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Eowyn Cwper
121 abonnés
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3,5
Publiée le 12 novembre 2021
Oh le beau polar français que voilà. Une photographie de Renoir, un roman sordide comme fondation, il ne manquait plus à Symphonie pour un massacre qu'un Jean Rochefort fabuleux dans son premier rôle dramatique.
Laissant une grande place à une narration visuelle longtemps dépourvue de dialogues, le film construit un genre d'intrigue millimétrée, glauque sans être désagréable, qui s'était fait connaître en partie avec Gabin. C'est le genre d'histoires qu'on ne fait plus, et on aurait du mal : le noir et blanc s'impose pour apprécier ce cinéma criminel "propre", où même les pires actions, finalement, sont tous publics.
C'est avec cette beauté monochrome (à laquelle j'étais déjà sensible enfant sans trop savoir pourquoi) et ces coups de théâtre fascinants que Deray arrive à transmettre à travers les générations un suspense palpable. Une perle à se remémorer.
2ème long-métrage de Deray, cette symphonie surprend tout d'abord par son côté quasi-documentaire, pour lequel on pense naturellement à Melville. Cette comparaison s'arrête vite, cependant, pour une raison évidente : la vraisemblance. En effet, si le scénario est bien écrit - notamment par Sautet et Giovanni, ce dernier par ailleurs excellent dans son rôle de truand - on est surpris par un certain nombre d'invraisemblances, au nombre desquelles la scène du train. En effet, si Rochefort est alors un grand acteur en devenir, on ne croit pas un instant à l'issue du combat de son personnage face à Moreau. C'est à la fois une des qualités de cette oeuvre que d'avoir choisi un comédien comme Rochefort, alors inconnu, pour incarner un caïd sans scrupules, et sa limite. Le côté dandy, indolent, voire charmeur de celui qui sera un fin "Cavaleur", colle mal avec son costume de crapule. En outre, la mise en scène du réalisateur d'"Un homme est mort" manque de sécheresse et reste loin de l'aspect chirurgical des oeuvres marquantes du genre, de "Classe tous risques" au "Deuxième souffle". Enfin, Daniela Rocca, dans le rôle de la maîtresse du traitre, est une véritable erreur de casting tant elle est insignifiante. Malgré ces réserves, "Symphonie pour un massacre" mérite que l'on y jette un oeil car le récit est, malgré tout, plutôt bien mené et Vanel, Auclair et Dauphin sont fort convaincants, tout comme la belle Michèle Mercier.
Jacques Deray comprend dès son troisième film que seules certaines spécificités lui permettront de perdurer dans le cinéma populaire Français, c'est donc en conséquence et s'entourant parmi les meilleurs auteurs du milieu (entre autres Claude Sautet) qu'il conçoit la stylisation étrange de Symphonie pour un massacre. Deray laisse planer par-dessus son anti-héros un silence omniprésent, mettant plus l'accent sur les actes et leur durée que sur les paroles de son groupe de gangsters (sa première négligence reposant d'ailleurs sur cette économie de dialogue). Et si cette démarche nous prive de la voix de Jean Rochefort à l'étincelle de sa carrière, elle fait peser le poids des actions criminelles et des trahisons qui s'ensuivent. Les scènes les plus importantes gagnent en force et en surprise, ponctuant et concluant Symphonie pour un massacre sur une note qui correspond bien à l'accroche de son titre, bien noire et inattendue.
C'était un bon petit film policier français avec un réalisateur connu J. Deray et une bonne équipe d'acteur avec le jeune J. Rochefort et son sourire en coin, mais aussi C. Vanel, et M. Auclair et la belle M. Mercier et sans oublier le célèbre J. Giovanni, plus connu pour ses travaux d'écriture (il participe aux dialogues et scénario du film) et de réalisation que d'acteurs. Le film est assez consensuel, mais soigné avec une ou deux pointes de tension qui garantissent au film un bon rythme. Bref c'est efficace et le spectateur passe un bon moment. La musique plutôt classique (Symphonie) va plutôt bien au film sauf peut-être une ou deux où j'ai trouvé que cela ne collait pas avec la scène en question. Les scènes d'action sont un peu plates et molles mais c'est cela qui donne ce charme vieillot au film.
Je ne connaissais pas ce film plutôt méconnu, et pourtant j’en ai vus quelques-un, en particulier de cette période française que j’affectionne particulièrement. On peut le qualifier de mineur, mais pas sans intérêt, déjà pour la qualité du casting, avec des acteurs dits de seconds-rôles. Sa qualité première est à mon sens son côté épuré, allant à l’essentiel, même si parfois, certaines scènes extérieures tirent un peu en longueur. Le scénario est intéressant à défaut d’être imprévisible, et les acteurs justes. Toujours l’actrice surprise assez méconnue, coproduction italienne oblige et assez courante à cette époque. Marrant de voir Rochefort en méchant froid et cynique ! Et toujours cet intérêt de visiter des quartiers qui ont bien changé et replonger dans un mode de vie finalement reposant.... une curiosité à voir.
Excellent policier rondement mené par un Jean Rochefort glaçant. On ne s'ennuie jamais dans ce film noir avec une super intrigue et un final plein de moral comme l'exige l'époque du film, 1963