En voyant "Le vrai du faux", présenté comme étant un documentaire, on se demande en permanence si on est en face d'un vrai documentaire ou d'une fausse fiction. Une certitude, c’est bien le vrai Armel Hostiou qui l'a réalisé….
Aujourd’hui âgé de 46 ans, Armel Hostiou est diplômé de la FEMIS, et, après avoir réalisé des court-métrages et des vidéo-clips, il a réalisé deux long-métrages, « Rives », en 2011, puis, « Une histoire américaine », avec Vincent Macaigne en tête d’affiche, en 2015, Armel Hostiou s’est lancé 4 ans plus tard dans le documentaire avec « La pyramide invisible », tourné en Bosnie. C’est de nouveau un documentaire qu’il nous présente avec « Le vrai du faux », mais un documentaire très particulier qui donne aux spectateurs l’impression de visionner un film de fiction.
Un jour, il découvre qu’il a un deuxième profil Facebook : un faux Armel Hostiou avec de vraies photos de lui et plein d’amies vivant toutes à Kinshasa. Il est sensé les inviter aux castings de son prochain film censé se dérouler en République démocratique du Congo... Face à cette situation, son premier réflexe est de contacter Facebook pour signaler cette usurpation d’identité et leur demander de clôturer ce faux compte. Face à l’impossibilité de clôturer ce compte, il décide de partir à la recherche de mon double…
Toutefois, Armel Hostiou est conscient des difficultés qui l’attendent s’il arrive sans relai local dans cette ville tentaculaire qui, avec ses 16 millions d’habitants, est la plus grande agglomération francophone du monde et c’est pourquoi il commence par prendre contact avec « Ndaku ya, la vie est belle », une coopérative d’artistes située dans le quartier de Matonge, un des principaux lieux de la vie nocturne de Kinshasa. Non seulement cette coopérative lui facilite l’obtention d’un visa pour Armel ainsi que pour Amaury Arboun, son ingénieur du son, mais ses membres l’accueillent à bras ouverts et décident de l’aider à retrouver l’usurpateur. C’est ainsi qu’une petite équipe se constitue, comprenant Peter Shotsha Olela, le manager de la coopérative, Sarah Ndele, une artiste de la résidence et Elie Mbansing à qui Armel Hastiou a confié la seconde caméra, lui permettant ainsi de devenir un des protagonistes de son film.
Malgré le gigantisme de Kinshasa, l’enquête menée par l’équipe franco-congolaise n’est finalement pas trop difficile à mener, ne serait-ce que parce que certains membres de « Ndaku ya, la vie est belle » avaient des amis Facebook communs avec le faux Armel Hostiou. L’homme que l’on découvre à la suite d’une rencontre en caméra caché ne s’avère pas du tout gêné d’être démasqué, expliquant qu’Armel n’est pas le seul réalisateur dont l’identité a été usurpée, expliquant aussi qu’il lui parait tout à fait normal de demander 10 dollars à toutes les jeunes femmes se montrant désireuses de participer aux (faux !) castings qu’il organise : « tu ne vas pas devenir star comme ça, sans payer quelque chose ! ». Concernant la suite du film, il se montre prêt à y participer, à 2 conditions toutefois : être rémunéré et que le résultat final ne soit pas à charge contre lui. En fait ce Cromix Onana Genda Cristo s’avère être tellement bon comédien dans son comportement que l’on ne peut s’empêcher de se demander si ce « démasquage » de l’usurpateur n’aurait pas été monté de toute pièce par Peter Shotsha Olela qui aurait donné à Cromix Onana tous les détails nécessaires pour jouer le rôle du faux Hostiou, afin que le vrai ait le plaisir que peut donner le sentiment d’avoir bouclé son enquête
. Une sorte de film dans le film, en quelque sorte
On en restera là, à essayer de démêler le vrai du faux… et Armel Hostiou se met en scène en naïf enquêtant mollement sur l’arnaque dont il est la victime…A la recherche de ce mystérieux double, il plonge dans cette mégalopole géante qui l’aspire…une quête existentielle où passent certaines réalités troublantes de l’immense Congo et, de l’autre, la manifestation de l’emprise psychologique qu’a laissée la colonisation sur le peuple congolais avec, par exemple, cette remarque qu’on entend dans le film : « on vit au Congo mais nos esprits sont ailleurs ». Je dois avouer que mon intérêt s'est un peu dissous à ce moment...