C'est le père de Léa Lando qui a inventé cette histoire de livre magique dans lequel il suffit d’écrire ses rêves pour qu’ils se réalisent. La cinéaste, qui signe pour l'occasion son premier long après avoir réalisé le court métrage Smile en 2022, explique : "Mon père est artiste, très tête en l’air et vit aux USA depuis 30 ans. Avec sa 3ème femme, il a eu mon petit frère Elie en 2001 à qui il apprenait à parler français. Un jour, mon père voit sur un étal aux USA le livre du Petit Prince. Il l’achète et l’offre à Elie, alors âgé de 6 ou 7 ans, en lui disant que c’est un incontournable en France."
"Malheureusement, il ne s’agissait pas du roman de Saint-Exupéry mais d’un simple bloc-notes à l’effigie du Petit Prince. Pour ne pas perdre la face, mon père a alors prétendu que le livre était magique et que mon frère n’avait qu’à écrire des questions, le soir avant de se coucher, dans le cahier et que le Petit Prince y répondrait dans la nuit. Chaque matin, Elie découvrait les réponses à ses questions ainsi que des dessins mais a vite compris que c’est mon père qui se prêtait à cet exercice. J’ai toujours trouvé cette anecdote très tendre et finalement idéale à raconter au cinéma."
"Je n’ai fait que rendre l’histoire un peu plus « cinématographique » mais la trame reste la même. La principale différence ? Le petit garçon du film ne se voit pas proposé d’écrire des questions dans le « cahier magique » mais des rêves qu’il aimerait voir se réaliser."
Pour trouver l'interprète de Gaby, le fils d’Ahmed Sylla, Léa Lando et la directrice de casting Julie David ont lancé un appel au casting où 80 petits garçons métis se sont présentés. La cinéaste se rappelle : "Une vingtaine a été présélectionnée. Ça a été très difficile car j’ai une tendresse particulière pour les enfants et je trouvais qu’il savaient tous quelque chose de très touchant."
"Mais quand Ismaël est entré dans la pièce et que nous avons discuté ensemble, ça a été comme une évidence. J’ai eu un coup de cœur immense pour ce petit garçon qui a un talent incroyable. Il est généreux, travailleur, passionné et rêve d’être comédien et de jouer un jour dans un Marvel !"
Léa Lando dédie le film à sa mère Danielle et à son petit frère Elie : "J’ai fait ce film pour deux des personnes les plus importantes de ma vie et elles ont disparu avant de voir le résultat de mon travail. Ma mère est partie deux mois avant le début du tournage. Elle me disait toujours « Tu travailles trop Léa ! » et je lui disais toujours qu’elle serait fière le jour où elle verrait mon film au cinéma. Malheureusement, elle n’en aura pas eu l’occasion."
"Quant à mon petit frère, Elie, dont c’est l’histoire, il a mis fin à ses jours dernièrement. Je l’avais appelé au moment du tournage en lui disant qu’il fallait qu’il soit là, qu’il fasse une apparition dans le film. Lors de la scène du foot dans le parc, on l’aperçoit au loin, assis sur un banc en train de discuter avec d’autres personnes chères à mon cœur. A chaque fois que je vois la séquence, j’ai le cœur en miettes mais au moins, il est là, pour toujours."
Si Léa Lando est depuis toujours passionnée de cinéma, elle a dans un premier temps écouté les conseils de ses parents et a entamé une brillante carrière d'avocate dans un cabinet d'affaires. Elle a ensuite voulu changer de vie et est entrée dans l’univers de l’audiovisuel en répondant à un casting pour la chaîne Filles TV qui recherchait des animatrices pour lancer Kawaï, une nouvelle émission : "J’ai donc intégré l’équipe de ce programme aux côtés de Louise Bourgoin et Alison Wheeler qui, comme moi, débutaient. C’était fou ! Je ne connaissais personne dans le métier et je me figurais qu’en mettant un pied « à la télé » la passerelle vers le cinéma se ferait facilement. Je me suis rapidement aperçue que ce sont deux mondes totalement différents."
"Je suis alors devenue intermittente et j’ai continué à travailler en télé puis on m’a proposé de faire de la radio. J’ai participé aux matinales d’Ado FM et de Génération. Et puis un jour on m’a demandé si c’est moi qui écrivais toutes les conneries que je racontais à l’antenne. On m’a alors proposé de devenir « auteur » et ça a été mon principal métier pendant 20 ans. J’ai écrit pour des humoristes, des artistes, des émissions télé (Vendredi tout est permis, La Grosse émission...) et en 2011, je suis montée sur scène grâce à Gérard Sibelle. En 2008, alors que je passais un casting pour une émission co-produite par Canal+ et Juste pour Rire, Gérard était dans la salle."
"C’est lui qui a découvert Florence Foresti, Franck Dubosc, etc. et pendant trois ans, il m’a encouragé à monter sur scène. Ce que j’ai fini par faire et j’ai adoréça ! Mais je n’ai jamais perdu de vue mon rêve de « cinéma ». Au cours de ma carrière, j’ai rencontré beaucoup de comédiens et d’humoristes dont Claudia Tagbo qui m’a fait rencontrer Yves Darondeau (Bonne Pioche), producteur de Super Papa."
Pour incarner Tom, le héros du film, Léa Lando a choisi Ahmed Sylla, qu'elle connaît depuis longtemps grâce aux émissions auxquelles la cinéaste collaborait entant que directrice d’écriture, comme Vendredi tout est permis (TF1), La Très grosse émission (Canal+) ou encore l’Académie des 9 (W9) où l'acteur était « sociétaire ». Elle raconte : "Tous les jeunes humoristes passaient par ce type de programmes. À force de nous croiser, nous sommes devenus potes."
"Alors quand je lui ai soumis le scénario, il m’a rapidement fait comprendre qu’il n’accepterait pas uniquement parce que nous sommes proches. Il a lu l’histoire, m’a demandé de retravailler son personnage puis, après avoir pris en compte ses remarques qui étaient justifiées et apportées des modifications au scénario, il a accepté."
"Mon père m’a toujours dit « Ne mens jamais dans la vie sauf si c’est pour éviter de faire de la peine gratuitement à quelqu’un ». Ici, Tom ment à Gaby pour ramener le bonheur dans les yeux de son fils. C’est louable. Je suis une amoureuse de l’amour et ce film est rempli d’amour, de celui entre un père et son fils, entre une grand-mère et son petit-fils entre le couple que forme Louise Coldefy et Julien Peste. La vie file à une allure folle et peut être surprenante parfois, dans le mauvais sens du terme. Alors j’aimerais qu’on retienne que la priorité dans la vie ne doit pas être le travail mais nos proches, nos familles. Le temps passe trop vite."