L'idée de faire le Vendée Globe en virtuel avec ce parallèle entre la course et la reconstruction de soi et de sa famille est née pendant le confinement. A ce moment, Xavier Beauvois a joué à Virtual Regatta et s'est demandé comment faire pour gagner face à ces nombreux bons joueurs : "Mon idée était de le faire en vrai, mais pour de faux. À partir de là, je me suis demandé qui pourrait faire ça et pour quelles raisons…"
"J’ai inventé des problèmes d’argent, de dépression, d’alcool et des prix sonnants et trébuchants pour les 3 premiers (prix qui n’existent pas dans le vrai Virtual Regatta)… Le personnage de Jean-Paul ne devait pas faire le tour du monde mais le tour de SON monde. Dans cette aventure, il y a aussi l’idée d’une cure. À cause de ses problèmes, Jean-Paul se laisse sombrer. Mais sa famille le pousse à ouvrir les yeux."
"Finalement, il part s’isoler dans son jardin pour cette course et ça change sa vie. À la fin de la course, il n’est plus le même : il a eu le temps de réfléchir sur lui-même sur son fils, sur plein de choses qui provoquaient son mal-être."
La Vallée des Fous est l’autre nom de Port-La-Forêt, la Mecque des navigateurs. Tous les plus grands s'y sont entrainés, d’Éric Tabarly à Jean Le Cam, en passant par Vincent Riou et Michel Desjoyeaux. Xavier Beauvois précise : "L’histoire de mon film se situe là-bas et Jean-Paul, mon personnage principal, est un passionné de voile qui a vu partir ces fous affronter les 40ème rugissants. C’est aussi pour cela qu’il a cette idée folle !"
Madeleine, la fille de Xavier Beauvois, joue pour la troisième fois dans un film dirigé par son père : "Elle avait commencé très jeune dans Les Gardiennes, puis a eu le rôle dans Albatros… Elle adore ça et a une mémoire d’éléphant. Quand il faut improviser un truc, elle y va à fond, ce qu’elle a fait pas mal de fois avec Pierre Richard. C’était émouvant pour moi de la voir se marrer avec Pierre entre les prises", explique le metteur en scène, en ajoutant :
"Pierre, c’est un des grands mythes du cinéma, il m’a fait rêver, il m’a donné envie de faire du cinéma. Le voir jouer dans mon film, ça m’a remué les tripes. Il a 89 ans mais il est en pleine forme, il a toujours une grosse envie de tourner, il prépare d’ailleurs son propre film… Il est d’une gentillesse absolue, il raconte plein d’anecdotes, au point que je me faisais engueuler par mon assistant entre les prises, car nous prenions du retard en écoutant Pierre."
"Dans la vie aussi, il est burlesque : un jour, il a piqué ma place à la cantine au bout d’un banc, et boum, il s’est pété la gueule ! Comme dans La Chèvre !"
Avec La Vallée des fous, Xavier Beauvois retrouve le directeur de la photographie Julien Hirsch, avec lequel il avait travaillé sur Albatros en 2020. Le cinéaste se remémore : "C’était compliqué de filmer à l’intérieur du bateau, de ne pas être redondant dans un espace aussi exigu. C’est un peu comme le film de Wolfgang Petersen, Das Boot, où ce ne sont jamais les mêmes plans à l’intérieur d’un sous-marin. Dans notre bateau, il fallait caser Jean-Paul, Julien, le pointeur, l’ingé son, son assistant, et parfois moi."
"Mais la plupart du temps, je ne pouvais pas être dedans. Le restaurant du film est en Normandie, on a tout recouvert de faux granit breton ! Ce qui est étrange, c’est que tu es dans ton canapé, tu rêves un film, et puis un beau jour, ton village est bloqué par les camions, tu ne peux plus passer, t’as un bateau qui se soulève dans les airs et qui vient se poser dans un jardin ! C’est la magie du cinéma !"
Xavier Beauvois a tout de suite pensé à Jean-Paul Rouve pour se glisser dans la peau du héros de La Vallée des fous. Le metteur en scène avait déjà tourné avec le comédien dans Quand je serai petit, réalisé par ce dernier.
Le film peut compter sur la présence des skippers et navigateurs Jean Le Cam et Michel Desjoyeaux. Xavier Beauvois a pu les rencontrer grâce à l'une de ses amies, Stéphanie Brabant, qui connait beaucoup de monde dans le milieu de la mer. Il se souvient : "Je suis allé dîner chez Le Cam, ce qui est rare chez lui, et la soirée s’est tellement bien passée qu’il nous a invités à déjeuner le lendemain. Jean et sa femme Anne sont devenus des amis. Je suis comme un amateur de foot qui deviendrait pote avec Zidane ! Le Cam et Desjoyeaux sont des mythes vivants à mes yeux."
"À la fin du film, quand on monte sur le bateau de Le Cam, c’est en réalité son tout nouveau bateau et c’était la première fois qu’il larguait les amarres, qu’il mettait les voiles, qu’il tirait un bord ! J’ai filmé ça, c’était inattendu et magique, un cadeau formidable. Quant à Desjoyeaux, on a tourné dans son bureau avec ses trophées du Vendée Globe. Avec Jean, ils sont venus chez moi en Normandie, ça a été un truc dément, je n’en revenais pas. Desjoyeaux, on l’appelle “le professeur”, il m’a tout expliqué, le congélateur, la nourriture sous vide… Jean, pareil, un type charmant."