Ce n’est pas la première fois que Golshifteh Farahani travaille avec Eran Riklis, puisqu’ils avaient déjà collaboré ensemble en 2017 sur Le Dossier Mona Lina.
Dans son cinéma, Eran Riklis mêle étroitement les histoires intimes et l’Histoire universelle, comme c’était le cas dans La Fiancée Syrienne, une épouse coincée entre deux postes-frontières, Les Citronniers, une veuve à la frontière entre Israël et la Cisjordanie, ou un jeune palestinien s’interrogeant sur sa propre identité dans Mon Fils. Dans Lire Lolita à Téhéran, ce sont des portraits de femmes, confrontées à la République Islamique.
Après avoir lu une première fois l’autobiographie d’Azar Nafisi en 2009, Eran Riklis est tombé à nouveau sur ce livre dans sa bibliothèque en 2016. Il a alors envoyé un message à l’autrice sur Facebook pour lui demander si elle acceptait de parler à un réalisateur israélien. Ils se sont alors rencontrés à Washington et il a mis une option sur le livre. Quelques semaines plus tard, le cinéaste a trouvé une scénariste à Los Angeles, Marjorie David, qui l’a adapté.
Les financements ont été difficiles à obtenir pour Eran Riklis. Avec son producteur Michael Sharfshtein, décédé en 2022, ils ont sollicité de nombreuses sociétés de production, mais la seule qui a cru dans le projet a été celle de Moshe Edery, PDG et propriétaire de United King Films, premier groupe audiovisuel israélien. Après avoir participé au festival du Cinéma de Rome, il a pu rencontrer une autre productrice, qui lui a présenté Gianluca Curti de Minerva Pictures. En juin 2022, le film était financé.
Le casting a duré 18 mois à travers le monde : Paris, Londres, New York, Los Angeles, Berlin, Oslo et Rotterdam, pour aller à la rencontre des acteurs qui y vivent, après un entretien par Zoom "avec la moitié de la planète", selon les propos du cinéaste, non sans humour.
Le tournage s’est déroulé en Italie parce que c’est dans ce pays qu’a été produit le film. Il a fallu reconstituer le Téhéran des années 80-90 et Eran Riklis a fait appel à des experts iraniens pour des soucis d’authenticité, comme il l’explique : "Tout ce qui était capté par la caméra. J’ai aussi fait en sorte que tous les sons – les dialogues, les bruits de la rue, la musique – soit d’un réalisme total. Je crois qu’on peut affirmer qu’on a réussi à reconstituer Téhéran à Rome."
Le tournage s’est fait en farsi, alors que le réalisateur est israélien. Pour cela, il a sollicité l’aide d’interprètes, de répétiteurs et des acteurs qui parlaient la langue.
La musique du film a été composée par le fils du réalisateur, Yonatan Riklis, avec qui il a collaboré quatre fois. Pour Lire Lolita à Téhéran, il a rendu hommage à la culture iranienne, en la mélangeant avec les sonorités occidentales.
C’est la première fois qu’Eran Riklis tourne intégralement en Italie.