S'ils n'ont pas tourné pour le cinéma depuis Les Têtes de l’emploi en 2016, Alexandre Charlot et Franck Magnier ont beaucoup écrit, notamment les deux saisons de la série Marianne pour France 2. C'est finalement SND qui leur proposé cette idée de film qui a donné Le Larbin. Ils se rappellent : "Une idée que nous avons repris à notre manière avec l’envie de creuser le concept de la grande mascarade, autour de ce personnage du « valet de pisse » ! Ça nous rappelait « La folle histoire du monde » de Mel Brooks où il y avait un passage avec un personnage similaire à l’époque de Louis XIV..."
"Le Larbin » part du principe d’une grande farce dans laquelle un père utilise les moyens du cinéma pour remettre d’aplomb son fils ingérable. Nous y avons vu l’occasion de faire un film sur le cinéma, en montrant les coulisses de la supercherie, un peu à la manière du « Truman show ». Ça nous semblait intéressant de décrire l’envers du décor avec des gens censés jouer des personnages tout en étant très différents dans la réalité. Nous pouvions aussi être dans le passé puis le contemporain et parfois dans les deux en même temps ! Cette sorte de triple fond constituait un formidable terrain de jeu pour nous !"
Dès le départ, Alexandre Charlot et Franck Magnier ont cherché à faire une comédie populaire. Les Visiteurs a été une référence pour eux, mais dont ils ont aussi cherché à s'éloigner : "Au tout début de nos discussions avec Ségolène Dupont et Rémi Jimenez, nos producteurs chez SND, nous avons défini l’univers historique dans lequel nous voulions faire évoluer notre histoire. Assez rapidement, nous nous sommes demandé ce qui était typiquement français et immédiatement visuel pour une comédie. Le Moyen Âge avait été traité avec « Les visiteurs » mais pas le règne de Louis XIV...", confient-t-ils.
Louis, le jeune personnage principal, quitte notre époque pour se réveiller à celle du Roi Soleil et découvrir qu’il occupe le poste de "valet de pisse" : "J’avais pour voisin un universitaire historien originaire d’Angers à qui j’ai demandé conseil : il m’a confirmé que ce poste avait bien existé. On appelait ça un « valet d’aisance » dont le boulot était de recueillir les urines et les selles de son noble employeur !"
"Alors avec Franck, nous aimons nous documenter mais pas trop ! Ça nous semble intéressant de savoir que les choses ont bel et bien existé mais ensuite notre imagination prend le relais... Nous avons donc affublé le pauvre Louis d’un seau et d’un paravent : peut-être que les vrais valets d’aisance travaillaient autrement. Pour notre « valet de pisse », c’était parfait !", se souvient Alexandre Charlot.
Pour les deux jeunes personnages principaux, Alexandre Charlot et Franck Magnier voulaient deux comédiens peu connus. Ils expliquent : "Cette idée de découvrir de nouveaux talents constituait un beau défi et Valérie, la directrice de casting, nous a donc fait une sélection dans laquelle se trouvait Audran. Nous lui avons fait passer des essais et il nous a tout de suite tapé dans l’œil ! Son énergie, son charme, son envie étaient évidents... Ce qui est formidable, c'est que pour le rôle de Lisa/Lison, Audran est venu donner la réplique à toutes les actrices que nous voulions tester. Quand Jade Pedri s'est présenté et qu'ils ont commencé à jouer, là aussi c'était une évidence."
"Audran avait déjà joué dans « Les bracelets rouges » la série de TF1, Jade fait une pour Disney+ et elle eu quelques jours tournage notre Marianne . Ce sont vraiment jeunes comédiens très professionnels à l’écoute, volontaires. Pour nous, c’était un bonheur les diriger. Après le casting, jamais nous n’avons doutes sur ce couple cinéma... Et Audran s’est totalement impliqué sur le film. Comme beaucoup de jeunes cette génération, il a un enthousiasme extraordinaire. Je ne sais pas combien kilomètres couru, voulu faire ses cascades, monter à cheval, etc."
Par chance, Alexandre Charlot et Franck Magnier sont tombés sur ce domaine qui est l’ancienne résidence de l’Evêque de Senlis et qui a l’allure d’un château de conte de fées : une bâtisse bien verticale, avec des tours, etc. Ils se rappellent : "C’est ce que nous recherchions pour notre histoire qui est une sorte de fable. La famille propriétaire nous a formidablement accueillis et nous a même permis de tourner dans cet immense parc d’une centaine d’hectares autour du château. C’est là qu’Ambre a pu implanter ce vrai-faux village de paysans et où nous avons pu mettre en boîte un nombre incalculable de scènes. Ce domaine était en fait l’écrin rêvé pour l’espèce de boule à neige dont nous rêvions !"
"C’est vrai que nous avons eu quelques suées car la production voulait tourner en Ile de France et il fallait trouver un lieu qui imprime la rétine du spectateur. A un moment, nous avons même douté y parvenir... Et puis ce château près de Senlis est arrivé, avec toute son histoire ancestrale. Les cuisines que l’on montre à l’écran datent d’un premier bâtiment remontant à la Guerre de Cent ans, par-dessus lequel au XIXe siècle a été construit une sorte de réplique ,des châteaux de la Loire, avec ces tourelles rondes au toit pointu."
Clovis Cornillac incarne l’extravagant Chris Palmer, un réalisateur à cheveux longs complètement farfelu ; sorte de démiurge d'un monde recréé pour le fils de Kad Merad, il rappelle fortement Christophe, le créateur de l'émission Truman Show joué par Ed Harris dans le film culte de Peter Weir. Alexandre Charlot et Franck Magnier racontent : "Clovis avait un petit rôle dans notre premier film, Maléfique et nous avions envie depuis un moment de le diriger à nouveau. Là, il a dit oui..."
Dans le film, Kad Merad joue Jean-François Casteigne, un milliardaire de l’hôtellerie, désarçonné par les frasques de son fils et qui va imaginer une supercherie historique pour le ramener dans le droit chemin. L'acteur confie : "Sérieusement, nous sommes partis sur l’idée que cet homme avait beaucoup de problèmes, à l’image de tous ces businessmen très riches qui possèdent des empires mais passent leurs journées avec les yeux rivés sur les cours de la bourse, soumis aux volontés d’un conseil d’administration. La vie de Jean-François Casteigne n’a rien d’idéal ni de simple..."
"Ajoutez à cela cet enfant très compliqué dont il a raté l’éducation comme il a raté son mariage. En fait voilà : ce personnage est un raté ! Et il porte ce bilan d’une vie sur lui avec peu d’étincelles, de joie ou de lumière. Il subit les choses, jusqu’au moment où il va décider d’essayer de les changer en inventant une grosse mascarade..."