J'avais une certaine crainte avant de voir ce documentaire, les quelques extraits que j'avais pu voir me laisser imaginer quelque chose d'assez ennuyeux mais bizarrement ça m'a intrigué et j'ai finalement tenté l'expérience ...
... Et WAOU ! Juste une claque monumentale ! Je n'aime pas trop utiliser le terme chef d'œuvre mais là s'en est bien un, un véritable voyage fabuleux qui nous montre notre monde sous un angle inédit. En fait ce n'est pas vraiment un documentaire ni vraiment un film, il n'y a ni narration ni voix off, juste des images de la Terre mises en musique, il est basé sur trois prophéties Hopis annonçant la perdition de la planète (cités lors du pré-générique final).
Ce long métrage a nécessité en tout est pour tout de 7 ans de prises de vue et 4 années de post-production, autant dire un travail pharaonique et une entreprise très ambitieuse, et le résultat est à la hauteur des efforts, le réalisateur Godfrey Reggio le sortira dans les salles en 1982, le tout produit par Francis Ford Coppola.
Le film est introduit avec une sorte de notion mystique, d'une caverne aux inscriptions étranges, et cette voix cérémoniale répétant "Koyaanisqatsi", puis ces longs plans contemplatifs du désert, des nuages, des océans, la nature y est sublimée, et petit à petit vient le métissage de l'industrialisation pour nous faire basculer dans l'abondance des mécanismes de la société de consommation.
Il faut bien comprendre que ce film est avant tout un spectacle visuel et sensoriel, il faut vraiment se laisser entraîner par ce rythme en tout point unique, il dispose d'une véritable émotion, d'une réelle personnalité picturale, d'une âme. Les paysages évoluent, leurs contrastes sont saisissants, des collines désertiques aux buildings argentés, la notion de construction et destruction est assez critique, la saturation vient parasiter le calme des éléments.
L'être humain semble happé par son environnement, il est presque déshumanisé, l'homme machine du XXème siècle fait froid dans le dos, les industries robotiques ont prit le contrôle, ne voulant plus s'arrêter jusqu'au point culminant de non retour. Tout s'accélère, les plans sont étourdissants, permettant de mettre en exergue cette folie qu'est devenue notre planète, la bande son est sublime, appuyant parfaitement toutes les idées et les sensations du film, entre musique baroque et électronique, tout est cohérent. Puis arrive cette dernière partie, ou le rythme se ralenti d'un seul coup, le degré pessimiste se veut alarmant, l'homme est au bord du gouffre, sur le fil, l'autodestruction est proche, jusqu'à l'excès de trop ... les prophéties semblent se concrétiser.
Je ne sais pas si on peut considérer ce film comme écolo, car il va bien plus loin, c'est un vrai message sur le monde, de sa plus profonde substance à son plus petit détail, comme une odyssée visuelle et sensitive permettant de voir notre planète d'un point de vue nouveau, les time-lapes sont tellement saisissantes qu'elles donnent une dimension métaphysique au contenu.
"Koyaanisqatsi" est une œuvre absolument incroyable, sans doute une de mes plus grandes expériences cinématographiques, on est littéralement scotché du début à la fin devant tant de beauté et de spectacle, une ambiance, des images et une bande son qui nous font voyager au delà de notre perception du monde qui nous entoure, grandiose !