André Maison (Alex Lutz), « comme le peintre », aime-t-il à répéter, est commissaire-priseur et accueille une nouvelle stagiaire. Un jour, un courrier l’informe qu’un tableau d’Egon Schiele a été découvert à Mulhouse, chez un jeune chimiste, travaillant de nuit.
Après authentification de la toile qu’il fait avec son ex-femme Bertina (Léa Drucker), André décide d’en faire la vente de sa carrière. Seulement, tous les coups étant permis, Bertina et Aurore vont l’aider.
Du côté du jeune ouvrier, Martin Keller (Arcadi Radeff) est heureusement soutenu par l’avocate Egerman (Nora Hamzawi) pour découvrir le monde de l’art dans lequel il va être propulsé.
Comédie réussie
Réalisateur de Tout de suite maintenant, dans le milieu de la finance, Pascal Bonitzer choisit un autre milieu, celui de l’art, pour y dénoncer son âpreté où tous les coups sont permis ! La jeune stagiaire, Aurore, sera l’œil naïf nécessaire à pointer les codes de ce milieu, certes policés et polis puisqu’il s’adresse aux plus riches, mais dont la cruauté est révélée par son regard neuf. Le tableau n’est qu’un « produit » (André en parle souvent ainsi), qu’il faut faire « mousser » pour qu’il rapporte plus. De plus, la dureté du milieu est particulièrement bien rendue par les tiraillements entre chacun, la solitude et la fragilité des fonctions.
La grande Histoire est présente avec la spoliation des biens des juifs et du sort funeste de la famille du propriétaire. Deux milieux que tout oppose vont se rencontrer. Mais la critique sociale est un fond sur lequel le romanesque se déploie amplement. Des histoires sous-jacentes sont incluses dans la découverte du tableau et sa vente. Il y a les mensonges de la stagiaire avec un père très, trop, aimant (Alain Chamfort), la présence chaleureuse de la mère de Martin (Laurence Côte) et ses copains (Mathieu Lucci et Illiès Kadri).
Les acteurs sont crédibles. Alex Lutz est à la fois cinglant et attachant. Léa Drucker, avec ses bains, sait nous émouvoir à plusieurs reprises. Arcadi Radeff, et son regard intense, n’est pas complètement naïf, mais plutôt un sage, malgré son jeune âge. Et, puis, pour moi, une découverte au cinéma, puisque Nora Hamzawi n’était avant ce film qu’une humoriste de radio, ici terriblement empathique pour ses clients.
Bon moment de cinéma !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/05/02/le-tableau-vole-pascal-bonitzer/