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Flavien Poncet
236 abonnés
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2,5
Publiée le 24 mars 2009
Quatrième réalisation de Sidney Lumet pour le cinéma, «The Fugitive Kind» (USA, 1960) adapte une pièce de théâtre de Tennessee Williams avec, pour acteurs, les fameux Marlon Brando, Anna Magnani et Joanne Woodward. De cette réactualisation du mythe d’Orphée, il en ressort l’ambiance coutumière au récit de Williams, cette atmosphère de tension, basée sur l’évaluation perpétuelle des êtres humains par leurs voisins. En ouvrant son film sur une scène de tribunal et en préservant le thème de la justice au cœur de son intrigue, Lumet s’accapare le récit du dramaturge tout en en conservant l’irréductible singularité. Grand directeur d’acteurs qu’il est, Lumet réussit à diriger ses acteurs de telle manière à exalter leur personnage. La scène d’incendie final, dont l’apogée est formulé par le visage effrayée de Joanne Woodward, élève la tragédie humaine à son point le plus prégnant. Assurément le film est une réussite, tant par la symphonie que compose l’interprétation des acteurs que par l’histoire qui y est relaté. Qui est l’auteur d’une telle maîtrise ? Ovide, dont l’œuvre est inspirée ? Williams, que le film adapte ? Lumet, réalisateur du film ? Ou l’ensemble de la distribution ? La juste tonalité de «The Fugitive Kind» provient de l’harmonie entre tous ces auteurs. Réalisé en 1960, année phare dans l’histoire du cinéma et de l’art, ce film contredit, par sa nature, ce que les Jeunes Turcs de la Nouvelle Vague défendaient : l’auteur unique. De ce fait, par la plurivocité de ses sources artistiques, «The Fugitive Kind» est-il un film de «maître» au même sens où l’on entendait une peinture de «maître» à la Renaissance ? Il serait plus correct de qualifier le film d’œuvre de «maîtres». Certes, la présence de Brando appelle à la comparaison avec d’autres de ses grands films mais ce serait réduire «The Fugitive Kind». Film le plus poétique dans l’œuvre de Lumet, il ne souffre pas encore de son didactisme étouffant qui fondera ses réalisations des années 80.
L'homme à la peau de serpent ou (The fugitive kind, le genre fugitif).
Encore une fois une pièce de théâtre qui devrait fuir les plateaux de cinéma tant l'adaptation et le changement de peau opère péniblement et parfois très mal. Bien sur le jeu incroyable de Brando , toujours étonnant et d'une économie de moyens jamais égalé (même par Noiret à la fin de sa vie) sauve le visionnement du film. Magnani est bonne, intense, italienne, un peu trop parfois mais, oh stupeur,il y a quelques répliques où elle sonne carrément fausse. Woodward quant à elle passe du désespéré au ridicule comme un serpent inconscient de ses mutations. Le reste est ancré dans une époque et le tout vieillit mal, à peine sauvé par la dextérité de la plume tragique de Tennessee Williams. Et même ce tragique par moments nous semble lourd et ridicule à travers l'oeil empoisonné d'une caméra qui pourtant sait se faire assez économe de gros plans venimeux qui auraient dans ce cas tout gâché (n'en jetez plus l'écran est plein.) Je me demande si la pièce tient la route après toutes ces années! J'en doute tant Ionesco et Beckett ont tout bouleversé! le tragique est toujours ridicule ! (Beckett) Pour le jeu de Brando hypnotique, qui est un cours en soi, pour son chant, pour quelques superbes moments de Magnani, pour le texte de Williams qui est sublime lors de la description de l'oiseau qui dort dans le vent, je veux bien mettre deux étoiles à ce film qui échappe au cinéma comme un serpent échappe à la terre et aux eaux en glissant sur tout: fuyant !
C'est une œuvre qui en laissera plus d'un sur le côté. Car le film prend le parti pris de tout justifier, ou presque, à partir d'un personnage, les passions les plus folles, les comportements les plus excessifs, et le tout sans retenu. Sauf que quand on a Marlon Brando - excellent - dans le rôle titre, c'est crédible. Et que Sidney Lumet, avec sa mise en scène, parvient à vraiment gérer son long-métrage qui aurait pu tomber dans le n'importe quoi. C'est un film qui m'a captivé, car tout d'un coup on a un parti pris véritablement casse-gueule, qui aurait pu tomber dans le pathos, dans le mélo, mais qui marche. Sidney Lumet sait où il va, c'est bien écrit, c'est bien réalisé et c'est bien interprété.
