encore plus poussée. Il est tout de même convaincant dans le rôle titre en dépit de sa faible ressemblance avec le véritable assassin. Du reste de la distribution, on retiendra surtout le visage d'Isild Le Besco qui interprète un rôle important malgré elle. Leur relation ambiguë fonctionne bien, notamment à la faveur d'échanges soutenus par des dialogues mensongers. Sur la forme, la réalisation du cinéaste français s'avère assez rudimentaire. Sa mise en scène fait très téléfilm et manque cruellement d'ambition. Cela se ressent notamment dans les environnements, même si ceux-ci sont conformes aux authentiques lieux où se sont déroulés les faits. Ce visuel très pauvre est accompagné par une b.o. franchement discrète. Ses compositions sont appréciables mais se font très peu entendre à l'écran et sont loin d'avoir un impact sur les images. Cette échappée meurtrière s'achève sur une fin brutale réussie, venant mettre un terme à Roberto Succo, qui, en conclusion, est un film de bonne facture mais pas à la hauteur de la démence de son sujet.