Mettons les choses au clair en ce qui concerne ce film d’animation afin qu’on évite toute confusion ! « Anastasia » n’est pas un film Disney, contrairement à ce que énormément de monde a pu dire ou croire, un dessin animé avec des chansons enchanteur, une belle princesse attachante, un grand méchant sorcier et un « prince » ne veulent pas toujours dire qu’un film d’animation a été produit par les studios aux grandes oreilles, même si ce film a su et arrivera encore à mettre des musiques et des chansons dans nos têtes, le fait est que c’est le film le plus connu de la filmographie des deux réalisateurs qui ont souvent travaillé ensemble, à savoir Don Bluth et Gary Goldman qui sont à l’origine de ce long-métrage inspiré de la légende d’Anastasia dont les faits réels sont bien plus sombre et complexe que ce que ce film raconte aux enfants, en même temps ce n’est pas plus mal parce qu’il y a beaucoup de point d’ombres qu’il vaut mieux laisser de côté pour cette réalisation, et puis l'histoire telle qu'elle l'est dans le film est plus que bien construite pour qu'on apprécie.
Quant au film dont il est question, je tiens à faire savoir mon avis maintenant avant de détailler ma critique : c’est pas mon film d’animation préféré car j’ais quelques reproches à lui faire, mais d’un autre côté c’est probablement mon film favori de Don Bluth et Gary Goldman, cependant « Anastasia » mérite d’être vu et d’être considéré comme une grande réalisation des dessins animés en 2D des années 1990, parce que le fait que j’ai des choses à redire ne va pas signifier pour autant que je vais cracher mon venin sur le long-métrage, et afin de me justifier je vais tâcher de traiter les points de ce film en commençant par ceux qui font qu’on le considère comme un film des studios Disney alors qu’il a été produit par Fox Animation Studios, un studios qui sera racheté par Blue Sky peu après sa fermeture.
L’animation du film est l’un des principaux éléments qui a souvent été comparé à la qualité des grands classiques Disney, pourtant il y a des choses à redire. A première vue c’est à s’y méprendre du même style en effet, mais lorsqu’on y prête plus d’attention et de vigilance, on se rend contre que les traits, leur épaisseur ou finesse, le design des personnages ainsi que l’animation des mouvements, les décors du film et sa profondeur visuelle ont beaucoup de diversité et s’écarte pas mal de l’animation des dessins en 2D des long-métrages du studio d’animation le plus populaire au monde. Il y a beaucoup de réalisme dans les mouvements ainsi que les expressions faciales des protagonistes, et très souvent c’est un énorme avantage mais parfois on en ressort avec des trucs étrangement laids et qui ne collent pas avec un film d’animation pour enfant. Pour expliquer ceci voici un premier exemple, Dimitri qui est un des personnages principaux du film a très souvent une tête à prendre des baffes lorsque l’animation de son visage cherche à retranscrire ses émotions et ses sentiments, même lors des chansons il a un visage horrible comme si ses yeux étaient écrasés par sa peau ou encore les traits de ses dents qui sont superflus mais donnent l’impression qu’il va te croquer tel un ogre, j’exagère peut être mais ne me dites pas qu’il a un visage de tombeur lorsque vous verrez ou reverrez ces animations. Deuxième et dernier exemple pour conclure sur les défauts de l’animation et les graphismes du film, les figurants que l’on voit en arrière-plan souffrent aussi de ce petit fardeau, rien qu’en voyant la première chanson du film « La rumeur de Saint-Pétersbourg » on s’en rendra compte, et encore on n’a pas le temps de s’y attarder, je pourrais aussi parler de
l’animation de la statue de pierre auquel Raspoutine donne vie lors du climax qui est assez horrible à voir surtout pour les mouvements et la vitesse d’animation du film qui en prend un coup,
mais ça c’est minimaliste comparé aux deux exemples que j’ais cité au-dessus. Mais à part ça, visuellement le film est somptueux à regarder, les environnements dans lesquels on suit l’intrigue sont riches en couleur avec des textures colorées et un jeu de couleur et de lumière qui apporte une forte sensation d’enchantement et de féérie :
surtout lors de la chanson « Loin du froid de Décembre » lorsqu’Anastasia est dans l’ancien palais à la recherche de Dimitri et qu’elle commence à recouvrer lentement ses souvenirs en rêvant d’une danse au bal, l’animation de ses souvenirs sous forme limite spectrale est tout simplement magique et nous transporte dans un monde plein de beauté
, le résultat est digne des contes de fées adapté chez Disney, et que dire aussi des décors, de l’ambiance et de la retranscription des villes que ce soit celle de Saint-Pétersbourg aussi réaliste que beau ou encore
de Paris
qui est splendide, au final on est proche d’une animation à la Disney mais avec animation propre au film.