Marlon Brando incarne Val, un musicien qui fuit la Nouvelle-Orléans pour éviter la prison. Il atterrit dans une petite ville du Sud, et désireux de se poser, accepte de travailler comme employé dans un magasin de vêtements. Mais entre une jeune femme locale névrosée, et la propriétaire écorchée du magasin, les choses ne seront guère faciles ! Sidney Lumet adapte un pièce de théâtre de Tennessee Williams, et livre ainsi un film assez statique, se reposant principalement sur ses dialogues et ses acteurs. Car si la mise en scène est solide (avec notamment de jolis éclairages), on ne peut pas dire que l'intrigue avance à grand pas. Celle-ci contient même des lenteurs. Néanmoins, dès les premières minutes avec ce plan-séquence sur le protagoniste, ce personnage joué par Brando est posé et phagocyte l'écran. Un jeune homme à l'allure et la beauté insolente qui ne demande qu'à rester tranquille, et qui sera secouer par tous. Face à lui, Anna Magnani est surprenante en commerçante dont le passé révèlera peu à peu de nombreuses douleurs. Un drame intéressant.
Aucun regret d'avoir traversé Lyon pour découvrir ce film rare. Brando est époustouflant de la première seconde à l'image finale, dans laquelle il n'est d'ailleurs plus là! Face à la Magnani, parfaite en fille d'italien martyr des milices KKK ou assimilés et à la blonde Joanne Woodward, découverte en cette occasion et parfaite dans son rôle de fille de bonne famille paumée et en pleine révolte. Lumet met en scène les longs dialogues de T. Williams, sa poésie, sa peinture d'un garçon sauvage désenchanté, parlant avec grâce d'un oiseau bleu qui ne se pose jamais que pour mourir. Lumet dresse un portrait noir d'une population raciste du sud. Ni violence, ni sexe à l'écran mais l'effet aussi fort dans le récit de ce qui se passe dans les chaumières et les bayous. On devine les électeurs de Trump soixante ans auparavant, rien de changé sous le ciel du sud américain. Un portrait au vitriol, des personnages tragiques portés par des acteurs d'exception. cinéma - mars 2024
Pfff que ce film est mauvais... pourtant j'étai très excité par le fait de voir un film tiré d'une œuvre de Tennessee Williams, avec Marlon Brando mais j'ai été bien refroidi ! Bah oui car l'histoire ne m'a pas accroché, les dialogues non plus, les personnages encore moins (surtout celui de Carol qui m'a exaspéré au plus haut point) et surtout j'espérait très fort une belle histoire d'amour entre le vagabond et une des deux vieilles femmes (car mon fils et sa chérie plus vieille étaient là & l'espéraient fort aussi) mais c'est resté plat & ennuyeux et j'ai trouvé la soirée fort longuette ! Et bah c'est raté pour Mr Brando ! Une petite pensée pour Sacheen !
Devant la discrète caméra de Sidney Lumet, les tourmentés Marlon Brandon et Anna Magnani donnent magnifiquement corps au texte de Tennessee Williams. Le film a vieilli mais l’interprétation demeure très forte.
Beaucoup de surface, trop de faux semblants mais néanmoins ce quatrième long métrage de Sydney Lumet possède une réelle consistance. La toile de fond de cette histoire force le cadre, les horizons se dessinent et trouvent pleine mesure après la première demi-heure. Les interprètes se dévoilent aussi passé un certain laps de temps, les masques se gomment lorsque les petits jeux s’atténuent. Marlon Brando tout en posture et en charme contribue grandement à la réussite du film. L'expression est certes galvaudé mais si apprêté que oui, " Il crève l'écran ". J'avais lu quelques avis négatif concernant Anna Magnani et je les trouvais fortement injustes jusqu'au dernières minutes mais il est vrai qu'a la fin elle en fait un poil trop ... Dommage car ces excès abîme sa présence et son personnage. Cette fin est toutefois quelque peu raté à force de vouloir trop en faire, de tout conclure à travers se grand déballage qui ternisse en soi le film. Pour finir, il est pressant pour moi de découvrir quelque autres films de Sydney Lumet. Après avoir revu 12 Hommes en Colères et Serpico se long métrage conforte ma haute opinion de ce cinéaste. Un Après-Midi de Chien sera surement la prochaine étape ...
