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    Koyaanisqatsi, la prophétie
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    69 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 9 septembre 2014
    À part livrer ses impressions, que dire objectivement d'un film montrant une succession d'images sous tous plans et angles possibles, superbes ou dérangeantes et, le tout, sans qu'aucun mot ne soit prononcé?Ode à la beauté de la nature, en un premier temps, puis ode au génie industriel humain doublé d'une dénonciation de sa démesure constructrice et de sa capacité destructrice.Solitude et ennui dans le fourmillement, frénésie de la vie moderne puis, individualités diverses prises sur le vif, pour rompre un peu avec les aspects robotiques de la grosse machine sociétale.Une œuvre que chacun ressentira par rapport à son vécu mais, dans l'absolu, on peut dire que la manière, notamment dans l'orchestration des divers plans rythmés par la musique dite répétitive (ou minimaliste) de Philip Glass, a quelque chose de fascinant et de particulièrement hypnotique. Si bien que l'on n'éprouve aucune lassitude malgré l'uniformité de la démarche... à moins, peut-être, d'une mauvaise disposition.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 septembre 2014
    Au commencement, il y a eu la nature. Belle, verdoyante, paisible, ne vivant sous aucun dogme, selon ses propres règles et ses propres envies. Ensuite il y a eu l'Homme, être avide de pouvoir, de destruction et de guerre. Être essayant de faire mieux que son prochain,en vain, produit de la société, prostitué de la publicité. Parasite, insecte, fourmi qui suit une directive de vie, véritable inconnu dans la masse, sans personnalité, aucune, attendant son tour, attendant la mort. Arpentant les boulevards sans réel but comme sa propre vie qui n'a aucun sens, à part celui de la mort. Mettant en fonction les règles du taylorisme, travaillant à la chaîne, marchant à la chaîne, mourant à la chaîne, tel que la société le conçoit. Admirant le produit de sa propre fin, avide de la technologie qui le détruira un jour ou l'autre. "Koyaanisqatsi" est un pamphlet contre cet être. Véritable film sur la vie et la mort, propres à l'humanité. Film sur la déchéance. Film sur et contre l'Homme.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 18 juin 2014
    Un grand moment de bonheur que de revisionner ce film extra-ordinairement-terrestre. Un Philip Glass particulièrement en grande forme pour cette première de la trilogie !
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 8 mars 2014
    Le sujet surement novateur pour l'époque marque moins aujourd'hui on les différents procédé pillé par les clips et la TV. Mais Koyaanisqatsi c'est avant tout une multitude d'images plus marquant les une que les autres, le film film est sans doute l'une des vision les plus terrifiant de l'humanité depuis le Metropolis de Fritz Lang et pourtant la pas de fiction, Godfrey Reggio nous montre des images choc de la société moderne. On à une réel impression d'infini microscopie et une remise en question de la place de l'homme (véritable fourmis éduquer) dans le monde s’installe dans notre tête à chaque séquence. La musique du film est l'une des plus belle écrite pour le cinéma (et donne vraiment envie de lancer Watchmen dans la foulé).
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 069 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 octobre 2013
    Il y a forcément des choses à dire sur un film comme celui-ci, mais en même temps tout est déjà dit en voyant le film. Mais je pense qu'avant même le propos du film (où si j'ai bien compris tout le monde y voit ce qu'il veut, même si ce que montre le film me semble malgré tout foutrement évident), c'est le côté fascinant qui me marque. On est là pendant 1h20 à regarder des images et à écouter de la musique, rien de plus, rien de moins et ce qui est remarquable, c'est que l'on ne se fasse pas chier une seule seconde, que l'on est entraîné par le rythme des images, cette musique sourde et lancinante, répétitive.

    D'ailleurs j'ai l'impression que le thème du film est la répétitivité. Tout le monde fait tout le temps la même chose, tout le monde fait la même chose que son voisin, on produit en masse la même chose, tout est pareil.
    On a cette vision de l'être humain vu d'au-dessus comme s'il était une fourmi, on observe ses tâches vides de sens, automatisées, routinières, banales, mais toujours avec cette fascination.

