Dracula, pages tirées du journal d'une vierge a reçu le Grand Prix du Festival du film fantastique de Sitges (Espagne), en 2003.
Au départ, Dracula est un ballet chorégraphié par Mark Godden, d'après l'oeuvre de Bram Stoker, sur une musique de Gustav Mahler. C'est la télévision canadienne qui a demandé à Guy Maddin de réaliser un film à partir de ce ballet.
Guy Maddin était conscient des risques d'un tel projet qui mêle chorégraphie et cinéma : "Puisque nous étions tous d'accord pour ne pas en faire un simple enregistrement du spectacle mais quelque chose de regardable, il fallait faire en sorte qu'elle soit moins obscure que ce qu'elle était dans sa version scénique. J'ai ainsi ajouté de la pantomime, ainsi que des intertitres pour que les gens sachent que, s'ils étaient momentanément perdus, un carton allait bientôt venir, qui les remettrait sur les rails. Je voulais également en faire un film normal où il s'avère simplement que les acteurs dansent. J'aurais donc mes quotas de gros plans, de plans moyens et de plans larges."
Dracula... présente la particularité d'associer des procédés rudimentaires aux technologies les plus pointues. " C'est sûrement le film canadien qui utilise le plus la technique numérique... et le film super 8 le plus cher jamais tourné !" s 'amuse Guy Maddin. "Un film en Super 8 à 1,6 million de dollars canadiens, parce que les quelques plans tournés en Super 16 que nous avons gardés, nous les avons dégradés. Mais c'est vrai, la presque totalité des 2000 plans du film a été traitée numériquement."
Si Dracula... est majoritairement en noir et blanc, des touches de couleur ont été ajoutées, du rouge pour le sang, et du vert pour les billets.
Une seule version cinématographique de Dracula trouve grâce aux yeux de Guy Maddin : "J'ai vu tous les Dracula qu'il m'a été possible de voir, et comme je me le rappelais de l'enfance, presque tous m'ont ennuyé. Seul celui de Dreyer semblait beau et mystérieux (...) J'ai décidé dès le début que j'en ferais l'adaptation la plus fidèle jamais faite. A ceci près, étrangement, qu'elle serait dansée", confie-t-il.
Le cinéaste canadien a une théorie originale sur l'oeuvre de Bram Stoker, qu'il illustre par son film : "Pour moi, Dracula n'existe pas, il n'est qu'un désir enivrant qui flotte de femme en femme. Quant aux hommes, soit ils ont l'impression de le voir, soit ils sont juste paranoïaques, sur leurs gardes, suspicieux, et ils passent leur temps à réprimander les femmes (...) Bram Stoker avait beau être un monstre de racisme et de sexisme, il semble avoir de la sympathie pour les femmes lorsqu'il maltraite ainsi les hommes. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un livre féministe, mais il est clair qu'il met en accusation l'Angleterre coloniale ainsi que la jalousie du mâle."
C'est une troupe originaire de la ville natale du cinéaste, le Royal Winnipeg Ballet, qui danse dans Dracula....