Budd Boetticher est un spécialiste du petit western, vite emballé, mais souvent proprement fait, et L’Homme de l’Arizona est sans nul doute un de ses meilleurs.
En fait le film fonctionne principalement grâce à une histoire parfaitement rodée, qui sait faire preuve de tension, de suspens (même si on connait la fin), et qui sait aussi être assez méchante si nécessaire. La confrontation entre les personnages est intéressante, et la durée courte du film lui donne un rythme assez punchie en dépit d’un certain manque d’action. L’Homme de l’Arizona se laisse donc suivre avec un récit fluide, qui aurait peut-être pu davantage mettre en relief les ambiguïtés du leader des méchants, que j’ai trouvé finalement trop mises de côté, alors que c’était un élément plus qu’intéressant.
Le casting est plutôt correct, mais c’est vrai que tous les acteurs ne sont pas d’une crédibilité constante. Si Richard Boone est difficilement critiquable, livrant une prestation de méchant haute en couleur, pour le reste c’est plus aléatoire. Maureen O’Sullivan est parfois dans un certain surjeu un peu gênant, tandis que Randolph Scott, clairement vieillissant à presque soixante ans, n’est pas non plus super expressif. J’ai parfois presque l’impression que le réalisateur en joue, avec quelques scènes curieuses, mais c’est certain qu’il y a des passages presque parodique tant on peine à croire à Scott, en particulier dès qu’il est question de sentiments ! A noter une prestation hallucinante d’Henry Silva !
Sur la forme le métrage possède des décors de qualité, une belle reconstitution de ville que l’on voit cependant peu, et un technicolor soignée qui permet vraiment de profiter de ces étendues désertes. L’Homme de l’Arizona a clairement un certain luxe formel, profitant aussi de la mise en scène toujours appliquée de Budd Boetticher, qui signe ici un quasi huis-clos bien maitrisé, et plutôt exigeant en termes de réalisation. La bande son est un peu fade, ou plutôt elle manque d’originalité, mais, là aussi, c’est typique de ces westerns d’époque.
En clair L’Homme de l’Arizona est un film propre et plaisant, probablement un des westerns les plus recommandables de Boetticher. Dommage que plusieurs ressorts scénaristiques introduits n’ait finalement pas été utilisés, et que l’interprétation soit parfois défaillante. 3.5