Sous le tapis est le premier long-métrage de l'actrice Camille Japy. Pour celle-ci, passer derrière la caméra s'est fait de façon organique : "c’était le moment. Je ne saurais le dire autrement. Une évidence. En apparence un concours de circonstance, en profondeur, une autorisation enfin à sortir de ma place d’actrice." Sa rencontre avec la productrice Isabelle Grellat lui a permis d'écrire et réaliser un court-métrage, avant de s'atteler à ce premier long.
Sous le tapis s'inscrit dans le sillon du court-métrage de Camille Japy, Petites filles, qui raconte le parcours d’une femme qui refuse d’enterrer sa mère contre la volonté de sa fille et de sa petite fille. Cette fois-ci, il s'agit d'une femme qui dissimule la mort de son époux à ses enfants et petits-enfants. La réalisatrice a voulu approfondir les thèmes du deuil et des lieux familiaux, "de la force réparatrice de l’amour et du « dire »". "Soudain le drame d’une mort se transforme en une chance à saisir pour se réparer, vivre mieux, dans un nouvel équilibre, autrement", explique Japy.
Sous le tapis mêle le burlesque au drame. "J’aime le mélange des genres, que les émotions contradictoires coexistent", déclare la réalisatrice. "Les moments de gravité sont sans arrêt balayés par des moments de comédie et vice versa afin que le spectateur lâche prise et se laisse aller à la sensation, à son émotion. À mon sens, le comique et le tragique se côtoient à chaque instant dans l’existence, de manière inattendue. Le chagrin et la joie s’entrechoquent. Comme la vie et la mort qui sont intrinsèquement liées."
Odile est interprétée par Ariane Ascaride, dont la réalisatrice salue la force, la fragilité, la drôlerie et l'humanité. "Ariane, c’est une terrienne, elle est dans la vie, elle habite son corps. J’ai aimé filmer son visage qui se transforme sans arrêt. Tout le monde peut s’identifier à elle. Et c’est une bosseuse. Ariane a lu le scénario en une journée et m’a appelée dès le lendemain : « Je ne vous connais pas, m’a-t-elle dit, mais c’est oui. Vous me faites un cadeau magnifique »".
La maison est un personnage à part entière de Sous le tapis. "J’avais imaginé une maison au fin fond de l’Italie au milieu des champs", révèle Camille Japy. Finalement, la chef décoratrice a déniché une bâtisse à Chatenay-Malabry. La réalisatrice développe : "Un miracle. Quoique toute délabrée, elle était entourée d’un parc magnifique, complètement sauvage. On avait peu d’argent mais beaucoup d’idées, l’équipe déco a fait des merveilles : c’était exactement la maison que j’avais écrite".
C'est M qui a signé la musique du film. "J’ai eu la chance qu’il me dise oui ! Quel cadeau ! Je voulais un rocker pour cette histoire de famille - toujours cet amour des contrastes -. Pour sortir des codes du film de famille et rendre les choses plus organiques, universelles. Matthieu est un immense artiste, puissant. Sa musique est si puissante et généreuse. Il a visionné le film et il a tout compris, instantanément", relate la réalisatrice.