Peu connu en France, « Zulu » est pourtant une référence du cinéma anglo-saxon, qui a inspiré de nombreux réalisateurs (dont Peter Jackson pour « The Two Towers »). Le film retrace la bataille de Rorke's Drift, qui impliqua à la fin du 19ème siècle une centaine de soldats britanniques, chargés de défendre un hôpital militaire de fortune, face à des milliers de guerriers zoulous. Un fait d’arme devenu célèbre -voire légendaire- outre-Manche. L’ensemble démarre posément, puis instaure une tension certaine et progressive dès que les Britanniques attendent l'arrivée implacable des Zoulous, très supérieurs en nombre. Ce jusqu’à la somptueuse bataille, clou du film qui s'étend sur plus d'une heure. En effet, « Zulu » dispose d'un incontestable souffle épique, avec ses centaines de figurants, et ses paysages naturels splendides (tournage en Afrique du Sud, à environ 100km du lieu réel). Mais surtout des scènes de combats diablement efficaces (beaucoup d'action, montage très dynamique, violence graphique prononcée pour l'époque, point de vue quasi permanent des assiégés...), une mise en scène soignée, et des personnages charismatiques. Le tout accompagné par la BO de John Barry, au thème principal majestueux. Stanley Baker est très convaincant en ingénieur militaire se retrouvant malgré lui à la tête d'une défense désespérée. Michael Caine marque pour son premier rôle majeur, où il incarne un officier méprisant qui apprend à respecter son homologue. Pour l’anecdote, de son propre aveu, Caine eut beaucoup de chance d’avoir le rôle. D’une part car le réalisateur était américain, alors qu’un Britannique aurait refusé de caster cet acteur d’origine cockney dans un rôle d’officier. D’autre part, car l’acteur, très stressé, fit un screen test semble-t-il épouvantable. Mais la production, contrainte par un départ imminent en Afrique et n’ayant personne d’autre sous la main, l’engagea quand même ! Signalons également que contrairement à ce que l'on pourrait craindre, on est très loin d'un film colonialiste ou d’une glorification béate de l’armée britannique. Les guerriers zoulous sont dépeints comme habiles, tacticiens, et ayant un sens de l'honneur, jusqu’à un final devenu célèbre. Ils donnent tout son sens à ce film qui traite avant tout du courage qui transcende les cultures et les nations.