Un ratage complet, une vraie catastrophe. Et pourtant on partait avec un a priori très favorable, après la magnifique expo Sarah Bernhardt-2023, du Grand Palais, si réussie, si bien construite , bien documentée, passionnante qui avait aiguisé nos appétits . Mais malheureusement le parti pris de Nicloux se heurte à deux écueils majeurs . Premier : la majeure partie du film est consacré à l’histoire d’amour entre Sarah et Lucien Guitry, ce qui est le moins intéressant ( et de fait pas établi du tout qu’il fut « l’amour de sa vie ») , on s’en fiche un peu. Le père Guitry est un personnage oublié aujourd’hui, cet amour était-il bien celui-là ? Est- ce vraiment l’élément constituant de la vie amoureuse de Sarah ? sur une vie de 78 ans, et un tel parcours , bien peu probable, et à la limite cela n’a pas d’intérêt . Deuxième erreur, vouloir restreindre Sarah en passionaria Woke , bien sûr : anti- peine de mort, pro Dreyfus ,bisexuelle, discours sur l’égalité de la femme aux tonalités XX1eme siècle , tous ses discours « trop modernes » ,des mots contemporains, trop propagandistes , sont déplacés. A la limite, on s’en fiche, elle aurait pu être : pour la peine de mort, et n’aurait pas apprécié le cri de « Vive l’Anarchie » lors la guillotine de Vaillant, que cela n’aurait rien changé à son talent, à son parcours exceptionnel. Et de fait son parcours de vie, son parcours artistique n’est presque pas abordé, sa jeunesse: rien, son mari, le père de son fils: rien, son parcours de demi-mondaine de sa jeunesse: rien, ses 1er grands succès , son importance dans le théâtre ,ses pièces cultes ,son charisme, sa reconnaissance mondiale, le pourquoi de son succès: rien. Donc un film complétement réducteur, très orienté. Tout est axé sur le côté sombre et/ou moderne de l’actrice, son « hystérie » , son extravagance , ses gouts des animaux sauvages, alors que l’on aurait voulu voir la femme, la maitresse, la fragilité, la grande actrice , des références au théâtre. Dernier gros problème, le manque de budget pour un tel projet, tout a été mis sur les acteurs et les quelques robes de Sarah. 95 % du film est constitué de gros plans, très gros plans de visages , ( moins chers) , pas de plans panoramiques , pas de mise en scène , très peu de reconstitution, pas de travelling, bien triste . Un biopic complétement désaxé, malgré la performance personnelle de Sandrine Kimberlain, plutôt bonne, même si l’hystérie demandée par Nicloux , gâche le personnage . Bien dommage .