"The Apprentice" est un film qui, sans aucun doute, capte l’attention, mais laisse un arrière-goût d’inachevé. Il se présente comme une exploration fascinante des premières années de Donald Trump, un sujet certes complexe, mais qui aurait pu être traité avec plus de profondeur et d’audace. D’entrée de jeu, le film propose un casting solide avec Sebastian Stan et Jeremy Strong en tête, chacun brillant dans leur rôle respectif de Trump et Roy Cohn. Ces performances sont indéniablement le point fort du film, apportant une intensité indiscutable à chaque scène. On ressent clairement l’alchimie et l’influence toxique entre les deux personnages, ce qui reste l'un des meilleurs aspects de l'œuvre.
Cela dit, malgré cette interprétation remarquable, le film semble hésiter à aller jusqu’au bout de ses idées. Il y a un manque de prise de risques, tant dans le scénario que dans la mise en scène. Le film se veut captivant et dramatique, mais il reste souvent en surface, sans jamais vraiment plonger dans les aspects les plus sombres ou les plus complexes de la personnalité de Trump. On aurait espéré une exploration plus poussée de ses motivations, de ses contradictions, voire de son héritage moral. Mais au lieu de cela, "The Apprentice" choisit de rester relativement convenu, évitant les polémiques profondes tout en effleurant les grands thèmes du pouvoir, de la cupidité et de la corruption.
Visuellement, le film est bien conçu. La reconstitution des années 70 et 80 est impeccable, avec une attention aux détails qui rend justice à l’époque. Toutefois, cette perfection visuelle masque une certaine froideur dans la réalisation. Ali Abbasi, connu pour son style plus tranchant dans ses films précédents, semble ici bridé, optant pour une approche presque trop maîtrisée, trop lisse. On sent qu’il aurait pu se permettre davantage d’audace dans sa manière de raconter cette histoire, mais le résultat final reste mesuré, comme s’il craignait de s’attirer les foudres d’une partie du public ou des critiques.
Là où le film marque des points, c’est dans sa capacité à maintenir une distance par rapport aux tendances actuelles de la morale cinématographique. À aucun moment il ne s'égare dans des discours moralisateurs ou ne cherche à répondre à l'air du temps, ce qui est rafraîchissant. Cela dit, ce refus de prendre position laisse parfois le film sans direction claire, flottant entre le simple divertissement et une étude de personnage plus complexe qui aurait mérité d’être plus creusée. C'est ce manque de cohérence dans l’intention qui empêche "The Apprentice" de s’élever au-delà du film biographique conventionnel.
Le rythme, bien que globalement acceptable, souffre de quelques longueurs. Les moments les plus marquants, tels que les interactions entre Trump et Cohn, sont souvent suivis de scènes qui traînent en longueur, diluant ainsi l’impact émotionnel du film. On passe rapidement d’un événement marquant à l’autre, sans vraiment prendre le temps de s’immerger dans les conséquences de ces actions. Le résultat est une progression narrative qui, bien que cohérente, manque parfois de profondeur et d’émotion.
Enfin, bien que le film ne cherche pas à glorifier Trump, il semble aussi hésitant à le déconstruire. On ressent une certaine neutralité, presque une réticence à s'engager pleinement dans une critique de ses actions. Cela pourrait plaire à certains, mais laisse un goût d’inachevé pour ceux qui espéraient une analyse plus mordante et incisive du personnage.
En somme, "The Apprentice" est un film qui oscille entre efficacité et frustration. Il est suffisamment bien fait pour être apprécié, mais il manque cette étincelle, ce quelque chose en plus qui en ferait une œuvre véritablement marquante. Il se laisse regarder sans déplaisir, mais une fois le générique terminé, on se rend compte qu’il aurait pu être tellement plus. Un film qui fait le travail, mais sans briller pleinement.