"Tendres Passions" raconte tout au long de leurs vies pleines de vicissitudes l’amour d’une mère et de sa fille. Jeune veuve, Aurora Greenway (Shirley MacLaine) s’est vouée à l’éducation de sa fille unique, Emma (Debra Winger), qui quitte Houston et le nid familial pour se marier et suivre son mari, professeur d’université, dans l’Iowa puis dans le Nebraska. Elle y a trois enfants mais son mariage, fragilisé par les infidélité conjugales de son mari puis par les siennes, bat vit de l’aile. Aurora en revanche trouve l’amour auprès de son voisin, un astronaute retraité (Jack Nicholson).
"Tendres Passions" est un film qui a connu une drôle d’histoire. C’est l’adaptation d’un roman de Larry McMurtry, un romancier américain qui a beaucoup travaillé avec le cinéma ("La Dernière Séance", un film mythique de Bogdanovich, est adapté d’un de ses romans, tout comme "Le Secret de Brokeback Mountain"). Le scénario avait beaucoup circulé à Hollywood avant que Paramount ne s’en empare et ne confie sa réalisation à James L. Brooks, un producteur dont c’était le premier passage derrière la caméra – et qui lui valu l’Oscar du meilleur réalisateur ! Le rôle joué par Jack Nicholson avait été proposé à Burt Reynolds, celui de Debra Winger à Jodie Foster, qui y avait renoncé pour sagement poursuivre ses études.
Le film remporta aux Etats-Unis un succès inattendu et une pluie d’Oscars, notamment pour Shirley McLane (meilleure actrice) et Jack Nicholson (meilleur acteur dans un second rôle). En revanche, Debra Winger était injustement oubliée. À sa sortie en France, quelques mois plus tard, il fut démoli par la critique et snobé par le public.
Car "Tendres Passions" est un film déconcertant, une saga familiale censée se dérouler sur une vingtaine d’annnées mais durant lesquelles les personnages ne prennent pas une ride, qui essaie de maintenir la balance entre la comédie, voire le vaudeville (la scène de la première nuit entre Aurora et son voisin) et le mélodrame (la fin tire-larmes de Emma).
Le voir près de quarante ans plus tard est une sacrée expérience qui nous replonge dans les 80ies dès les premières images et les premières mesures de la célèbre musique de Michael Gore. Tout y semble démodé, depuis les coiffures de Debra Winger jusqu’aux shorts de bain de Jack Nicholson et à l’intérieur surchargé de la chambre à coucher de Shirley McLane. On peut être allergique à ce kitsch suranné ou au contraire apprécier cette madeleine tendrement nostalgique.