Le Plongeur est l'adaptation du très populaire roman canadien du même nom de Stéphane Larue, paru en octobre 2016. Francis Leclerc se rappelle : "En fait, j’ai fait partie des premiers lecteurs du livre parce que ma copine, qui lit beaucoup de romans, me l'a conseillé. Ce n'était pas du tout un best-seller, encore. Mais je sais qu'il y avait déjà 5 ou 6 réalisateurs au Québec qui voulaient l'adapter. Puis c'est une belle histoire qui s'est passée. Sphère Media a acquis les droits d’adaptation, mais n’avait pas encore de réalisateur attitré sur le projet. De mon côté, je n’avais jamais encore travaillé avec eux."
"Mais j'ai écrit à Stéphane Larue et je lui ai dit tout le bien que je pensais du roman et aussi ce que moi j'en ferais, sur un synopsis d'une page. Comme un grand coup de cœur. Je ne le connaissais pas, je lui ai envoyé et il m'a répondu dans les 24 heures. Il me connaissait de nom, il avait déjà vu mes films et l'un d'eux est son film préféré. De fil en aiguille Stéphane et son éditeur m'ont appuyé auprès de la maison de production."
Côté mise en scène, Francis Leclerc voulait mêler des scènes "hyper coupées" avec des moments très longs mais qui bougent en permanence. Le cinéaste avait en effet l'impression qu'il fallait toujours bouger autour du plongeur, parce qu'il n'y a rien de plus statique qu'un plongeur derrière un comptoir. Il précise : "On a tout tourné en studio, on a enlevé les murs, tout est surélevé. Il n'y avait rien dans le studio, on a reconstruit une cuisine de A à Z pour 12 jours de tournage."
"Juste la cuisine et la plonge, et le sous-sol. Donc on pouvait enlever les murs, mettre la caméra dans les murs. C'est ce qui permet cette fluidité. Ça a été réfléchi en amont des mois avant le tournage. C'est ce qui fait que ça a l'air réaliste, je pense. Pour moi c'était important que ça ait une vérité documentaire tout en ayant l’air d'un film de cinéma."
Pour trouver l'interprète de Stéphane, Francis Leclerc a effectué une série d'auditions. Henri Richer-Picard est le seul qui soit arrivé non pas ténébreux ou en retrait, mais super confiant, avec un sourire et une attitude de menteur. Le metteur en scène confie : "C'est ça le rôle. Il avait vraiment bien compris le scénario. Et il m'a beaucoup étonné, tout ce qu'il disait avait l'air d'une vérité, alors qu'il n'y a rien de vrai, dans chaque scène où on le voit, il ment."
"C'est tellement plus intéressant de filmer un menteur qui a l'air complètement vrai que quelqu'un qui joue à mentir. Henri, il avait cet esprit-là dans la vie, cette espèce de candeur, de sympathie. Mais c'est très proche de lui en fait, il est très timide dans la vie et le plongeur devait être timide, car l'auteur l’est aussi."
Le Plongeur a été pensé comme un film d'époque, puisqu'il se déroule en 1998. Francis Leclerc se rappelle : "C'est quand même difficile à Montréal, parce qu'il n'y a pas une voiture qui date de 1998 dans les rues, ce qui fait qu'on en a loué et on les a placées en conséquence. Un gros casse-tête. Par ailleurs, il n'y a plus de cabine téléphonique non plus. Donc il a fallu la trouver, la mettre à l'endroit. Et cet endroit-là est très important dans ma vie, parce que mon appartement est à côté. Ça a l'air futile, mais l'appartement de Marie-Lou dans les flashbacks, c'était mon appartement en 97-98."
"J'ai insisté pour tourner dans ce lieu. Là où ils s'embrassent, c'était ma chambre. Il y a eu je ne sais pas combien de colocataires qui sont passés depuis, mais l’appartement n'a pas changé en fait. C'est fou, mais juste dans les détails ça apporte quelque chose d'hyper personnel. Et puis mon directeur photo, je l'ai connu dans ces années-là, donc il était souvent venu dans cet appartement, il le connaissait par cœur."
Dans le roman, il y a à peu près 400 citations de chansons. Francis Leclerc a fait une playlist de 350 chansons. Il se souvient : "Écouter les 350 références métal, c'est très difficile. Après, dans le scénario, Éric et moi, on a vraiment gardé des références du roman puis on a créé nos propres références. Une fois au montage, il y en a qui ne marchaient pas, d'autres pour lesquelles on n'avait pas les droits. Ça a été toute une aventure pour aller chercher les droits de 25 chansons. Le métal c'est le reflet du roman, mais aussi de ce que moi j'aimais à Montréal en 2002."
"Ce ne sont pas des hits mais des chansons que moi j'écoutais. Ça reflète un côté plus personnel. personnel. Par exemple, ma chanson préférée de Radiohead. Quand j'ai écrit au groupe, ils ont tout de suite vu la sincérité, pourquoi je voulais ce morceau. Ils m’ont répondu « ta démarche, on la comprend, c'est parfait » et c'est comme ça qu'en 48 heures on avait un oui des quatre membres du groupe. C'est fou quand même !"