Western signé Raoul Walsh, La rivière d'argent présente les ravages de l'individualisme, par le biais d'un personnage froid et inhumain, Mike McComb, joué par Errol Flynn. Le film commence par montrer son passé dans la cavalerie : en pleine guerre de Sécession, son convoi transportant un million de dollars de l'Etat est aux mains des ennemis. N'ayant d'autre solution et se sachant pris au piège, il préfère brûler le magot plutôt que de l'offrir aux Sudistes. Cette action lui vaut le renvoi de l'armée. C'est alors qu'il décide de ne plus écouter qu'une loi, la sienne, et nous assistons donc à la transformation d'un homme droit et courageux (prêt à brûler de l'argent pour la cause qu'il sert) en homme d'affaire crapuleux. Finalement, Errol Flynn, ici dans son dernier rôle pour Walsh, montre un peu ce qu'aurait pu devenir le Général Custer, personnage qu'il interprétait dans La Charge Fantastique, première colaboration avec Walsh, s'il avait perdu son fameux sens de l'honneur.
La rivière d'argent est donc un projet assez audacieux, puisqu'il donne à Errol Flynn un rôle détestable. Souvent incompréhensible, à la fois antipathique et pitoyable, ce McComb n'est pas éloigné de Daniel Plainview, le maniat du pétrole de There will be blood. Une base très audacieuse donc, mais à mon sens gâchée par trop de scènes mélodramatique et bavardes, surtout dans la dernière demi-heure. Le tout manque de conviction pour en faire un grand film, car Walsh se contente d'un travail honnête, d'une mise en scène légèrement académique pour faire avancer l'histoire - ce qu'on pouvait reprocher aussi au film précité. La musique de Max Steiner est elle aussi un peu balourde, trop appuyée, on l'a connu plus inspiré. Néanmoins, Walsh a tout de même un réel talent pour nous embarquer dans son histoire, qu'on suit jusqu'au bout - sans grande révélation, certes - mais sans ennui non plus.