    Le film ne se montre pas non plus méprisant, l'absence de commentaire, de voix off venant dicter quoi penser est une singularité intéressante. On en tire effectivement tout seul les conclusions qui doivent en être tirées. Lorsque l'on voit tous ces gens se suivre comme des fourmis à l'entrée du nid...

    Malgré ces quelques portraits qui parsèment le film, le film montre l'humanité en tant que groupe, pas comme la somme de quelques individus célèbres. Facile de dire du bien de l'humanité en citant De Vinci et un ou deux autres noms fameux. Non il s'intéresse vraiment à ce groupe, comment il se comporte. Et le mépris vient du spectateur, pas forcément du film (bien qu'il l'induise en montrant l'humanité sous ce jour).

    Ce parallèle entre les circuits électriques et les villes, bien gentiment organisées, où tout le monde va bien là où il faut, quand il faut...

    C'est une expérience intéressante. Le fait de ne pas apporter forcément de réponses, juste une explication de ce que veut dire le titre à la fin permet à chacun de réfléchir sur le sujet, de ne pas donner trop de pistes de ne pas dicter au spectateur (de façon condescendante) ce qu'il doit faire ou doit penser. C'est à lui de faire le constat.

    Spamal.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 25 septembre 2013
    Comme pour les deux films qui suivront, le titre est en langue Hopi (Amérindiens d'Arizona). Ko yaa nis qatsi signifie : mode de vie illogique, irréaliste, qui appel au changement (comme pour les deux autres, ces explications sont données en anglais à la fin du film). Vous l'aurez deviné, le Koyaanisqatsi, c'est notre qatsi contemporain (qatsi = mode de vie). Chaque image est une pièce du puzzle, qui forme un portrait du monde tel que nous l'avons façonné. Et selon Godfrey Reggio, il est moche.

    Je préfère parler des défauts des films plutots que de leurs qualités. Le problème, c'est que parler des quelques défauts de Koyaanisqatsi dégoûtera tout le monde instantanément. Pourtant, même si je vais donner l'impression de ne pas l'aimer, je vous assure qu'il est génial.

    Alors allons-y. Constituée exclusivement de plans de paysages des USA, la première partie sert à deux choses : à montrer que là où il n'y a pas l'homme, il règne le calme et une harmonie que jamais on ne retrouvera durant le film, et à mettre le spectateur dans le rythme et l'ambiance du film, lui faire comprendre ce qu'il s'apprête à voir. C'est un drôle de choix que de la faire durer aussi longtemps, mais c'est mieux comme ça que si c'était trop court.

    Vient ensuite la deuxième partie, qui représente la grosse majorité du film. Là encore, toutes les images ou presque proviennent des Etats-Unis, mais leur contenu tout à fait généralisable à l'Europe et une bonne partie de l'Asie. C'est un portrait de notre monde, où tout, absolument tout, est basé sur la quantité, la démesure, et le consommable. Des usines de productions, aux réseaux routiers, aux cités-dortoirs, tout y passe. Chaque plan est un élément de plus qui renforce le message du film. Il y a de très nombreux plans en accélérés (pas désagréables, ils sont bien fichus pas comme dans de nombreux films ou c'est fait à l'arrache) ou des gens, des voitures, des objets défilent en permanence, sans s'arrêter. Tout est présenté comme faisant parti d'une fourmilière faite d'automatique et de béton. Les hommes ne font que passer. Chaque détail de la vie quotidienne prend des proportions industrielles, donc paradoxalement la quantité folle d'humains présents déshumanise le fonctionnement de la société.

