À la base de Mise au vert, il y a un décalage contemporain : une famille parisienne à bout de souffle qui part dans l’inconnu. Le metteur en scène Yohann Charrin précise : "Il y a Régis Blondin, notre héros. Ou notre anti-héros ? Un personnage en pleine crise aux contradictions multiples, qui cherche par cette mise au vert à renouer les liens familiaux - en particulier avec sa femme qui le trompe -, à désintoxiquer ses enfants de leurs addictions numériques, à combler le manque dû à la mort de son père et sa longue séparation avec la région de ses origines. Avec lui, il y a sa famille. Claire et les enfants vont chacun révéler beaucoup de surprises."
"Et il y a le vieux Léon, à l’origine de l’histoire et qui en détient la clé ! Et puis il y a les autres. Ceux que l’on n’attend pas mais qui vont peu à peu composer les différents éléments de la comédie : Jicé, Léa, Tom, Jacob et la bande de marginaux néo-ruraux d’une part, qui amènent un côté original et décalé à l’aventure tout en illustrant des phénomènes sociaux actuels (le retour à la nature aidé par la crise, la décroissance, l’écologie...). Et d’autre part, les gens du « cru », ces gens de village, simples, âpres, qui paraissent vivre avec quelques décennies de décalage et dont certains ne voient pas d’un très bon œil l’arrivée d’étrangers et sont prêts à se laisser tenter par des solutions extrêmes..."
Mise au vert se déroule et a été tourné dans les plateaux du Vercors. En termes de scénario, l’idée était donc, autour de Régis et de sa famille, véritable socle de l’histoire, de confronter ces différents groupes dans cet espace particulier pour faire naître des situations drôles et inattendues. Yohann Charrin confie : "En partant du comique de situation initial, nous glissons au fur et à mesure vers des sphères plus sociales, plus intimes, plus inattendues, sans jamais quitter Régis dans sa quête identitaire et familiale."
"En évitant de nous prendre au sérieux, nous flirtons avec les genres, multiplions les clins d’œil, toujours un petit peu en décalage, mais sans jamais abandonner la comédie... Pour ce qui est du casting, l’idée est de proposer aux spectateurs de nouvelles têtes, faire émerger de nouveaux talents, de nouvelles énergies. Proposer dans ce domaine-là aussi quelque chose de différent."
Les rôles de Régis, Claire et Jicé étant primordiaux, ils sont interprétés par des comédiens professionnels, mais autres que ceux qui se partagent habituellement les premiers rôles du cinéma en France. Le réalisateur Yohann Charrin explique : "Autour d’eux, nous avons fait appel à des comédiens d’horizons divers, certains à contre-emploi, certains originaires de la région du Vercors afin de profiter de leurs accents, de leurs « gueules » pour accentuer le décalage et crédibiliser la situation. Et puis est venu le tournage..."
"Et la mise au vert a été aussi celle de l’équipe ! Celle-ci a été réduite au minimum, une dizaine de personnes environ. Nous avons tourné de manière très légère, souvent à l’épaule, souvent en extérieur jour avec comme seul éclairage la plus belle lumière qui soit, le soleil. Nous avons ainsi profité de chaque instant, de chaque imprévu, essayé des choses et improvisé certaines. La caméra a toujours été proche des personnages et surtout de Régis, notre véritable guide dans cette aventure et par les yeux duquel tout s’est déroulé."
Après vingt ans passés à exercer le métier de directeur de la photographie, Yohann Charrin a accordé beaucoup de soin à la beauté des images et du son. Toutefois, l'attention de chaque instant du cinéaste a été pour les comédiens et leur mise en scène, dans le but de chercher ce qui compte le plus pour raconter cette histoire : l’émotion et la comédie. Il ajoute : "Et puis je n’ai pas oublié de filmer l’autre personnage du film qui m’est cher, le Vercors. J’ai utilisé pour cela des plans très larges, des prises de vues aériennes ainsi que des plans filmés en mode documentaire (matières, animaux, villages, fêtes) afin de situer la comédie dans un écrin d’authenticité."
"Le tournage a été court et intense car c’est comme cela que j’aime et que je sais travailler. Je tenais aussi à ce que cela soit un moment de plaisir et de partage pour tout le monde car je suis convaincu que cela se ressent à l’image. Ma parfaite connaissance de tous les décors où j’ai passé les vacances de mon enfance et le fait d’être entouré de proches collaborateurs, dont certains sont aussi des amis, ont rendu cela possible. Ainsi, niché au milieu de ces montagnes, dans cette atmosphère majestueuse et sans artifice, j’ai envisagé cette « mise au vert » comme une aventure familiale aux multiples facettes, ambitieuse sans être prétentieuse, et surtout originale et déconnectée."