Hiver 54, l’abbé Pierre est un film qui séduit évidemment par son sujet. Maintenant que vaut le traitement. Et bien il est meilleur que ce que je craignais. Pas parfait, mais meilleur.
C’est certain, le film a un côté assez démonstratif dans sa mise en scène, avec des effets trop appuyés (surtout lorsqu’il s’agit d’insister sur le côté misérabiliste avec l’enfant mort sur le bureau par exemple), mais ce n’est pas foncièrement mauvais. Doté d’une ambiance hivernale réussie, baignant dans des luminosités glaciales, grises, tristes, le métrage propose aussi une belle reconstitution d’époque. J’ai trouvé le métrage élégant, réaliste, et malgré quelques effets trop appuyés, il évite relativement l’écueil du pathos excessif, et de la démonstration trop théâtrale. La bande son est convaincante, bien que les thèmes « Edith Piaf » ce soit tout de même un poil cliché. Mais enfin, rien de méchant.
Doté d’une belle ambiance, le film offre une histoire intéressante. Il y a bien quelques ellipses trop marquées, ce qui donne une narration saccadée parfois, passant d’un moment important à un autre avec peu de liant. Le film manque de fluidité c’est un fait, mais cela ne l’empêche pas d’être accrocheur. Le sujet est prenant, et la durée courte du métrage fait aussi qu’il dispose d’un rythme allègre pas désagréable. Sans éviter le côté pédagogique, le film a au moins un mérite, celui d’éviter le manichéisme facile. Certes il y a des personnages tranchés, mais il n’y a pas d’un côté le gentil abbé Pierre et de l’autre le vilain monde politico-médiatique. Le film ne fait pas une fixation sur l’abbé Pierre, et évite la tonalité hagiographique.
Le casting est emmené par une belle galerie d’acteurs, avec en tête un Lambert Wilson convaincant. Malgré quelques dialogues qui sont un peu récités parfois, dans l’ensemble il se glisse avec force conviction dans la peau de son personnage, et ce qui séduira c’est sa sobriété. Pas de surjeu excessif, il est très léger, et je dirai que c’est une réalité pour la plupart des interprètes. Hormis les personnages les plus « radicaux », campés par des acteurs qui en font un poil beaucoup (tant du côté des acolytes de Wilson que des politiques, genre Wladimir Yordanoff), le reste est très bon, et aux côtés de Wilson, une étonnante Claudia Cardinale. J’avais un peu peur du personnage secondaire sans grand intérêt, autre que d’imposer une personnalité féminine, mais en vérité non, elle a réellement une place importante dans le film et l’actrice est au rendez-vous.
Le film est donc à mon sens un bon film. Bien que parfois un peu lourd dans sa mise en scène, dans ses dialogues un peu trop écrits, et doté d’une narration peu fluide, c’est un film plaisant car sans prétention, porté par une interprétation sincère, et évitant le manichéisme facile et le didactisme pontifiant. Je donne un bon 3.5