Les bidasses, les sous-doués, les charlots ou encore mon curé, la France des années 70 a conquis une réputation Nationale, avec un grand N, et sans doute aussi une grande haine pour les membres du CNC, en matière d’indigences non-drôles à la beaufitude assumée. J’avertis le nostalgique : malgré son pitch alléchant, Fais gaffe à la gaffe ! est inscrit à ce registre. Mais laissez-moi donc vous conter comment on en est arrivé là. A l’orée de la vingtaine, le cadet Boujenah tente de se faire un prénom en allant proposer l’impensable au mythique Franquin : adapter son Gaston en salles. Un peu trop magnanime, le bon André lui accorde le droit de reprendre ses gags, mais demande prudemment qu’on renomme les protagonistes. Exit donc De Mesmaeker, Prunelle, Mademoiselle Jeanne ; place à Mercantilos, Prunus et la belle Pénélope. Même Lagaffe répond dorénavant au sobriquet concis de « G ». Au passage, il devient bourreau des cœurs, musicien génial, inventeur astucieux et fils spirituel du boss, le paternaliste Dupuis, pardon, monsieur Dumoulin. Pendant que Prevost cabotine à ne plus savoir où donner de la tête, la jeune Chazel semble s’interroger sur sa présence ici – et bien-sûr, on la comprend. Mais c’est surtout Roger Miremont, auteur d’une performance remarquablement nulle, qui aimantera les regards des plus atterrés. Entre échanges verbaux de bar PMU et comique troupier des soirées sur TF1, on ne rit jamais, on sourit à peine, et encore, toujours au vingt-huitième degré. Heureusement le naufrage est bref. De nos jours, plus personne ne se rappelle le frère de l’humoriste pied-noir en chef dans la bande à Drucker. Tu m’étonnes.