Agréable petit film d’espionnage au charme légèrement désuet, mais qui fonctionne relativement bien, même si le scénario n’est pas spécialement transcendant. L’atout du film, c’est d’abord Michael Caine, très bon dans la peau de cet agent secret très différent de Bond. Pas vraiment séducteur (quoique !), pas trop adepte de l’action et du pistolet, il est aussi un poil grincheux. Caine incarne très bien ce personnage qu’il retrouve d’ailleurs après Ipcress. Autour de lui, un casting essentiellement allemand. Quelques bonnes surprises, notamment un Oskar Homolka qui s’amuse visiblement dans la peau d’un officier soviétique rusé, et Eva Renzi, radieuse, qui apporte certes une touche de charme, mais pas que, mais chut ! Dans l’ensemble, l’interprétation est bonne et les personnages, tous ambigus, crée un certain suspense et une certaine tension.
L’histoire tient la route, mais malgré tout, il y a des bémols. Cela vient sûrement du roman originel, mais je les souligne tout de même. D’abord, il y a une scission en plein milieu du film, entre une première intrigue prétexte pour en lancer une seconde. Je dis, pourquoi pas, mais faut avouer qu’on est super bien lancé avec la première histoire, et paf, on change presque de fusil d’épaule et la première intrigue finit aux oubliettes. C’est assez frustrant, car paradoxalement, la première intrigue est beaucoup plus efficace que la seconde, qui est un peu alambiquée et tourne autour de papiers à retrouver. Les deux histoires s’imbriquent assez faiblement en plus. Malgré tout, le rythme du film est plutôt bon, il y a des touches d’humour, des scènes violentes typiques du cinéma d’espionnage, des répliques bien écrites, et en définitive ce film n’est pas déplaisant. A noter quand même que le héros échappe un peu trop souvent miraculeusement à un sort pénible.
Formellement, on profite surtout des décors de Berlin pendant la période de partage de la ville et forcément, ça donne une ambiance très particulière et séduisante pour un film d’espionnage. Le film profite d’ailleurs des lieux en tournant dans plusieurs décors fameux. Guy Hamilton est parfaitement dans son élément et sa mise en scène appliquée décortique avec un certain plaisir les rouages de l’espionnage (avec pour point culminant la scène qui a donné son titre au film). C’est du bel ouvrage, porté par une bande son très « couleur locale » !
Pour ma part, Mes funérailles à Berlin m’a bien plu, mais faut reconnaître que j’ai trouvé le scénario un peu pépère dans ses intentions. Le partage en deux intrigues m’a paru relativement paresseux, de même que la manière dont le héros échappe continuellement à son triste sort par des procédés trop faciles. Après, c’est à voir pour les amateurs du genre, car il y a de quoi se faire plaisir quand même. 3