Utile, accessible, durable
J’avais découvert le documentariste Adrien Bellay en 2017 avec son 1er film, L’éveil de la permaculture. Cette fois, notre cinéaste se tourne vers ce qui qualifie des objets, des systèmes, des techniques, des services, des savoir-faire, des pratiques, des modes de vie et même des courants de pensée, qui intègrent la technologie selon trois grands principes. Et pendant 93 minutes et on prend plein les yeux… et le cerveau de tout ce qui se fait dans ce domaine qui nous dit que l’avenir, ça commence aujourd’hui. Et si nous réfléchissions à deux fois avant de foncer tête baissée dans les promesses du progrès technique ? A l’heure où nos sociétés basculent dans un désordre inédit et misent sur la surenchère technologique, certains choisissent au contraire de s’investir dans une dynamique de sobriété : la low-tech. Cette démarche écologique consiste à concevoir ou à diffuser des techniques et des savoir-faire utiles, durables et accessibles à tous. Nous partons à la rencontre de citoyens qui se battent pour démocratiser cette approche. Qu’ils soient jeunes ingénieurs, agriculteurs ou entrepreneurs, ils réparent leurs machines du quotidien, s'alimentent en énergie ou fabriquent leurs propres moyens de production. Ces pionniers nous donnent un aperçu de ce que pourrait être le monde d'après… Une leçon de vie… et d’espoir.
Même si le film ne tente pas de nous bercer d’illusions, il nous présente des solutions – et encore, volontairement, Adrien Bellay s’est limité à l’Hexagone -, pour nous présenter des SOLUTIONS qui fonctionnent et sont dors et déjà mises en place malgré les nombreuses réticences – amis de la litote bonjour -, de certaines grandes entreprises qui font tout pour ne pas perdre un iota de leur pouvoir, de leur monopole… et de leurs profits. Je ne vais pas ici vous infliger un catalogue de tout ce qui nous est présenté dans ce docu nerveux et passionnant… pas un instant d’ennui malgré la complexité de certaines techniques évoquées. En brassant large, le film, en parlant d’énergie, d’alimentation, d’hygiène, de l’eau, de mobilité… est dans le droit fil des buts poursuivis par le low tech, faire partager au plus grand nombre, lesdites solutions. Et en plus de ces nobles intentions, Bellay est un vrai cinéaste… Les images sont belles, le montage nerveux et intelligent, les cadrages soigné… Bref, du cinéma ! Ce qui n’est pas souvent le cas dans les documentaires où le cinéaste happé par son sujet en oublie d’honorer le 7ème Art. Un film honnête dans sa démarche et efficace dans sa démonstration. Une lueur dans un monde de plus en plus sombre… ça fait du bien.