Défricheur de grands auteurs comme Jerry Schatzberg, King Hu ou Lino Brocka, Pierre Rissient est un passionné de cinéma qui a notamment travaillé en tant qu'attaché de presse avec Bertrand Tavernier, programmateur du cinéma le Mac-Mahon, conseiller artistique du Festival de Cannes ou encore distributeur et producteur de films. Il a réalisé un seul autre long métrage avant Cinq et le peau intitulé One Night Stand qui n'est jamais sorti. Inconnu du grand public, il arpentait les festivals du monde entier et était un ami de Clint Eastwood. Ironie du sort, il est décédé deux jours avant le début du 71e Festival de Cannes où Cinq et la peau était projeté dans la section Cannes Classics.
Pierre Rissient présente son film comme "un film qui est fait sans sujet exact. J’ai tourné des choses qui, pour moi, exprimeraient ce qui était dans le texte. […] J’ai échafaudé un film kaléidoscopique qui serait à la fois journal intime, chronique de voyage, portrait, pamphlet, récit poétique, passant sans cesse d’un registre à l’autre, coordonnant les sons et les images au-delà de leur continuité dans l’exactitude du moment et leurs échos émotionnels. Il n’y a pas d’histoire à proprement parler, ce sont des impressions, des perceptions de choses".
Pierre Rissient revient sur le titre énigmatique de son film : "Cinq et la peau : c’est le nom d’un vin chinois que j’avais découvert un soir de beuverie à Hong Kong. "Cinq plus la peau", comme me l’avaient traduit mes amis chinois. Cinq parfums plus l’écorce, le parfum de l’écorce en plus des cinq parfums. L’écorce… la peau des choses, qui secrète les cinq parfums. Alors, pourquoi pas les cinq sens et la peau. C’est ce que je leur proposais car ce vin vous arrache les cinq sens et la peau. Il agit en oeuvre d’art, vous dégrise plus qu’il ne grise, vous apporte l’essence des choses et vous fait vivre l’essentiel de ce que vous avez vécu. L’ébriété est une fracture, elle éloigne de vous et rapproche de soi. Comme si, décapé de votre écorce protectrice, vous implosiez".
Après l'inédit One Night Stand, co-production franco-hongkongaise, Pierre Rissient décide de continuer à filmer le sud-est de l'Asie et de poser sa caméra aux Philippines : "J’ai élaboré le concept de Cinq et la peau à la suite de mon expérience et des difficultés rencontrées sur mon précédent long-métrage, One Night Stand : tourner dans un pays étranger, dans une langue étrangère avec des acteurs étrangers. Au lieu d’être la victime de ces difficultés, je voulais les retourner pour en faire quelque chose de plus perçant."
Conscient qu'il ne peut pas enregistrer de dialogues en direct, il décide de signer une oeuvre quasi-dépourvue de ces derniers, seulement accompagnée d'une voix off. Il co-écrit le scénario avec Alain Archambault, le poète Eugène Guillevic et sa compagne, Lucie Albertini.
Le rôle féminin principal de Cinq et la peau est tenu par l'actrice japonaise Eiko Matsuda, révélée par le sulfureux L'Empire des sens.