Tendre, mélancolique, joyeux, véritable, le film de James L. Brooks dresse un portrait de la jeunesse et de la vieillesse à travers deux femmes qui sont fille et mère. Shirley MacLaine interprète une femme qui se désintéresse de tout homme, ne pensant qu'à élever son unique fille en la couvrant d'amour maternel. Debra Winger compose le personnage de la fille qui, au contraire de sa mère, ne pense, arrivée à l'âge adulte, qu'à croquer la vie avec l'homme qu'elle aime. Le film montre bien les portraits opposés des deux femmes. La mère étant dotée de l'amertume et de la sagesse, connaissant bien sûr les difficultés de la vie, voit dans le mari de sa fille un homme opportuniste et volage, bref un genre qu'elle ne désirait pas pour son enfant. La fille possédant un caractère naïf, simple, franc, clair, appartient à la génération qui ne se soucie de rien, pensant que son homme est le prince charmant qui la comblera de bonheur en lui assurant foyer, enfants, argent et bonheur. Le réalisateur distingue donc deux catégories: la sagesse et la folie de la jeunesse. Ce film montre la vie telle qu'elle existe, chacun de nous peut s'identifier à cette intrigue, l'optimisme de la jeune femme est très vite remplacé par la souffrance et la déception. Rien d'artificiel n'est usé dans ce film, tout sonne vrai, l'amour est un sentiment versatile et éphémère et au bout du compte le réalisateur veut démontrer que le mariage ne sert qu'à rendre prisonniers deux êtres qui font des enfants d'abord puis qui se séparent, c'est du moins ce qui est réservé à la jeunesse. Quant aux personnes âgées, qui ont suffisamment vécu pour savoir que ni l'homme ni la femme ne répondra aux exigences de l'un et de l'autre, elles profitent du moment présent. Jack Nicholson est extraordinaire en ancien astronaute qui ne songe qu'à montrer à sa voisine que la vie ne se résume pas à se marier et à élever des enfants. En fin de compte, le long-métrage montre que personne ne contrôle rien, la vie peut soudainement s'arrêter à cause d'une maladie mortelle comme elle peut continuer si l'on se met en tête qu'il faut savoir profiter de chaque minute que la vie réserve à condition de ne dépendre de personne. Au final, le réalisateur affiche le portrait de la vie dans les années 1980, amère et dure pour les jeunes comme elle peut devenir le théâtre d'expériences extraordinaires et magnifiques pour ceux qui décident de vivre en amis et non pas en pseudo-amoureux. Un film clair, mélodramatique certes mais brillant dans son analyse.