Pour son premier film en tant que réalisatrice, Barbara Schultz nous entraine dans un film d’aventure trépidant, parsemé de références historiques et archéologiques, sur les traces d’un trésor mythique et introuvable, celui de la tombe d’un des pharaons les plus anciens et les plus célèbres : Khéops. Rien que çà… Cours (1h40 pied au plancher) maitrisé dans sa forme, monté de façon dynamique, « Le Secret de Khéops commence et se termine dans la merveilleuse Egypte mais 99% du film se déroule à Paris ou dans ses environs.
Le Musée du Louvre, bien-sur, mais aussi le Château de Ruel Malmaison, le cimetière du Père Lachaise, la colonne de la Bastille, Barbara Schultz nous en fait visiter les coulisses. Salles secrètes, bureaux conservés en l’état depuis 250 ans, portes dissimulés qu’on ouvre grâce à des énigmes ou à des clés secrètes, messages codés et autres carnets, plans ou cartes, le film exploite tout les code du genre de la chasse aux trésors sans aucune vergogne !
La réalisation est maitrisée, pas de plans fous ou de scènes improbables mais un bon rythme, des décors soignés et une musique sympathique quoiqu’un peu passe-partout, forte et envahissante par moment (surtout au début, où elle presque incommodante).C’est à Fabrice Luchini qu’elle a offert le rôle de cet Indiana Jones vieillissant : moins charismatique et (beaucoup) moins sexy qu’Harrison Ford,
mais aux méthodes similaires, surtout concernant la déontologie.
Luchini fait du Luchini, avec beaucoup d’abattage et un minimum de cabotinage. Même si, dans deux ou trois scènes, il en fait des caisses quand même, et c’est dommage. Cet acteur, qui n’a plus grand chose à prouver, devrait essayer de ne pas confondre autodérision et cabotinage. Son personnage est assez crédible malgré tout, archéologue passionné mais père défaillant et encombrant, ça lui va comme un gant. A ses cotés, Julia Piaton fait mieux que résister à la tornade Luchini, elle essaie de ne pas se laisser entrainer dans le surjeu par son complice, sans toutefois y parvenir à chaque fois. Les scènes où elle se met en colère ne sonnent pas comme elles devraient, je trouve. Gavril Dartevelle incarne un adolescent pas si tête à claque qu’on aurait pu le redouter. Le scénario est évidement improbable,
Luchini et sa petite troupe font des sauts de puces, d’indices en indices, ils trouvent miraculeusement des clefs, ils déchiffrent des codes impossibles, ils ont toujours la bonne connaissance, la bonne intuition, la bonne idée qui va les faire avancer, on ne croit pas à grand chose mais on marche dans la combine en se demande si oui ou non, ils vont finir par mette la main sur ce trésor mythique à deux pas d’une station de métro. Le dénouement aurait pu être ironique, cruel ou décevant (genre « le vrai trésor est symbolique, c’est la connaissance ou la spiritualité au lieu de l’or et des artefacts précieux »), mais non, le scénario ne cède pas à la pirouette de trop qui aurait tout gâché.
Il évoque aussi d’autres thèmes, passionnants, et qui mériteraient des films entiers : l’importance de l’archéologie préventive, la question délicate des restitutions et le trafic d’objet archéologiques pillés comme source de revenus pour le terrorisme. Ce sont des vrais sujets, que le scénario ne fait évidemment qu’effleurer mais qui auraient toute leur place dans un film un peu plus sérieux. « Le Secret de Khéops » n,’est pas un chef d’œuvre ni même un film sérieux, c’est un film d’aventure comme l’a été « l’Homme de Rio » en son temps : un pur divertissement. Mais c’est un divertissement qui multiplie les références historiques (Egypte antique, Napoléon, Dominique Vivant-Denon, Sainte Hélène, la Révolution de 1830, l’étymologie de Paris…) et littéraires (Les Misérables, Les 7 boules de cristal (sic)), et ça, ça fait quand même un bon divertissement sans prétention, qui fera sans doute une belle audience un dimanche soir à la TV.