    Mais là vous vous demandez surement : "c'est très intéressante, mais le film alors c'est quoi, des images accélérées ? C'est tout ?" Non, c'est un ensemble cohérent, rythmé par une musique vraiment excellente. Chaque image apporte un élément différent. Mais même malgré ça, plusieurs spectateurs finiront par décrocher durant cette partie du film. C'est pour ça qu'il s'interprète très subjectivement : certains sont captivés, à chaque plan ils découvrent autre chose, et y voient une oeuvre d'une grande diversité ; a contrario, dès les premières minutes certains ne seront pas dans le rythme, et ils n'y verront qu'un bordel visuel répétitif. Je précise tout de même que peu de gens restent sceptique face à ce film : d'apparence chiante pour beaucoup, il ne l'est vraiment que pour très peu.

    La fin du film est vraiment troublante. C'est un plan-séquence de plusieurs minutes d'une fusée au décollage. Si le plan est aussi long, c'est pour illustrer cette métaphore simple : "plus on tombe de haut, plus la chute est longue."
    4rioN
    4rioN

    35 abonnés 41 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 juin 2013
    Des photos animées, pas un mot, un message fort et une musique magique pour un envoutement presque physique !
    Appeal
    Appeal

    157 abonnés 569 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 avril 2013
    Parfois nous n'avons pas de catégorie pour classer les films. Koyaanisqatsi est classé documentaire sur le site, mais il n'en est pas réellement un, puisque le film de Godfrey Reggio ne donne aucun renseignement déterminé sur le monde qu'il présente, même si cela est fortement suggéré; ce n'est pas non plus un simple album photo, puisqu'il y a derrière une trame narrative décelable. On est à la croisée des genres, et s'il fallait catégoriser l'oeuvre, on pourrait simplement dire que c'est une expérience brut et sensible de notre monde moderne.

    Je me dois de faire un point de méthode avant de rédiger cette critique. Comme toujours, je prend des notes au fur et à mesure du film, et après généralement j'en fais un gros résumé général, coupé de la progression du film. Après avoir relu mes notes, je me suis dis qu'ici, la meilleure façon de parler de Koyaanisqatsi, c'était d'en parler dans sa progression propre. Cette progression, assez unique et forte en sensations, est à mon sens indissociable du sujet qui fait appel à la notion de temps, plus précisément aux notions d'évolution voir de finalité.

    Le film commence par de superbes paysages, que l'on suppose américain. Une première séquence d'environ 10 minutes absolument magnifique. Godfrey Reggio, et surtout son photographe Ron Fricke, savent comment s'y prendre pour saisir au mieux la nature. La caméra est idéalement placée, elle oscille entre la photo et le film. La nature est présentée immobile, solide comme un roc, grandiose mais intouchable. Apparaît alors presque la philosophie dans son origine : alors que la nature se présente une, unifiée, comme Parménide la pense, voilà que le mouvement apparaît; la nature devient Héraclitéenne. Les réalisateurs jouent à un subtil jeu de la nature qui s'éveille : un plan fixe sur un objet immobile, et la nature qui commence à bouger autour; fumées, ombres et éclaircies, nuages puis animaux... La temporalité apparaît, le monde est en marche.

    La suite des événements? L'arrivé de l'homme. L'opposition culture et nature déjà marquée, mais tel le jardin d'Eden, le jugement moral n'est pas là encore. L'homme est dans cette nature, il a une place... qui devient de plus en plus grande, de plus en plus majestueuse. L'homme s'impose comme force, force qui petit à petit prend forme dans son opposition à la nature. Tout commence par l'armée, la destruction, et les explosions. Quelle sera la suite?

    La nature disparaît peu à peu au profit de la culture. Vient alors la société, l'artificiel (sans sens péjoratif), la raison; autrement dit, la technique. L'homme nous impressionne. Il semble évoluer sans limites. Il bâtit des cités majestueuses, fascinantes; de la nature il produit des objets complexes, maîtrisés, mathématiques. La nature disparaît totalement.

