John Garang est investi vice-président du Soudan le 9 juillet 2005 mais meurt le 30 juillet 2005, avec 13 autres personnes, dans un accident d'hélicoptère, quelques mois après la signature d’un accord de paix, en revenant d'une rencontre à Kampala avec le président ougandais Yoweri Museveni. Ce dernier n’exclut pas la possibilité d'un assassinat …La rue de Khartoum est alors embrasée par des émeutes liées aux antagonismes entre les populations majoritairement noires et chrétiennes du sud du pays et les populations principalement arabes et musulmanes du nord. Ce contexte politique est présent tout au long du film de Mohamed Kordofani « Goodbye Julia » ...
Mona, ex-chanteuse est marié à Akram ou, plutôt, remariée, car, se montrant jaloux d’un membre de l’orchestre dont Mona était la chanteuse, Akram avait divorcé de Mona et n’avait accepté de l’épouser à nouveau qu’à deux conditions : qu’elle promette de ne plus chanter et qu’elle promette de ne plus mentir. Mona et Akram sont des soudanais du nord, ils sont musulmans et ils font partie de la bourgeoisie du pays. ...En rentrant en voiture, Mona renverse l’enfant d’une famille de réfugiés sudistes, et prend la fuite…Son mari, sans savoir ce qui s’est passé, tue le père de l’enfant qui la poursuivait à moto. Comme Akram est un notable il s’arrange avec des proches à dissimuler le meurtre et le corps…
Rongé par le remords, Mona retrouve la jeune veuve, Julia, la recrute comme domestique, la loge avec l’enfant sans jamais rien révéler ni à elle, ni à son mari…
C’est cette relation entre deux femmes que tout, a priori, séparait que Mohamed Korfani a choisi de traiter pour exposer le drame, ou, plutôt, les drames du Soudan qui ont fini par aboutir à la sécession du Soudan du Sud à la suite du référendum de janvier 2011, sans pour autant arriver à pacifier cette région du monde.
C’est un beau et subtil film que ce « Goodbye Julia » où petit à petit se noue entre deux femmes que tout sépare, une complicité qui fait fi des hommes, du racisme, de la religion…
Envers et contre tout manichéisme, c’est l’histoire d’une complicité qui naît sous le sceau d’un secret pesant dont la possible révélation créé le suspense. C’est le récit d’une émancipation féminine où Eiman Yousif (Mona) et Siran Riak (Julia) brillent dans les deux rôle principaux…Ce film a reçu le prix de la liberté dans la section Un certain regard à Cannes, et représentera le Soudans aux Oscars…Un seul reproche, le film est un peu long…