Section Spéciale, 1975, de Costa-Gavras, scénario de Costa-Gavras et Jorge Semprun, ce dernier étant aussi le dialoguiste, avec Michael Lonsdale, Louis Seigner, Claude Piéplu, Jean Bouise, Yves Robert, Michel Galabru, Jacques Perrin…et une foule d’excellents comédiens, principalement de théâtre, apportant une densité extrême au moindre second rôle. C’est l’histoire, qui fait froid dans le dos, de la création, sous le régime de Vichy, d’une cours spéciale de justice, dont la vocation est clairement politique : trouver, au prix de dénis de justice et des pires compromissions éthiques, six « coupables » à condamner à mort dans les plus brefs délais, pour répliquer, avant même la moindre demande de l’occupant nazi, à l’assassinat d’un officier allemand. Pour ce faire, Pétain donne à Pierre Pucheu, Ministre de l’Intérieur, les pleins pouvoirs, lui permettant de faire « voter » une loi d’exception rétroactive. Servile, la France vichyste offre à l’ennemi qui n’en demandait pas tant, un échantillonnage de dossiers de juifs et de communistes (déjà jugés !), deux catégories de gens dont la vie, de toute manière, ne vaut rien…Le traitement du film est d’une grande sobriété, et le portrait fait de la magistrature française, carriériste, lâche, « aux ordres » est absolument terrifiant. Costa-Gavras a toujours l’art de nous faire revivre des pages d’Histoire dont le sens va bien au delà des histoires racontées. Car avant l’Histoire, il met en scène des hommes, bourreaux ou victimes. Le malaise qui s’en suit pour le spectateur est durable d’autant qu’à la libération, aucun de ces magistrats ne fut jugé !