    La technique et la mathématique prennent le relais. Les hommes tracent des lignes, comme ces autoroutes et ses automobilistes qui roulent dans le même sens... Un sens géométrique : lignes droites, parallèles, diagonales, alignement, carrés, rectangles. Cette géométrie, tout d'abord nous fascine. Puis, rapidement, le message se met en place. Cette géométrie nous fascine, mais elle nous inquiète.

    La science est partout, comme ce bateau nommé "e=mc2". Ou ces barres d'immeubles, de logements de masse. Un malaise apparaît. Ces barres d'immeubles sont trop droites, trop alignés, trop renfermés. Elle nous donne l'impression d'une prison. D'un enfermement. La morale s'esquisse alors : et si le progrès technique, dans sa logique d'évolution propre, enfermait l'homme plutôt qu'il le rend libre? Est-ce que l'homme s'enfonce de plus en plus dans une "Grande Illusion", comme l'affiche en arrière plan un panneau publicitaire?

    Cette prison géante prend forme petit à petit. Ces passants qui suivent le même chemin du trottoir; ces voitures qui roulent dans le même sens; ces gens qui s'entassent dans le métro. Et le parallèle fait avec les puces électroniques : les individus ne seraient-ils que des électrons qui se dirigent dans une puce électronique géante, appelée ville? On nous le confirme avec des éléments de vie quotidienne : qu'est donc le travail à la chaîne si ce n'est de suivre des lignes tracés. Que sont donc les supermarchés si ce n'est suivre le mouvement incessant de la caissière. Qu'est donc ce jeu vidéo, Pac-Man, où la boule jaune évolue en ligne droite dans un univers clos. Et le bowling, n'est-ce pas suivre avec la boule la droite ligne qui nous mène aux quilles? Autant de détails qui nous prouvent que l'homme, de plus en plus, se meut uniquement dans des droites, et jamais ne dérive.

    Pire encore que les lignes droites, les barrière. Où verrait-on, dans la nature, des portes? Des barrières à l'entrée du métro? Des habitats privés? Des barrières de sécurité? Des panneaux de signalisations? L'argent devient un passe-droit. Nous voulons un monde libre, mais où est la liberté quand on érige, au nom de cette liberté même, des barrières?

    La "Grande illusion" bat son plein jusqu'au final, où une fusée, qui trace son chemin en une droite ligne vers le ciel, explose en plein vol... la référence christique est évidente; après l'introduction en jardin d'Eden, l'homme naît en explosion, et redevient explosion.

    Disons-le, formellement, l'oeuvre est parfaite, avec toujours de subtils jeux de plans, qui jouent sur l'infiniment grand ou petit, sur la lumière du jour et de la nuit, sur la frénésie du monde moderne. La musique sert de paroles pour le film. Ainsi, selon son ton, on saisit la gravité ou la légèreté des images. Surtout, j'ai apprécié le travail des réalisateurs, qui tout en critiquant la logique propre à la technique, qui enferme l'homme dans sa propre création, souligne la certaine beauté de ce monde artificiel, et tout son pouvoir fascinant qu'il exerce sur nous - dans sa construction comme dans sa destruction. Un magnifique film d'images qui font appelles aux sens.

    Moralement, il est plus difficile de juger le film. Je ne suis pas partisan du scepticisme technologique. Ma fascination pour la science et le progrès scientifique reste plus grande. D'autant que Ron Fricke et Godfrey Reggio évoquent assez peu tout ce que la technique a pu engendrer de meilleur, comme les progrès en médecine par exemple. Mais ce qu'ils dénoncent reste ancrés dans une certaine réalité. La présentation de cette réalité, par ce roman photo musical, est particulièrement réussit, et puisqu'on parle avant tout de cinéma, c'est bien là l'essentiel.
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    142 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 mars 2013
    C'est bien beau les critiques de films récents mais une fois de temps en temps il faut bien aborder certains films qui méritent qu'on les remette au premier plan. Coup d'oeil aujourd'hui sur le film Koyaanisqatsi réalisé en 1982 par Godfrey Reggio. Point de fiction ici, il s'agit d'un film documentaire expérimental sans voix-off ni interventions, bref un film sans paroles d'une heure et demie où seule l'image fait office de narratrice. Oui, oui, ça ne parle absolument pas et pourtant ce film en a des choses à dire. Qu'est-ce qui se cache donc derrière ce titre qui semble barbare à première vue?