Ce n'est pas la meilleure pièce de Tennessee Williams et ce n'est donc pas la meilleure adaptation cinématographique réalisée à partir d'une pièce de l'auteur. Le film est parfois trop bavard, un peu lourd, les personnages parfois un peu barbants et pourtant il émane une certaine grâce. Il faut dire que Sidney Lumet sait s'y prendre quand il s'agit de mise en scène et il filme l'histoire et ses personnages d'une très belle manière avec un noir et blanc sublime. Dès le début, il nous offre un plan-séquence et donne le ton, laissant ses acteurs faire le reste. Ils sont tous grandioses : que ce soit Marlon brando en jeune musicien égaré, Anna Magnani en patronne de magasin entourée par la mort et le désespoir ou encore Joanne Woodward en jeune fille un peu névrosée. Le casting donne corps au texte de Tennesse Williams et même si parfois on se perd un peu devant quelques longueurs, on ne peut s'empêcher d'être fasciné par tant de pessimisme.
Un étranger, musicien marginal, met en relief les rancœurs, les frustrations (féminines surtout) et la xénophobie d’une petite ville du sud des états unis. Adaptation intéressante d’une pièce de Tennessee Williams, on peut juste regretter que les excès dans la mise en scène et le jeu parfois outré de certains comédiens tue l’émotion.
Film de Sidney Lumet, adaptation d'une pièce de Théâtre de Tennessee Williams, et ça se sent quand même : beaucoup de dialogues, même s'ils sont de qualité, une ambiance petite ville du sud des Etats-Unis, des êtres souvent désespérés et malheureux. Nous avons là une sorte de tragédie, sans suspense, on devine très vite que tout ça va virer au cauchemar. De fait. Il y a trop de longueurs, mais la réalisation est moyenne ainsi que la photographie, souvent trop sombre. Les personnages sont un peu trop stéréotypés, les acteurs sont bons, surtout certains personnages secondaires. Ce n'est pas un grand film de Lumet.
Les écrits de Tennessee Williams n'ont jamais été légers, nous en avons une nouvelle fois la preuve avec ce film sous-estimé par la critique, ne serait-ce que pour la rencontre de ses deux montres sacrés, Brando et Magnani et de leurs batailles d'amour et de haine. Une tragédie digne du nom ! Le serpent a le sang froid, Joyce, pas vrai ?
Pour sa quatrième réalisation, Sidney Lumet (Douze hommes en colère - 1957) adapte la pièce de théâtre Orpheus Descending (1940) créée par Tennessee Williams (à qui l’on doit les célèbres Un Tramway nommé désir & La Chatte sur un toit brûlant). Dans cette adaptation cinématographique, Sidney Lumet a eu la brillante idée de prendre Tennessee Williams en guise de scénariste, ainsi l’œuvre ne se retrouve pas dénaturée ! Ce qui fait la force du film, c’est bien évidemment l’histoire, passionnante tout au long mais surtout, ce qui marque le plus, c’est la prestation de Marlon Brando ! Chaque mot prononcé, sa présence face caméra, il retient notre regard et nous tient en haleine jusqu’au clap de fin.
