Un titre qui évoque la solennité, le mystère, et, osons le dire, un certain ennui administratif. Halfdan Ullmann Tøndel, héritier d’une lignée cinématographique illustre, nous convie à une œuvre qui, sous ses airs de thriller psychologique, s’apparente davantage à une dissertation académique sur l’angoisse sociale. On sent le sérieux du projet, la gravité du propos, et surtout, l’absence totale d’un souffle véritablement cinématographique.
Renate Reinsve, qui avait électrisé Julie, se retrouve ici à porter un personnage plus figé qu’une statue de marbre sous la neige norvégienne. Son interprétation d’Elizabeth est empreinte d’une tension palpable, certes, mais une tension qui ressemble plus à un cours magistral qu’à une explosion d’émotions. Ellen Dorrit Petersen nous gratifie d’une performance glaciale, à tel point que l’on se demande si elle joue un personnage ou si elle a simplement froid sur le tournage.
Quant aux seconds rôles, ils semblent enfermés dans une tragédie nordique dont eux seuls connaissent les règles. Thea Lambrechts Vaulen tente d’apporter un semblant d’élan au film, mais son personnage, écrit avec une austérité quasi-monastique, peine à exister. Øystein Røger et Endre Hellestveit sont là, présents, respirant, articulant leurs dialogues avec cette précision clinique propre au cinéma scandinave. Fascinant d’un point de vue anthropologique, mais cinématographiquement parlant ? Plus proche d’un exercice de style que d’une immersion véritable.
Là où Tøndel aurait pu insuffler une tension insoutenable, il préfère s’attarder sur des cadres statiques, des silences pesants, et un rythme contemplatif qui frôle l’auto-satisfaction. Certes, la photographie est impeccable, les compositions millimétrées, mais où est ce qui peut toucher le public que nous sommes, pauvres humains ? Cette mise en scène trop maîtrisée finit par ressembler à un meuble IKEA parfaitement assemblé : fonctionnel, solide, mais sans âme.
Le film aurait pu être un cauchemar kafkaïen, une plongée vertigineuse dans la paranoïa bureaucratique. Il n’est qu’une démonstration appliquée, un exercice brillant mais dénué d’audace. Peut-être que Tøndel, trop soucieux de prouver qu’il appartient à une certaine élite du cinéma d’auteur (sa mère est Linn Ullmann, Liv Ullmann et Ingmar Bergman ses grands-parents) a oublié que le spectateur, lui, apprécie parfois une étincelle d’imprévu.
Au final, La Convocation est un objet élégant, maîtrisé, mais d’un académisme glacial. Comme une lettre recommandée que l’on redoute d’ouvrir, on comprend son importance, on en respecte le contenu, mais on ne peut s’empêcher de soupirer face à son austérité.