Immersion dans le milieu très fermé des patrons milliardaires, à travers le portrait d’un self-made man, fondateur de la chaîne de magasins Gifi et patron de plus de 8000 collaborateurs (qu’il invite régulièrement à skier à Megève ou à des tournois de poker à Las Vegas).
Pendant près de 3 ans, Brice Gravelle a suivi à la trace Philippe Ginestet dans (presque) tous ses déplacements, de son chalet à Megève à son yacht en Corse, de son château à Saint-Sylvestre-sur-Lot à ses séminaires à Las Vegas. On y découvre un personnage haut en couleur, un autodidacte sans diplôme qui aime se mettre en scène et ne cache pas sa réussite (une fortune estimée à 2,3 milliards d’€), quitte à faire un étalage de toute sa richesse (même si, comme il aime le rappeler, ne paie pas l’ISF puisque c’est sa société qui possède tout). C'est un personnage sympathique, qui s'apprécie et aime se raconter (son parcours hors norme qu’il récite à qui veut l’entendre et notamment auprès de ses salariés).
Des idées de génie ? (2023) lève le voile sur la culture d'entreprise façon Philippe Ginestet. A travers ce documentaire, on découvre comment ce patron de 66 ans parvient à obtenir la motivation et le dévouement total de ses employés sans passer par des augmentations de salaires. Il enchaîne les séminaires de motivation à grands coups de récompenses (séjours de ski, voyages à Las Vegas, …), le film est essentiellement centré sur la méthode de management de ce patron bling bling et paternaliste. Ce qui donne droit à quelques séquences particulièrement gratinées (mentions spéciales au séminaire où figure des faux employés, l’un contestataire, l’autre dévoué corps et âme, sans parler de la séquence très gênante où les employés chantent "Les Démons de minuit" & "Je l'aime à mourir" à l’attention de leur patron et de son épouse).
L’ennui avec ce documentaire, c’est que l’on se retrouve le cul entre deux chaises, à la fois on a l’impression d’être devant un épisode de “Strip-tease” (les séminaires et les films d’entreprise sont particulièrement cringe, sans parler de la séance "J'aime ma boîte") et de l’autre, on aurait aimé en savoir plus sur les coulisses “professionnelles” de Philippe Ginestet, le voir se mettre en scène à travers des sketchs ou avec son épouse devient rapidement une caricature lourdingue.
En dehors d’assister au fiasco du rachat de Tati, qui finalement (à défaut), basculera petit à petit sous pavillon Gifi (1200 salariés reclassés sur 1500), on reste sur notre faim, le one-man-show du patron de Gifi, ça va 5 minutes, mais à la longue, c’est lassant.
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