    Je ne savais pas réellement ce dans quoi je m'embarquais en lançant le Bluray de Koyaanisqatsi. Mais une fois le voyage fini, je savais que je venais de vivre une des plus grandes expériences cinématographiques de ma vie. C'est bien simple, c'est un film qui m'a scotché sur mon fauteuil du début à la fin et j'ai eu du mal à émerger suite au choc que je venais de recevoir dans la figure.

    Ce documentaire aborde plus précisément l'évolution de l'homme contemporain et de son environnement. Les premières minutes du film font la part belle aux sublimes décors naturels américains chargés d'histoire et berceau de leur civilisation. S'enchaînent ainsi les prises de vues plus sublimes que les autres nous montrant à quel point la nature est belle. Dit comme ça, on pourrait s'attendre à un film écologique comme il en existe des centaines mais c'est heureusement bien plus que ça.

    Si le film nous montre des choses sans aucune explication orale il n'est pas dépourvu de son pour autant. A vrai dire Koyaanisqatsi est une chorégraphie géante. Des états naturels nous passons directement aux avancées techniques avec l'apparition de machines à l'écran en train d'aménager l'espace avant de faire diverses escales dans des villes donnant l'impression de toucher le ciel avec leurs hauts buildings où vivent des millions de fourmis: les êtres humains.

    Reggio revient à l'essence-même du cinéma avec une narration par l'image rythmée par l'exceptionnelle composition de Philipp Glass. Rarement on aura vu une telle harmonie entre l'image et le son. C'est comme ça que Koyaanisqatsi nous raconte une histoire, par le biais d'un ingénieux montage couplé à une bande-son absolument délectable. C'est du délire cinématographique! Koyaanisqatsi est une des oeuvres les plus audacieuses qu'il me fut donné de voir, j'ai eu l'impression permanente que Reggio, cinéaste pourtant très méconnu, réinventait le cinéma.

    D'un rythme unique, Reggio nous embarque dans son monde, dans notre Monde. Toute cette vie grouillant dans les villes, avançant sans but, ne semblant vivre que pour travailler. Les plans fourmillent de détails, impossible de tout voir du premier coup. La caméra capte la vie mieux que n'importe quel oeil. Les connaisseurs ne manqueront sûrement pas de penser à l'Homme à la caméra, ou à la théorie du ciné-oeil en général, de Dziga Vertov qui disait que le cinéma pouvait retranscrire le réel de manière plus profonde encore grâce à ses multiples capacités formelles. Cette théorie prend tout son sens ici, par le biais de ralentis, d'accélérés et de multiples procédés techniques, Reggio nous offre une réflexion plus poussée sur l'homme, son origine, son présent et même sur son futur.

    L'être humain n'apparaît, à première vue, que comme du bétail qui s'entasse et semble dépourvu de personnalités. J'ai encore en tête ce plan où la Bourse semble occupée par des fantômes, ces plans où les escalators et les métros "vomissent" leurs utilisateurs. Couplées à ceci, nous retrouvons également ces multiples images qui semblent confirmer que l'homme se conduit lui-même vers sa propre perte en polluant, en détruisant. Mais Reggio ne vient jamais donner de coup de coude à son spectateur, il ne juge pas ce qu'il filme. Au contraire, le propos est d'une grande modestie, il ne fait que montrer. Et les images nous révèlent ce que nous sommes et ce vers quoi nous allons.

