Injustement sous-estimé par la critique, Project Silence méritait bien sa sélection cannoise en séance spéciale coréenne de minuit. Certes, il ne provoqua pas le même choc que le fameux Dernier Train pour Busan, mais ce premier film vaut largement le détour (de préférence par la salle, puisqu’il est clairement fait pour, quoi qu’on en disent). Alors, bien sûr, on reste dans le thriller d’anticipation à grand spectacle comme seuls les sud-coréens en sont désormais capables (bien mieux que le cinéma hollywoodien, faut-il le rappeler), y compris quand ça s’apparente, comme ici, au film catastrophe. Car l’ambiance est là, magnifique et anxiogène, sur ce pont envahi par le brouillard, ce monstrueux carambolage nocturne, ces clébards échappés d’un convoi militaire qui aurait dû resté confidentiel (Project Silence)... et une galerie de personnages pas piquée des vers, qui tente de s’en sortir par n’importe quels moyens (avec notamment le formidable Lee Sun-kyun, décédé depuis et auquel le film rend hommage). Bref, si Project Silence n’atteind pas les cimes d’un Peninsula, ni la sauvagerie d’un Project Wolf Hunting, il correspond à une grande et belle ambition de cinéma (qualités artistiques de mise en scène, d’effets spéciaux numériques, de photographie, d’interprétation). Un magnifique projet en somme, passé, hélas, un peu trop sous silence.