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Olivier Barlet
293 abonnés
393 critiques
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5,0
Publiée le 23 février 2024
Un dispositif original qui s’avère riche de sens. Là est la clef de la réussite du film et de son impact. Il rend visible ce qui n’a pas d’image et, ce faisant, rend possible le partage. Il orchestre par sa créativité la libération de la parole dans la famille, sa mémoire et donc peut-être aussi sa thérapie. LIre l'intégralité de la critique sur le site d'Africultures : https://africultures.com/la-mere-de-tous-les-mensonges-kadib-abyad-dasmae-el-moudir-15974/
"...oublie, oublie, qu'elle a toujours pleuré."... D'immenses secrets et non-dits traînent depuis toujours dans la famille de la jeune Asmae Elmoudir, qui gangrènent le quotidien de disputes, mettent bientôt en péril la mémoire familiale avec l'âge avancé de la grand-mère qui ne veut rien dire... Asmae a alors cette idée brillante : pour aider la parole à s'exprimer, pour extérioriser ce que chacun garde en lui, la voici qui fabrique une maquette de leur quartier, de leur maison, et des poupées à leur effigie. Si les humains ne communiquent pas, les poupées, elles, vont être bavardes. Et le stratagème fonctionne, il est évidemment plus facile de faire parler un tiers, surtout que les vérités sont d'une lourdeur inattendues... On comprend mieux l'attitude (très) difficile de cette mamie, quand on apprend sa vie atroce (spoiler: mariée à 12 ans, enceinte trop jeune, a perdu ses jumeaux à la naissance, s'est faite frapper par son mari jusqu'à redonner naissance à nouveau, abandonnée par lui, seule à élever ses enfants, dont un a péri en pleine manifestation... On comprend qu'elle soit compliquée à vivre, honnêtement, elle en a plus que le droit). Au fur et à mesure des secrets révélés, on transpire, on compatit, on trouve le procédé utilisé génial (les marionnettes sont des visualisations simplifiées et poétiques de scènes de la vie). On avait misé sur le prix Un Certain Regard de la Mise en Scène, tant on aime fureter dans ces rues de carton, on aime la musique et les bruits qui nous donnent l'impression que les poupées sont vivantes, on aime s'immiscer dans le quotidien d'une famille (de carton-pâte) sans avoir l'impression d'être des voyeurs. Tout en cette mise en scène nous paraît d'une intelligence folle, et révèle une artiste à qui on souhaite clairement le meilleur pour la suite. Au moins la Dame a écouté les maux subis par la mamie, l'a invitée en cette Première au Festival de Cannes, elle qui ne regarde pas de films, n'aime pas qu'on parle d'elle... On l'avoue, cette Première nous a fait chaud au cœur pour cette famille reconsolidée à partir de simple carton-pâte.
Une jeune réalisatrice, entourée de sa famille et des anciens voisins, se lance dans un grand projet de reconstruction de la mémoire collective à l'aide de maquettes en terre cuite. Grâce à ces objets, ils se remémorent les événements traumatisants de 1981, lorsque de nombreux proches ont été assassinés par le pouvoir. La grand-mère de la réalisatrice conteste l'exercice. En salle le 28 février.
spoiler:
"La mère de tous les mensonges" est une proposition très originale et surprenante qui s'appuie sur de nombreuses maquettes très jolies et bien réalisées pour nous projeter 40 ans en arrière dans les souvenirs des personnages. La relation du personnage très spécial de la grand-mère au processus est intéressant et pointe une certaine mentalité des victimes de tragédies. Comme si le Mensonge allait protéger la famille. Malheureusement, je n'ai pas été très sensible au style documentaire qui a été choisi pour enrober le tout et j'aurais préféré entrer dans l'histoire de cette famille avec une voix-off moins omniprésente. Le spectateur est très accompagné.