    Pour autant, l'être humain n'est pas méprisé. Si pendant une bonne heure nous avons l'impression de ne contempler que des fourmis, à un moment donné le défilé frénétique cesse et la caméra s'arrête dans la rue, en plein milieu d'une foule opaque. Elle capte quelques visages qui en disent beaucoup. On y voit des personnes regardant la caméra d'un oeil amusé, d'autre d'un oeil agacé, d'autre d'un oeil méfiant. On voit ce vieil homme contraint de mener des visites guidées pour s'en sortir financièrement pendant ses vieux jours, on voit cette femme qui galère à allumer une cigarette... On voit une multitude de visages, de personnes qui ont une petite histoire à nous raconter, une personnalité bien définie. L'occasion de montrer qu'il y a bien une vie dans cette fourmilière, des entités qui existent, ressentent des choses. Des esprits qui s'entrecroisent chaque jour sans y prêter attention.

    Même si un côté alarmiste et déprimant peut ressortir du film, il y a bel et bien une part d'humanité qui nous est révélée et qui nous prouve que nous existons bel et bien, qu'il y a un Moi derrière chacun. Koyaanisqatsi nous emmène loin dans la réflexion, nous pousse à nous questionner sur nous-mêmes et le monde qui nous entoure sans pointer personne du doigt. Telle est la force de ce documentaire.

    Si je prends la peine de parler de ce film c'est parce qu'il m'a embarqué très loin, me transcendant comme rarement. Visuellement ce film est époustouflant, une véritable merveille esthétique. L'oeil n'a pas de répit, les plans magnifiques s'enchaînent sans pause. Les villes, symboles de l'industrialisation galopante et de l'abîment de la nature, sont pourtant montrées sur le jour tel que nous les connaissons. Belles et majestueuses. Ces plans symétriques des gratte-ciels, ces passages en accéléré sur des autoroutes ou dans d'autres endroits nous montrent une réalité tout aussi sublime que destructrice. Pour autant la forme ne contredit jamais le fond, on constate juste l'étendue du savoir-faire humain teinté de toute la beauté que celui-ci peut inculquer à ce qu'il créé.

    Le réalisateur a ainsi voulu nous montrer "la beauté de la bête" d'après ses dires, c'est réussi. Tour à tour nous passons d'une observation globale, d'un constat amer, d'une critique vive à la sensation que l'être humain a bel et bien une personnalité et une existence propres mais que sa liberté n'est qu'illusoire. Il y aurait matière à disserter des heures sur ce film, et pourtant le visionnage passe crème. Le film nous offre une plaisir immédiat et continue à nous hanter des jours et des semaines après visionnage. Bref, appelons ceci un chef d'oeuvre, c'est une définition plus simple.

