Lorsqu'il arrive sur le navire dénommé "Caine", Willie Keith se lie d'amitié avec les divers lieutenants mais, lorsque le commandant DeVriess est remplacé par un nouvel officier, les relations entre ce dernier et ses hommes ne vont pas tarder à se dégrader...
A défaut de se montrer génial, Edward Dmytryk nous transporte à bord de ce vaisseau d'une manière assez classique et vraiment efficace. Il braque surtout sa caméra sur Keith, mettant d'abord en avant sa vie privée et ses relations avec son amie et sa mère, avant de le confronter à la dure réalité de la mer et de la vie en communauté dans un milieu militaire. C'est autour de lui, puis du nouveau commandant qu'il axe son film, décrivant des relations qui vont peu à peu se dégrader alors que folie, danger, manipulation et influence plus ou moins néfaste entreront en jeu.
Si Dmytryk fait preuve de nombreuses bonnes idées, à l'image de l'exploitation du fascinant cadre de l'oeuvre (la mer, le milieu militaire etc), le film est pourtant loin d'être parfait, à l'image des incursions dans la vie privée de Keith qui manque clairement d'intérêt et d'enjeux fort. On peut aussi noter l'ajout d'images d'archives pour illustrer les péripéties en mers qui, en plus d'être parfois maladroit, est un peu trop présent sans pour autant que l'intérêt soit vraiment là. Si tout cela est bien dommage, ce n'est pas non plus préjudiciable pour apprécier le film, l'ensemble est bien rythmé, tout le long intéressant et efficace et Dmytryk met en place une atmosphère réaliste de plus en plus pesante où viendront se mêler complot et folie.
La force du film réside aussi dans ses interprétations et plus particulièrement celle d'Humphrey Bogart, ce que d'ailleurs Dmytryk a bien compris et il orchestre son récit autour de lui. L'inoubliable interprète du détective Marlowe livre une composition juste, sans tomber dans l'excès et donne de l'arrogance et de la parano à son personnage. La mise en scène très théâtrale donne une certaine force au récit notamment dans sa dernière partie qui offre une remarquable scène de procès, où la tension est à son comble.
Non dénué de défauts, The Caine Mutiny (qui est d'ailleurs le film préféré de Michael Caine qui choisira son nom de scène en référence à celui-ci) sait tout de même se faire efficace et intense lorsqu'il le faut, bénéficiant, entre autres, d'un grand Humphrey Bogart et d'un cadre bien exploité et passionnant.