Le nom de Jacques Deray m'a toujours intrigué, malgré quelques « bébeleries » sans grand intérêt. Celui-ci a construit une filmographie intéressante, très centré sur le polar mais pas que, à l'image des honorables adaptations de Stefan Zweig qu'il tourna pour la télévision en fin de carrière. Il n'en est qu'à ses débuts lorsqu'il tourne « Symphonie pour un massacre » (joli titre mais n'ayant pas grand sens), polar de trame fort classique mais se démarquant très habilement par sa réalisation comme son scénario. Très précis, ne laissant rien au hasard, le second fait preuve d'intelligence dans sa narration, prenant le parti pris étonnant et plus qu'efficace de raconter l'histoire du point de vue du traître, joué par un Jean Rochefort à des années-lumières de ses futurs rôles, n'en gardant pas moins cette malice, ce charme irrésistible : on aurait presque envie qu'il réussisse...
À ce titre, voir qu'il élimine ses deux premiers associés presque malgré lui est très séduisant, le « plaisir de tuer » semblant lui venir à partir de là.
Les autres personnages sont moins intéressants mais restent d'assez bonne facture (féminins exceptés, la belle Michèle Mercier en étant presque réduite à jouer les utilités), à commencer par le grand Charles Vanel, impérial. J'aurais peut-être aimé un peu plus de clarté dans certains aspects (notamment le détour de Jabeke par Lyon ou les faux billets), mais c'est vraiment pour trouver légèrement à redire, l'impeccable sobriété des dialogues, la solide narration ou l'efficacité d'une musique omniprésente mais réussie faisant le reste : demeurée très longtemps invisible avant sa ressortie en DVD/Blu-Ray (merci Pathé), voilà une série noire ne manquant ni de personnalité, ni de talent : à (re)découvrir.