    Ce documentaire nous fait vivre une expérience des plus exaltantes et malgré que ce qu'on pourrait croire, j'ai du mal à expliquer textuellement les raisons pour lesquelles ce film est juste grandiose. Intelligent dans son montage et sa manière d'aborder son sujet, profond grâce à la réflexion qu'il nous propose et audacieux dans son concept, Koyaanisqatsi est pour ma part l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. Ca a 30 ans et pourtant ça n'a jamais été autant d'actualité. Cette expérience sensorielle inouïe mérite d'être vécue pour tout ce qu'elle contient et ce qu'elle à nous proposer. Expérience si intense qu'à plusieurs moments donnés les larmes me sont montées. Un voyage extraordinaire bercé par la sublime composition de Philipp Glass, une pépite qui m'a pris au tripes du début à la fin. Mais qu'attendez-vous donc pour le voir!
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 24 février 2013
    Indescriptible, voilà le mot qui cerne parfaitement cette oeuvre monumentale. Derrière ce titre des plus énigmatique se cache certainement l'un des plus grands films jamais vu, allant au-delà de son statut cinématographique pour devenir une expérience immersive et puissante. Car la principale caractéristique de Koyaanisqatsi est sa narration d'une rare fluidité, suivant un ordre à la fois logique et surprenant, dressant le portrait de la société vu de haut, alternant entre la foule et l'individu au milieu de cette foule. On suit ainsi cette société en s’immisçant dans ses profondeurs, ses aspérités et même sa violence. Ces thèmes riches sont traités d'une manière inédite, puisque cette oeuvre muette ne se repose que sur ses images et la musique de Philip Glass. La mise en scène prend donc deux formes principales, le panorama qui présentent la société sous une vue d'ensemble et les plans larges au sein de la ville, présentant la face cachée de cette ville. Dans cette idée, on pourrait d'ailleurs trouver de nombreuses similarités avec les temps modernes de Chaplin, film contemporain édifiant sur une société de masse où l'individu a cessé d'exister. Ainsi, on retrouve de nombreuses comparaisons entre les hommes et les machines, se complétant, se remplaçant. Il faut aussi noter que les plans du film suivent deux chemins différents, certain étant ralenti et d'autres accélérés, accentuant toujours cette effet de masse. L'image prend donc ici tout son sens, devenant l'unique centre d'interêt dans cette expérience immersive, renforcée par une musique grandiose et hallucinante qui montre le gigantisme de notre civilisation.
    Koyaanisqatsi n'est donc pas un film qui se voit mais bien un voyage unique d'une rare puissance.
    JeffPage
    JeffPage

    39 abonnés 534 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 janvier 2013
    La conjonction de 3 talents donne vie à l'un des meilleurs documentaire visuel de l'histoire. Dirigé par Godfrey Reggio, mis en images par Ron Fricke sur une musique de Phillip Glass, le film est tout simplement une chef d'oeuvre dont le image magnifique et la musique hypnotique ne vous abandonneront jamais. Ce film est aussi le premier d'une trilogie et les prémisses de Baraka, sorti 10 ans plus tard et encore plus beau que Koyaanisqatsi. Un film incroyable qui ne trouve aucun superlatif qui lui aille tant il est unique en son genre.
    Jahro
    Jahro

    55 abonnés 684 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 février 2014
    Koyaanisqatsi, l’œuvre contemplative par excellence. Une curiosité à tendance hippie, qu’on rangerait moins parmi les films qu’au rang des vidéos d’art. Qui se regarde comme on parcourt une expo, en laissant l’esprit divaguer de pièces en pièces, s’évader dans le décor, fixer un point, suivre la lumière, ressentir un regard, vivre un quotidien. Godfrey Reggio pose sa caméra partout où la beauté couve, éruptions, démolitions, explosions, incendies, inondations, cascades, routes, déserts, attroupements. Il ralentit, accélère, s’approche ou s’éloigne, assemble en un tout disparate archives et prises réelles sous le haut patronage minimaliste de Philip Glass. Quelque fois il s’aventure dans un parallèle audacieux : trafic et défilé militaire, houle et nuages, villes et circuits imprimés. Le plus souvent il admire, ouvrage et restitue. Il n’y a hélas pas grand sens à tirer de ce bel objet un peu vide. La nature est majestueuse, l’œuvre de l’homme l’est aussi, vivons dans l’entente pour assurer notre avenir. Ôm mani padme hum. Pour le reste, pas d’histoire, pas de personnage, pas de dialogue, peu de montage, des figurants essentiellement graphiques. Reste qu’esthétiquement, pas à dire, c’est beau. La Terre est belle. Nous sommes beaux.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 12 juin 2012
    "Pas de personnages, pas de dialogues, pas d'intrigues", ai-je pu lire quelque part. intéressants propos, au sujet d'un film qui s'inscrit dans une trilogie de 3 documentaires..et ce, depuis sa sortie au début des années 80. Alors, oui, un documentaire, dresse généralement un constat, et fait état des idées de son auteur. Pour éviter de s'attendre à voir un film du genre standard, se renseigner avant sur la teneur de ce film. Qui plus est, l'intrigue, elle est la même depuis que le monde est monde, quant aux personnages, ils changent selon les endroits et les époques, mais pas tant que ça et, effectivement, l'absence de dialogue est à elle seule un symbole. Bref, c'est un film qui laisse chacun en face de ses questions et des réponses qu'il jugera utile de trouver. S'attendre à repartir de là avec des solutions toutes faites.. c'est déjà risquer une grosse déception. Un bon moment à passer, dans le cadre d'une soirée qui se prolonge par un débat sur ce que nous sommes devenus en trente ans.... Possible que ça nous fasse peur
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 6 juin 2012
    Pas de personnages, pas de dialogues, pas d'intrigues et faudrait appeler ça un chef d'oeuvre ? La musique de Philip Glass est la seule chose que je retiens, le reste ce n'est rien que de belles images qui auraient pu figurer à la une d'un numéro du "National Géographic" et ces dernières ont été assemblées avec d'autres, plus apocalyptiques et toutes sorties de leurs contextes pour créer chez le spectateur un sentiment qu'on va sur-exploiter après "Koyaanisqatsi", la culpabilité. La culpabilité d'être un homme parce que nous sommes tous mauvais. Le monde va trop vite, trop de progrès, trop d'humains... Ce film ne nous fait pas un procès mais d'autres après lui s'en chargeront. Le réalisateur de "Koyaanisqatsi" lui, se contente d'inventer un constat, d'en contempler les effets en amalgammant tout et absolument rien... affligeant ! Je mets toutefois 3 étoiles rien que pour la beauté des images et l'innovation visuelle parce qu'à l'époque, ce film a été une petite révolution...
    AlexTorrance
    AlexTorrance

