À l’ancienne : les secrets du tournage

A l'ancienne a été initié par les producteurs Hugo Gélin et Igor Gotesman, qui ont fait lire le scénario du projet à Hervé Mimran. Ce dernier se rappelle : "Nous avions tous les trois déjà travaillé ensemble : Igor jouait dans Un homme pressé en 2018 et j’avais coécrit Comme des frères le 1er long métrage d’Hugo... Tout cela est donc le résultat d’une sorte de consanguinité amicale et heureuse !"

Étant lui-même auteur, Hervé Mimran a apporté sa patte au projet : "Je ne sais pas vraiment arriver sur un film en simple exécutant et ça tombait bien car Igor et Hugo étaient en demande de réécriture sur le scénario, comme un besoin de sang neuf... Il y a toujours des choses à revoir, à peaufiner en accord avec ma vision de l’histoire."

A l'ancienne est fortement inspiré d’un film irlandais, Vieilles canailles, sorti en 1998 et passé inaperçu en France. Didier Bourdon raconte : "On y trouve cet humour anglo-saxon qui en effet mélange les genres : la comédie pure, la tendresse, la mélancolie… Tout cela ici se passe en plus en Bretagne, une terre où les habitants ont la mer face à eux et se sentent libres. Cela se ressent évidemment dans l’histoire de « À l’ancienne » et je dirais même que le personnage principal est sans doute la Bretagne !"

Si Chantal Lauby a déjà tourné dans deux films avec Didier Bourdon (Bancs publics (Versailles rive droite) et Antilles sur Seine) et trois longs métrages avec Gérard Darmon (Les Clefs de bagnole, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et La Cité de la peur), c'est la première fois que les deux acteurs se donnent la réplique au cinéma.

En écrivant, Hervé Mimran a accepté que le film soit une sorte de conte sur le destin de gens dans le besoin. Il précise : "Ce possible magot arrive comme une aubaine. Ce ne sont pas des flambeurs. Leurs rêves sont modestes. Et pour revenir sur la moralité, est-ce que le plus amoral, ce n’est pas de faire miroiter de telles sommes d’argent à gagner ? Finalement, est-ce que voler des voleurs c’est du vol ?"

"On retrouve ça dans certaines comédies italiennes, anglaises où des gens en galère essayent de s’en sortir quitte à devenir des escrocs sympathiques ! Regardez Ocean’s eleven par exemple : est-ce que vous avez de la sympathie pour ces braqueurs de casinos ? La réponse est oui évidemment..."

Hervé Mimran a pensé à Gérard Darmon et Didier Bourdon dès le début du projet, comme il s'en rappelle : "Il me fallait un Auguste et un Clown Blanc... En fonction du rôle et de la tranche d’âge, Gérard s’est tout de suite imposé. C’est un comédien qui a une palette de jeu incroyable, comme Jean-Pierre Bacri l’avait. C’est une famille d’acteurs que j’adore. Je me souvenais de Gérard Darmon dans « 37.2 le matin » de Beineix : j’étais alors un jeune amateur de cinéma et il m’avait profondément marqué..."

"Face à lui, j’ai envisagé tout de suite Didier Bourdon. Pour moi, c’est un très grand acteur, il a fait le Conservatoire et il est capable d’explorer tous les registres, y compris bien entendu celui d’une comédie qui explore des thèmes un peu plus profonds... Ma chance, c’est que ce duo en effet inédit a dit oui tout de suite ! Deux rois de la comédie !"

À l’ancienne se déroule presque entièrement sur une île, un lieu clos où l’esprit de communauté est très fort... Hervé Mimran voulait montrer un groupe de gens vivant en circuit fermé, un peu délaissés par le reste du monde : "On le dit au début : il n’y a plus qu’un bateau par semaine vers le continent... Nous avons ce cliché des îles bretonnes qui deviennent de plus en plus chics."

"Nous voulions montrer au contraire un lieu et des habitants mis à l’écart. Sans rien dévoiler de la fin, les épreuves et les péripéties de l’histoire vont développer un esprit d’entraide et de solidarité."

A l'ancienne a été tourné dans le Finistère : au Cap-Sizun vers la Pointe du Raz, sur la presqu’île de Crozon à Landévennec et au nord de Brest. Hervé Mimran se souvent : "Au départ, je voulais vraiment tourner sur une île mais c’était toujours trop urbanisé à mon goût ! J’avais envisagé Ouessant mais en termes de contraintes, deux heures de bateau pour faire venir les comédiens et la technique, c’était trop lourd."

"Et puis nous devions filmer en septembre-octobre qui est encore une période très touristique donc d’un point de vue logistique c’était aussi trop compliqué."

"Jean-Jean est abimé par la vie : il a perdu sa femme qui était le pilier de son existence et ça a changé pas mal de choses pour lui. Il lui parle d’ailleurs toujours quand il va voir sa tombe au cimetière et ça le rend un peu lunaire, presque poète…"

"Il est aussi très attaché au bonheur de sa fille qu’il voit grandir, changer, se débrouiller comme elle peut et il a peur de mal faire avec elle ou avec son petit-fils. Jean-Jean n’a peut-être pas un grand vocabulaire mais il a un cœur immense…"

La musique de A l'ancienne est signée Guillaume Ferran. C’est Raphaël Hamburger, le superviseur musical de tous les films de Hervé Mimran, qui lui a présenté Guillaume. Le cinéaste voulait que la bande originale s’inspire des sonorités traditionnelles, sans tomber dans le folklore : "Quand j’ai rencontré Guillaume, j’ai parlé avec lui du travail de Yann Tiersen : au-delà de Amélie Poulain, dans ce qu’il compose encore aujourd’hui."

"C’est un musicien qui est toujours parvenu à rester moderne, mélodique, dépouillé, tout en conservant son inspiration traditionnelle... Guillaume m’a écouté et m’a dit : « ta B.O, il faut que ce soit Yann Tiersen qui rencontre Nino Rota » ! Il avait évidemment raison et je trouve que sa musique reflète totalement ce mariage un peu improbable... Elle est pour moi un personnage à part entière, comme à chaque fois dans mes films d’ailleurs."