On suit deux principaux personnages, à commencer par Anastasia d’où le titre du film. Nous avons donc une jeune femme amnésique et orpheline à la recherche de son passé et de ce qu’elle est,
sans savoir qu’elle se trouve sous la menace de Raspoutine qui a lancé une malédiction sur sa famille de son vivant
, inspirée selon la légende sur Anastasia justement. La princesse à la Disney de ce film qui n’en est pas tout à fait une un, est un protagoniste de caractère capable de toucher le spectateur
par le fait qu’elle ait oublié la tragédie de son enfance qui a causé sa séparation avec sa grand-mère
mais qui appartient néanmoins à la caste des princesses ayant besoin d’un homme ou plusieurs hommes pour avancer et évoluer au fil du récits et son histoire est touchante, pas au point d’en pleurer ou d’avoir les larmes aux yeux comme avec Fievel et Petit-pied dans « Fievel et le nouveau monde » ou « Le petit Dinosaure et la vallée des merveilles » car l’atmosphère est beaucoup moins lourd et loin d'être déprimant dans cette production, mais on n’y est pas insensible et on a plusieurs scènes à la fois féérique ou simplement attendrissantes avec elle. Dimitri, lui… commençons par les bons point ! Pour faire simple, c’est une sorte d’Aladdin bis avec sa propre personnalité, c’est un voyageur et un malfrat rêvant lui aussi d’une vie meilleure
après la tragédie de la famille Romanov lorsqu’il était enfant
, il est assez optimiste et débrouillard, très moqueur et son duo avec Vladimir, le gentil gros russe est très sympa surtout que ce dernier n’est pas dispensable et apporte pas mal de scène comique. Mais l’évolution du personnage de Dimitri a beau être bonne, elle est un peu trop rapide
lorsqu’il découvre qu’il accompagne Anastasia depuis la Russie lors de son voyage
, bon après je chipote peut-être. Puis comme je l’ai dit un peu plus tôt l’animation ne joue pas du tout en sa faveur parce que, non seulement sa trombine me revient pas, et comme je l’ais dis, plus d’une fois lorsque son visage veut faire transparaître des émotions fortes c’est affreusement moche comme lors de la chanson « Paris, tu nous ouvres ton cœur » surtout lorsqu’il chante en solo, que ce soit les traits de son visage ou de ses dents ça ne le met pas du tout en valeur, j’avais l’impression de voir un Léonardo Dicaprio jeune en version animé mais carrément foiré. Du côté du méchant, Raspoutine fait un bon antagoniste, c’est même le gars le plus marrant du film malgré le fait qu’il cherche à se venger pour une raison simpliste et trop peu évoqué à mon goût,
mais au moins sa mort a le mérite d’être mémorable et épique
. En revanche Bartok la chauve-souris est ce que je considère comme un comic-relief à moitié réussi, parce que si plusieurs de ses gags ainsi que sa voix française sont sympa, l’autre moitié me fait soit ni chaud ni froid, ou au mieux sourire, en fait je pense qu’il fera plus rire les plus petits et ceux qui regarderont ce film avec nostalgie.
Heureusement, ces problèmes d’animation sont largement sauvés par l’interprétation vocale des comédiens de doublage de la version française : Emmanuel Curtil, la voix française de Jim Carrey et de Simba dans « Le Roi Lion », est aussi bon pour chanter que pour s’imprégner le personnage par sa voix, et Donald Reignoux qui ne double Dimitri que dans sa jeunesse fait ce qu’il faut pour le minimum demandé. Céline Monsarrat rendait Anastasia très attachante avec sa voix, et Katia Markosky qui faisait sa voix chantée ne manquait pas du tout d’émotion surtout lors de la chanson « Loin du froid de Décembre » qui est ma préférée dans ce film. Richard Darbois s’est éclatée ici en donnant sa voix à Raspoutine et en faisant la voix chantée non de Raspoutine mais aussi de Vladimir, il aurait dû doubler les deux personnages d’ailleurs on sent qu’il se lâche vraiment pour doubler un personnage fictif en animation, il n’y a qu’à voir ses performances dans la série « Batman » pour le héros masqué, le génie dans « Aladdin », Louis dans « La princesse et la grenouille » ou encore Buzz l’éclair dans la trilogie « Toy Story ». Kelly Marot, voix française de l’actrice Jennifer Lawrence dans la saga « Hunger Games » était aussi bonne pour doubler Anastasia jeune et au chant, et si vous avez vu le film Disney « La belle et la bête », vous aurez surement reconnu en voix additionnelles la voix de Daniel Berreta lors d’une chanson, il doublait le personnage de Lumière dans le film Disney en question. Patric Guillemin donnait lui aussi beaucoup de dynamisme pour doubler Bartok la chauve-souris blanche, Marie Dolène aussi a fait ce qu’il fallait, comme d’habitude la version française est des meilleures qualités pour un film d’animation.