    30 abonnés 486 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 avril 2012
    Sous une musique sortie d'outre-tombe, Koyaanisqatsi apparaît tel un ovni. Tout commence par une sélection picturale de la terre. De la Terre. Puis, comme si des milliers d'années étaient passés à la trappe, l'Homme tel qu'on le connaît actuellement s'ajoute au récit. Le long-métrage ne tarde pas à rappeler tout l'orgueil dont fait preuve cet être qui voudrait toujours tout contrôler. Pour ce faire, le réalisateur Godfrey Reggio décide d'associer l'humain à son principal fléau : la Machine avec un grand M. L'industrialisation qui prend la place de la nature. L'Homme détruit pour construire. Pour re-détruire ensuite. Et pour re-construire. Tout ceci est un éternel recommencement, jusqu'à sa perte imminente. Même si l'Homme aura déjà laissé une trace non-négligeable dans la roche de la Terre, comme le montre le plan final, superbe. De nos jours, les choix de Godfrey Reggio tout au long de son film s'apparenterait à de la folie pure et simple : totalement dénué d'une quelconque voix-off, l'unique carburant du long-métrage semble être la grande musique électronique et électrisante de Philip Glass. Une musique permanente et incontestablement une des pièces-maîtresses de cette perle rare qu'est Koyaanisqatsi. Ensuite, Reggio apprécie le time lapse et il nous le fait savoir : durant de longues minutes (longues d'un point de vue concret car il est clair que les minutes s'écoulent aussi vite que ces scènes de time lapse), le spectateur assiste au quotidien robotique de la race humaine, qui semble désormais faire parti du système industriel qu'il a crée. À première vue, tous ces choix auraient pu s'avérer ennuyants, mais il n'en est rien. Au contraire, tout le film semble passer beaucoup trop vite, ne procurant qu'une envie : dévorer les deux autres volets de la trilogie (dit comme ça, ça fait un peu Seigneur des Anneaux...). En conclusion, avoir vu un tel film dont je ne connaissais pas même l'existence, sur grand écran qui plus est, fut une véritable source d'inspiration qui relève même du trip audiovisuel. Indescriptible, sublime, parfait... Les mots manquent pour décrire cette expérience hors du commun qui demeure on ne peut plus enrichissante.
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