L’œuvre théâtrale de Tennessee Williams a été portée à l'écran par toute une génération de réalisateurs entre 1950 et 1970, d’Elia Kazan à John Huston en passant par Richard Brooks, Joseph Mankiewicz, Joseph Losey et Sidney Lumet qui adapte ici « La descente d’Orphée » pièce écrite en 1957. Pour retranscrire à l’écran les personnages torturés de l’œuvre de Williams ces réalisateurs ont fait appel aux acteurs formés par l’Actor’s Studio alors pépinière désignée pour remplacer les monstres sacrés de l’âge d’or d’Hollywood. Trois acteurs et trois actrices vont incarner les héros déchus de Williams dans les quelques vingt adaptations de son œuvre : Brando (« Un tramway nommé désir », « L’homme à la peau de serpent »), Montgomery Clift (« Soudain l’été dernier »), Paul Newman ( «La chatte sur un toit brûlant », «Doux oiseau de jeunesse », Vivien Leigh (« Un tramway nommé désir », « Le visage du plaisir », Elizabeth Taylor (« La chatte sur un toit brûlant », « Soudain l’été dernier », « Boom ! ») et Anna Magnani (« La rose tatouée », « L’homme à la peau de serpent »). L’œuvre de Williams est essentiellement axée sur la description de personnages en rupture de ban qui se trouvent exclus de la société par leur comportement marginal et dont la frustration sexuelle détermine le comportement. Tous ces films ont une tonalité que l’on retrouve à la même époque dans certaines adaptations de William Faulkner (« Les feux de l’été » Martin Ritt 1958) ou de John Steinbeck (« A l’est d’Eden » Kazan 1955) et qui au-delà des différents réalisateurs à la manœuvre se caractérisent par un manque de vraisemblance des situations dramatiques qui apparaissent comme de simples prétextes à l’exposition des tourments intérieurs des protagonistes. Ce manque de réalisme sera progressivement abandonné avec l’arrivée de cinéastes comme Martin Scorsese (« Who That Knocking at My Door » 1967, « Alice doesn’t live here anymore » 1970), Jerry Schatzberg (« Panique à Needle Park » 1971, « L’épouvantail » 1973) ou encore Francis Ford Coppola (« Bib Boy » 1966, « Les gens de la pluie » 1969) qui ancrent leurs films dans une réalité quotidienne davantage perceptible par le spectateur. Ce sera l’éclosion des Robert De Niro, Al Pacino, Robert Duvall ou Dustin Hoffman avec lesquels l’identification est plus immédiate. La démarche sera poussée encore plus loin par John Cassavetes adepte du cinéma vérité porté le plus souvent par des comédiens amateurs entourés de quelques acteurs confirmés. Le film de Lumet doit donc s’apprécier pour la performance de ses acteurs, au premier rang desquels il faut bien sûr placer Marlon Brando au jeu si particulier, toujours imité jamais égalé qui n’a pas son pareil pour faire passer à l’écran une sexualité tout à la fois torride et contenue. Selon que l’on est adepte ou pas de l’acteur on pourra le trouver génial ou cabot à souhait posant d’une manière ostentatoire face à une caméra qu’il cherche en permanence à séduire. Anna Magnani issue du néo réalisme italien apporte un réel vérisme à cette gérante de magasin qui porte sur ses frêles épaules un tragique passé familial, lié au racisme quotidien qui dévore l’État du Mississipi. Si l’enchaînement prévisible de cette situation souffre d’artificialité, Williams par l’intermédiaire de Lumet n’en met pas moins à jour la crainte de l’altérité comme cause essentielle du racisme. Quand les copains du mari de Lady Torrence (Magnani) mettent le feu à la nouvelle pâtisserie ouverte par sa femme avec l’aide de Xavier (Brando) selon le rite exact d’un crime commis trente ans plus tôt, il ne leur manque plus que les funestes cagoules du Klan auxquelles fait indéniablement allusion Williams dans cette scène emblématique. Les personnages à la limite de la caricature, comme la jeune excentrique Carol Cutter jouée par une Joanne Woodward bizarrement empruntée dans un rôle très éloigné de son emploi habituel, empêchent le film de Lumet de passer sans dommage le cap des ans. Avec le temps Lumet comme les autres se libérera de la langue et la gestuelle imposées par Lee Strasberg et sa méthode. Dans le genre, le chef d'œuvre absolu demeure "Du silence et des ombres" de Robert Mulligan qui sorti la même n’a pas pris une ride.
Un grand drame dans la tradition américaine des années 50. Sidney Lumet n'a pas encore affirmé son style mais c'est déjà tout bon. Adaptation de Tennessee Williams donc énorme qualité d'écriture (en plus j'adore les histoires qu'il raconte). Pour finir la prestation mémorable de Marlon Brando (au sommet de son art) et les autres acteurs sont tous très bien également.