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Isabelle K.
2 abonnés
35 critiques
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5,0
Publiée le 29 septembre 2024
Sinjar, naissance de fantômes, documentaire de Alexe Liebert
Les photographies de Michel Slomka sont sophistiquées de manière inversement proportionnelle au propos, barbare. La voix off, la voix de Sinjar -protagoniste principal, de Golshifteh Farahani est glamour et grave de manière inversement proportionnelle aux sons et aux bruits, entre bombardements et tortures étouffées. Les témoignages des victimes, les Yézidis, sont édifiants (aussi réalistes et noirs que porteurs d’espoir) de manière inversement proportionnelle au silence du bourreau : Daesh, dans ce nouvel État islamique conquis, le mont Sinjar en Irak.
Fantômes de temps que l’on croyait révolus, fantômes de guerres, fantômes de génocides. Le documentaire d'Alexe Liebert oscille entre poésie et crimes contre l’humanité, entre beauté du monde et cruauté des hommes, et laisse sans voix. Ce film gaslighte, cible après cible.
Les femmes, d’abord : violées, vendues, islamisées de force, réduites en esclavage avant d’être revendues aux enchères, mutilées et qui cependant, demeurent dignes et droites lorsqu’elles témoignent face caméra. Puis les enfants, les petites filles (celles que les familles n’ont pas eu le temps de travestir en garçons pour leur éviter l’horreur), les garçons (endoctrinés) et les bébés (suspendus dans les airs avant d’être jetés au sol, globes oculaires arrachés à vif pour en faire des billes à jouer). Les vieillards enfin.
L’État islamique trie : ceux qui sont beaux, braves, dociles et en bonne santé sont choisis, les autres finiront dans les charniers (73 dénombrés par l'ONU). L’État islamique a décrété : les Yézidis sont des mécréants. Une fois encore, tout n’est qu’affaire de religion et de territoires à préempter.
Le documentaire revient sur un peu plus d’un an de siège, jusqu’à la libération de Sinjar, qui ne libèrera plus jamais les Yézidis de leurs fantômes traumatiques, même ceux parmi les plus déterminés à reconstruire leurs terres brûlées et à libérer leurs femmes.
Le massacre de masse de tout un peuple qui forcément en rappelle un autre, de 100 ans plus ancien et qui pourtant, s’appuie sur un scénario et des méthodes identiques. Les Yézidis, des Arméniens comme les autres ; Sinjar, un autre Mont Taurus et toujours les camps en Syrie après les marches de la mort ; et toujours l’Euphrate ensanglanté. Et toujours, les journalistes internationaux informés et rien ne se passe.
C'est un documentaire magnifique qui montre la douleur, la résilience d'un peuple, mais aussi la résistance et le vivre "après".... Il n'y a pas de "voyeurisme", la réalisatrice "déroule" petit à petit l'histoire, racontée comme un conte, avec beaucoup de poésie et la voie off magnifique de Golshifteh Farahani. Les images sont belles, et on reste sur une touche d'espoir. Il faut aller le voir, le thème est fondamental pour ne pas rester dans notre bulle d'ignorance et le sujet est magnifiquement bien traité, malgré l'horreur, on y trouve esthétique et poésie. Franchement bravo à la réalisatrice et au photographe, et bravo pour le courage de tous ces témoins qui racontent.
Un documentaire sur le peuple Yézidi, sans tomber dans le pathos ? Eh bien c’;est possible, en mettant à distance les auteurs des massacres, soit Daesh. Également, en prenant la forme du conte,, qui explique la naissance de la religion des Yézidis et leur mythologie propre. L’introduction par un zoom avant, vue du ciel est très parlante sur la situation géographique , entre la Syrie et l’Irak. Les témoignages sont poignants, et l’émotion nous emporte quand le peuple se relève par les chants, la mémoire, et l’amour de leurs proches. Documentaire important sur la répression que ce peuple subit, même si toutes ces histoires d’ami imaginaire (Dieu, Allah, and co) ne toucheront pas tout le monde hélas.
