Le producteur Jean-Marie Gigon a rencontré la réalisatrice Sylvestre Meinzer en janvier 2019. Après avoir réalisé le long métrage Mémoires d’un condamné, sorti en salle en novembre 2017, elle cherchait un producteur pour son nouveau projet de film autour du vent de révolte insufflé par les Gilets jaunes.
"J’ai suivi comme tout le monde ce mouvement populaire, avec beaucoup d’interrogations et d’intérêt. Lors de notre première entrevue, j’ai été sensible à la finesse de son approche, à l’idée de résistance qui dépasse le cadre de ce mouvement, vécue simultanément de manière intime et collective", confie Jean-Marie Gigon.
Les Voies jaunes n'est pas un film guidé par l’urgence de témoigner, mais plutôt une proposition sensible de l’après coup, de la transformation. "Les récits sont portés par des personnes pour qui le mouvement des Gilets jaunes a marqué irrémédiablement leur vie. En parlant de réinvention du monde, le film crée des ponts avec d’autres mouvements de résistance que ce soit dans les champs de l’écologie ou des inégalités sociales notamment."
"Le film cherche à rendre palpable la force souterraine des idéaux d‘un peuple, qui se met à croire dans un réenchantement possible de ce monde trop souvent présenté sans avenir", explique le producteur Jean-Marie Gigon.
Ce qui a touché Jean-Marie Gigon dans la démarche de Sylvestre Meinzer est la confiance qu’elle place dans le processus créatif en mouvement. Il ajoute : "C’est aussi sa volonté de chercher à humaniser un mouvement souvent méprisé et déshumanisé, en s’intéressant au quotidien, à la vie des gens, d’une France oubliée."
"Son élan à aller vers l’autre ne se place pas pour autant dans la compassion ou la complaisance, mais dans la curiosité, l’excitation de la rencontre, le désir de recevoir une diversité de récits, de se faire passeuse d’une parole."
"En novembre et décembre 2018, quelque chose d’extraordinaire avait lieu. On ressentait comme un trouble, un bruissement, un dérèglement dans la tranquillité des lignes droites, des parcours tristes, des émissions banales des chaînes d’information continue… Dans la lignée de mes réflexions sur l’histoire des luttes populaires et de leur mémoire sinistrée, je rejoignis différents groupes de Gilets jaunes."
"Il me paraissait évident que je devais participer à ce moment unique où, en partant des expériences et des besoins de chacun, de la nécessité d’être utile à tous (à commencer par les plus précaires), on redonnait du sens à la vie et à la politique."
La sortie des Voies jaunes le 15 novembre 2023 accompagne l’anniversaire des 5 ans du mouvement des Gilets jaunes. Partout en France, les Gilets jaunes se sont mobilisés pour aider Sylvestre Meinzer à organiser les projections-débats, qui auront lieu dans les cinémas, les salles associatives et même sur les ronds-points.
Sylvestre Meinzer accompagnera les projections, avec les actrices et les acteurs du mouvement - et du film. D’autres intervenant·e·s participeront aux rencontres, afin de prolonger les réflexions et les échanges sur les questions politiques, économiques, sociales, environnementales aussi bien qu’esthétiques de ce mouvement, et de ce film...
Sylvestre Meinzer est ethnologue, photographe et réalisatrice de films. Après avoir travaillé dans le costume et la scénographie, elle intègre la Mission du Patrimoine Ethnographique. Depuis sa formation aux Ateliers Varan et à l’école des Gobelins, elle pratique aussi le cinéma documentaire et la photographie plasticienne. Elle expose son travail dans des musées et centres d’art, présente ses films à la télévision, en salles et dans les festivals. Elle dirige des ateliers artistiques auprès de publics variés, éloignés de la culture, dans le cadre de l’association Les Impatients qu’elle a créée.