On considère souvent ce film comme un Disney pour ses chansons, et j’affirme que ça peut mener en erreur, mais sur ce point j’aimerais faire une petite comparaison avec « La Reine des Neiges » qui est un film d’animation très musicale aussi car, beaucoup disent qu’il y a trop de chansons dans ce dernier classique, et je commence à penser de plus en plus que c’est une excuse trop simple voire même bidon. La vraie excuse serait de dire qu’il y a plusieurs chansons qu’on n’a pas spécialement appréciées dans ce film parce que dans un film d’animation pour enfant, on trouvera très souvent pas mal de chansonnette, c’est une des ingrédients les plus souvent utilisés, surtout dans les films d’animation plus ancien, pas que chez Disney mais aussi ailleurs comme dans « Poucelina » ou « Fievel et le nouveau monde ». Et puis que ce soit « Anastasia » ou « La Reine des Neiges », je juge que le nombre de chanson est très correct et supportable, allez plutôt voir « Les Misérables » de Tom Hopper, « Mary Poppins » de Disney, « Grease » la comédie musicale, « The Rocky Horror Picture Show » ou « Le fantôme de l’opéra » sorti en 2004 et on en reparlera.
Bref, revenons aux chansons d’Anastasia parce que, si la plupart des compositions de David Newman sont superbes voire même mémorable pour certains, je trouve qu’il y a une ou deux chansons dans ce joyeux petit univers dont je me serais passé pour ne pas les avoir tellement apprécié : « La rumeur de Saint-Pétersbourg » est une belle introduction pour le film et l’intrigue avec la rencontre de Dimitri et Vladimir ainsi que le Flash mob animé des Saint-Pétersbourgeois qui est très entraînant, « Voyage dans le temps » est franchement sublime et très agréable à l’oreille, « Loin du froid de Décembre » a trois variations dans ce film, la première qui est très courte mais ne manque pas de tendresse, la seconde chanté uniquement pas Anastasia et qui est marquante par la beauté du décor et ses paroles symbolisant les bribes de souvenirs de la duchesse, par contre la troisième fois n’était pas forcément nécessaire car l’émotion était beaucoup moins forte qu’avec les deux versions précédentes malgré le contexte et les deux belles voix française. « Au plus noir de la nuit » est très fun surtout avec la voix de Richard Darbois et le méchant du film sans oublier l’environnement qui donne plus d’atmosphère à la chanson, toutefois je m’attarderais un moment sur « L’apprentissage » qui est parfaitement inutile et ridicule au niveau des paroles et ce qu’elle est censée apporter à l’intrigue,
c’était pas nécessaire de nous préciser ce que voulait faire Dimitri, Anastasia et Vladimir on a parfaitement compris
, mais d’un autre côté je ne l’ai pas du tout détesté et la chanson est vocalement sauvé du ridicule et du ridicule par l’interprétation du trio de comédiens Richard Darbois, Emmanuel Curtil et Katia Markosky, donc si d’un côté je l’ai trouvé stupide, de l’autre je me suis beaucoup amusé en la revoyant plusieurs fois. En revanche, « Paris, tu nous ouvres ton cœur » est un excellent hommage à la culture parisienne et française, et c’est durant cette chanson qu’on entend brièvement Daniel Beretta pousser un peu plus la chansonnette… sauf qu’il y a un truc qui ne va pas du tout là-dedans et dont on se serait très volontairement passé dans un film pour enfant, devinez quoi :
POURQUOI… SERIEUSEMENT POURQUOI ON VOIT LA CULOTTE DE LA PARISIENNE EN ROBE ROSE ??! Je ne plaisante pas, faites un ralenti sur cette scène et vous verrez qu’on voit très brièvement la culotte blanche de la nana en question, à croire que les « Oh la la » en chœur n’était pas là sans raison dans le refrain.
Je terminerais sur une petite anecdote : ce film est également un clin d’œil, lors d’une scène
surtout lors de la chanson « Loin du froid de Décembre » lorsqu’Anastasia est dans l’ancien palais à la recherche de Dimitri et qu’elle commence à recouvrer lentement ses souvenirs en rêvant d’une danse au bal, l’animation de ses souvenirs sous forme limite spectrale est tout simplement magique et nous transporte dans un monde plein de beauté
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« Anastasia » de Don Bluth et de Gary Goldman est un excellent film d’animation devant lesquels j’ai passé beaucoup de bons moments, bien que ça ne soit pas la perfection qu’on m’ait vanté : malgré une animation très maladroite pour un personnage principal et les figurants, les chansons, les décors ainsi que l’histoire, les couleurs ainsi que le doublage rendent ce film particulièrement appréciable, à voir au minimum une fois si on est fan de dessin-animé et à revoir si on est nostalgie des dessins-animés en 2D.