« Théâtre d’abominables génocides et de crimes contre l’humanité, la lointaine cité de Sinjar est endormie sous une épaisse brume, comme pour masquer les cicatrices qui ont été laissées sur les corps meurtris des rescapés yézidis. Alexe Liebert nous emmène sur les lieux d’un massacre, à la découverte de plaies encore profondes pour un peuple dont la seule existence semble être justifiée par son statut de martyr. Documentaire engagé, Sinjar, naissance des fantômes part ainsi à la rencontre des fantômes qu’abritent les lieux, des fantômes bien vivants et prisonniers de leur propre histoire. »
« Les arguments se succèdent avec une tonalité crue et une portée poétique dans cette délivrance. Des femmes s’expriment, sans chaînes, sans bourreaux pour les asservir. Cependant, leur présence les hante et finit par apparaître dans l’esprit des spectateurs. Mais les mots ne sont pas spécialement pour nous ou pour les intervieweurs. C’est avant tout pour elles et pour panser quelques plaies qu’elles partagent ce fardeau. Ces confessions sont synonymes de prières, voire de supplice pour d’autres personnes. »
« Le documentaire nous offre alors, avec beaucoup de pédagogie et de sensibilité, les clés pour interpréter les émotions filmées et le sentiment d’injustice qui flotte en arrière-plan. Ainsi, Sinjar, naissance des fantômes chante en la mémoire des terres désolées et du sang yézidi versé, en espérant que les victimes puissent renaître, reconstruire des souvenirs moins douloureux et transmettre autre chose que des lamentations dans les berceuses du soir. »
Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.
Bouleversant ! Certes, le sujet est dur mais ce film documentaire est exceptionnel. Les images pleines de poésie où la lumière est admirablement travaillée nous plongent dans la beauté des paysages de cette ville frontière entre la Syrie et l’Irak. Les photographies saisissent les regards avec pudeur et délicatesse comme pour suspendre le temps. Le sublime texte nous conte les vies, les traumatismes, la résilience, et nous habite encore longtemps, comme un devoir de mémoire. Sinjar, naissance des fantômes est une œuvre d’utilité publique !
Un film comme ils devraient tous être: intense, profond, poétique, poignant, original, bouleversant, propre à transformer celui qui est venu le voir en celui qui l'a vu. C'est à ces qualités qu'on reconnais les chefs d'oeuvres. Merci pour ce grand moment de cinema.
Un documentaire essentiel vu en avant-première à Paris. Si le fond nous impacte par son atrocité (je précise que la violence est dite mais jamais montrée), le fond nous touche par sa poésie, par la musique, le choix des plans et les superbes photographies. Quand l'horreur rencontre la poésie et l'humanité : bouleversant !
Ayant vu ce film en avant-première à Paris, tout ce que je peux dire, c'est que tout le monde devrait le voir. Du sujet aux interviews en passant par la cinématographie, ce film est extrêmement marquant.
Un documentaire magnifiquement écrit par Alexe Liebert et Michel Slomka, qui ne peut laisser insensible tant la parole des Yesidis de Sinjar témoigne d’un humanisme intacte dans les tréfonds de la guerre et de leur sort dont le monde reste pitoyablement indifférent. A voir absolument.
J'ai eu la chance de voir ce film documentaire en avant première et je ne peux que vous conseiller d'aller le voir. SINJAR, NAISSANCE DES FANTÔMES est un film de la réalisatrice d'Alexe Liebert avec des photographies de Michel Slomka. Un documentaire fort sur le massacre des Yézidis par l'état islamique sous la montagne Sinjar porté par la voix de Farahani Golshifteh (la montagne éponyme). Certains témoignages m'ont fait un trou dans le cœur mais c'est beau et important. Sans misérabilisme, ni voyeurisme, ce documentaire interroge la mémoire et comment un peuple ayant vécu un génocide tente laborieusement de se reconstruire à l'ombre de la montagne Sinjar malgré les disparus, les morts, les viols et l'esclavage sexuel subi par les femmes yézidis, les destructions et la vie dans les camps... C'est aussi une immersion dans la culture yézidie si singulière et pleine de beauté. Les images sont belles et l'énergie du film poignante. C'est une oeuvre essentielle et il faut féliciter Alexe Liebert et Michel Slomka d'avoir livré un si beau documentaire.
Sublime documentaire, tant au niveau des images que du propos : les témoignages sont bouleversants, et la poésie visuelle, temporelle et textuelle qui les enveloppe nous permet de ressentir l'immense dignité de ce peuple à ne pas rater
Très beau film que j'ai pu voir en avant-première à Montpellier à la Halle Tropisme. Un documentaire à la forme novatrice qui nous questionne sur les effets de la guerre, quelle qu'elle soit et où qu'elle soit. Je recommande fortement.